Nous voici à une semaine de l'événement... de l'Avènement vous diront les Chrétiens ...
Bien sûr, chacun fêtera Noël selon sa conception idéologique, en libre penseur ou religieusement, l'une et l'autre étant conciliables à travers les retrouvailles en famille même si, aujourd'hui en raison de la Covid 19 redoutable assaillante, il est recommandé de se retrouver en petit nombre, autour de la table du repas de Noël.
Alors je viens là avec cette série de quatrains en quatre temps vous évoquer ce beau et féérique moment de Noël...
Le Vieux Noël
Il est sorti de sa maison, le Vieux Noël !
Et, à son gigantesque char-à-banc,
A attelé deux bœufs plus hardis qu’Artaban,
Pour remonter la voie tracée par Ezéchiel ...
Ure fumant, Uri ruant et écumant,
Font grand tapage dans les ruelles ;
Leur emballement fait fuir les hirondelles
Jusqu’aux rives bleues du Firmament.
Entre Arche volante, la Noé-ailes
Et Arche à roues pour Buridan,
Même si dilemme se fait ardent,
Rien ne tracasse le Vieux Noël !
Il fouette l’aire, tire fort sur les haubans,
Sublime cocher, Maitre des haridelles ;
Dans son sillage, myriades d’étincelles,
Jaillissent des larges manches de son caban !
Plus flamboyant que le Père Éternel,
Attise l’équipage sous l’ouragan…
De son souffle puisé aux Quatre Avents,
Plonge le Monde dans sa ritournelle …
Oyez ce tumulte venu des Devachans !
Tambours, trompes, harpes et crécelles
Angelots et lutins sortent des escarcelles,
Un charivari qui chasserait Gengis khan !
Précipite ses gens, sur les escabelles
Qu’en ronde, glissent des korrigans,
Jusqu’aux pieds des sylves élégants,
Pour les parer de millions de chandelles...
Agite les vieux, les jeunes, dehors, dedans,
Chaud et froid, feu et neige, tout, il mêle !…
Ravis et mécontents, répondent à son appel,
Pour la frénésie qui dure d’Eve et d’Adam...
Plats gouteux, mets onctueux en ribambelle,
Cris de joie, larmes, émois, chœurs et chants,
Gambades et ripailles du levant au couchant,
Pas un de ses sujets, aux festivités, n’est rebelle !
Entraine suite de rois en couronnes et turbans
A dos de chameaux, majestueux, en selle ;
Leurs gens portent des coffres où l’or ruisselle,
Éclaboussant le désert sous des flots de rubans….
La liesse qui se répand illumine le ciel,
Des bergers, et autres assemblées de manants,
Des peuples entiers, tous, dans la nuit, cheminant
Vont adorer un Enfant nu, auréolé de miel …
Dans chaque chaumière, fébrile, on attend,
Aux pieds des sapins, ses fières sentinelles,
Gardiennes de l’année qui se fera nouvelle,
Le Vieux Noël qui surgit de la Nuit des Temps !...
Farfadet
Les bergers...
A l’heure de l’angélus,
Est arrivé Gallus,
Rejoint, presqu’aussitôt,
Par le pimpant Guillot.
Puis se sont chamaillés,
Ces valeureux bergers,
A propos de moutons,
Leurs comptes, n’étant bons.
Aussi sage qu’honnête,
S’aidant de sa houlette,
Le vénérable Sylvain,
Sépara les compains…
Autour du feu attisé,
Le cœur bien apaisé,
Ont partagé leur pain,
Trois bergers non mutins.
Puis se sont endormis,
Comme meilleurs amis,
Devant le feu éteint,
Rêvant d’autres destins ...
Et dans la nuit profonde,
Chantant paix en ce monde,
Ils ouïrent voix célestes,
En faisant moult gestes…
Oubliant toute fronde,
En sarabande et ronde,
Joyeusement les bergers,
Se mirent à gamberger…
D’une nouvelle naissance,
Ils eurent connaissance…
Se réjouirent aussitôt,
Firent sonner leurs sabots !...
Se sont mis en chemin,
Cadeaux bien en main,
Marchant à l’unisson,
Pour trouver l’enfançon…
Agenouillé devant la crèche,
A l’enfant nu sur paille sèche,
Que bœuf chauffe de son haleine,
Gallus offrit sa bonne laine…
Penché au dessus du Petiot,
Le tumultueux Guillot,
Apportait cruche de lait,
A cet enfant nouvelet…
Mettant genoux en terre,
Vieux Sylvain débonnaire,
Déposa, au pied du berceau,
Le plus doux des agneaux…
Farfadet
Les Rois...
En lointaine contrée d’Orient,
Au royaume du sage Balthazar,
Lunette tournée ver l’Occident,
Scrutait le ciel, ce prince des Arts…
Dans les dédales d’un marché Persan,
Dessaisi de son trône, chassé à tort,
Fuyait, un grand prince de sang,
Le jeune et infortuné Melchior…
Visitant toutes les grottes de Nubie,
En quête d’un trésor dont il voulait sa part,
Chaque jour, revêtait ses plus beaux habits,
Le roi amoureux, noble et fier Gaspard…
Chacun attendait, un signe, un message,
L’un scrutant le ciel, l’autre sondant la terre
Le plus jeune, interrogeant le fond des âges,
Souhaitant l’accomplissement d’un Mystère…
Balthazar, la remarqua au firmament,
Gaspard, repéra son reflet dans l’eau d’un puits,
Melchior, la vit en songe, en s’endormant,
Tous Trois, se retrouvèrent dans la Nuit…
L’Étoile y brillait, traçant la route aux Mages,
Ainsi que leurs présents, soustraits aux coffre forts
Et qu’ils emmenaient en somptueux équipage,
Comme n’en possédait plus, en son exil, Melchior…
Ils allaient d’un pas lent, sûr et majestueux,
Guidés par cette cascade de lumière
Que déversait, à l’horizon, la main des cieux
Faisant luire chaque couronne de leur face altière…
Ils voyagèrent autant le jour que la nuit,
Traversant, monts, vaux et rivières
En suivant l’aile du temps qui s’enfuit
Avec l’Etoile qui avance de concert
De dune en dune, par le bel Astre, guidés,
Ils survolèrent l’onde des vastes déserts
Pour parvenir jusqu’en terre de Judée
Où Hérode les reçut, comme nobles émissaires…
Puis quittèrent la cité, les mages si confiants…
Leur voyage s’acheva devant une pauvre étable…
Ils y trouvèrent les parents et l’Enfant
Au rayonnement incommensurable…
Alors se prosterna, le vieux roi Balthazar
Puis, à son tour, le jeune et riant Melchior
Avant que s’agenouille, le digne Gaspard
Et que brille, la première offrande d’or…
Savoureux fruit de toutes connaissances,
Cultivé au pays des plus sages émirs…
Le roi chassé y déposa le pur encens …
Et, pour panser l’Amour, la sublime Myrrhe…
Farfadet
Les Santons...
Venu du plus profond de la nuit des temps,
Sur le long chemin sinueux de l'évolution
Il progresse à pas sûrs, parfois à pas lents,
Le petit peuple que guident les constellations !
Il n'erre pas sans but ni sans destination,
Sur le boulevard lumineux des Quatre Avent,
Mais avance avec fière détermination,
Vers la crèche qu’illumine le Sublime Enfant...
Le veilleur à la lanterne au halo balançant,
Ouvre la route à ses nocturnes compagnons
Qui, par monts et par vaux, sous le ciel, serpentant,
Jettent sur la terre l’éclat de leurs lumignons…
Voyez, avec son seau, Pasqué le maquignon,
Il a nourri ses chevaux, au retour du champ ;
Champi et sa poêle qui sent si fort l’oignon,
Suit le vieux curé qui va d’un pas prêchant…
La Mesnie, sous son fagot, avance en ahanant,
Sa longue mantille noire cache des haillons.
Montant en Amazone, un âne catalan,
L’Arlésienne a retroussé son blanc cotillon.
Sa panetière au dos, c’est au tour du mitron
De quitter le fournil aux pains croustillants.
Il trouve en chemin, le joyeux marmiton,
Dont le pot fume d’un potage gouleyant.
Michaud les a rejoints en s’essoufflant,
Un sourire éclaire son visage rubicond ;
Au mousqueton, un chapelet d’ortolans,
Fera bonne fricassée à son chaudron.
Vient la Bérangère, marchande de poissons,
Au clair de lune, luisent ses harengs,
En cette froide nuit, n’ont besoin de glaçons,
Pour se tenir frais, dans leur casier, en rang.
Le tambourinaire au fameux roulement,
Devant Monsieur Grandet, maire du canton,
Bat, pour le bon peuple, le rassemblement.
Petit homme qui n’a encore de poil au menton !...
La jeune Pétronille, aux froufroutants jupons
Gambade sur le sentier, tournicote en chantant,
Elle a sous son bras, fort joli lot de coupons
D’étoffes chamarrées qui vêtiront l’Enfant.
La vieille Adélaïde qui marche en trottinant,
A choisi de gros œufs et un jeune chapon…
Le père Bouffarel, la pipe entre les dents,
Promet de ne plus fumer à la proche saison…
Pâturin a sorti de son toit à cochons,
Un goret bien charnu, rose et couinant
Qu’il nettoie à grande eau, puis essuie au torchon,
Afin de le porter sans que ce soit gênant
La Moulaïe qui, par les routes va en sifflotant,
A installé sa meule au pied du Luberon ;
Couteaux, ciseaux et faux les rend si tranchants
Que brille la limaille, sur son noir plastron.
La chèvre du père Seguin qui cherche son patron,
A trouvé Miranda et l’âne de Buridan…
Au son du tambourin, ils dansent sur un tronc ;
Dans leurs chairs, le loup n’y plantera plus ses dents !
Et court la Pierrette, toujours en sautillant,
Elle imagine veaux, vaches, couvées à foison ;
Sur la tête de la laitière, le pot fort vacillant,
Répandra-t-il son lait, sur le moussu gazon ?
Antonio est tout juste sorti de la prison,
Pénitencier qu’au soir, il fuit à pas de géant…
Son regard noir fixe un nouvel horizon…
Un Dieu serait-il né qui pardonne aux brigands ?
Le Petit Basile, lui, ramasse des glands
Pour, avec du fil, des brindilles et du carton,
Confectionner un coléoptère ressemblant
Au plus rondouillards et fourchu des hannetons.
Mireille, au pied léger, dans ses blancs bottillons,
A fait sécher les plus belles fleurs des champs
Qui, abritent l’été, des colonies de grillons,
Puis, fait avec, un bouquet rempli de leurs chants.
Et voici Garrigou, le bedeau nonchalant,
Il rase les murs quand sonnent les carillons,
Remonte dans ses souvenirs d’amers relents
De trois messes expédiées pour un réveillon…
Un vieux couple passe dans l’ombre du donjon,
Bras dessus, bras dessous et toujours s’aimant,
Ils vont, à l’Enfant, faire le magnifique don
Du parapluie soyeux des éternels amants…
Résonne l’enclume du maréchal-ferrant,
Taillefer lève la patte d’un brave percheron…
Il fixe à son sabot, l’acier rougeoyant,
Vrai Porte bonheur qu’il offrira au poupon.
Ce n’est plus l’heure d’apprendre ses leçons !
Monsieur Bonnescience a fait rompre les rangs.
Dans une farandole, filles et garçons,
Entrainent l'instituteur avec leurs parents.
Bésicles sur le nez, c’est le Docteur Clément
Toujours en visite, de fermes en maisons,
Prodiguant soins et réconfort à ses patients,
Il apporte à chacun, l’espoir de guérison.
Arrive maintenant, dans un flot de moutons,
L'honorable Cadiou, berger au cœur vaillant,
Il a quitté les pâturages des hauts monts
Pour suivre, jusqu’à la Crèche, l’Astre brillant…
De tous ces villageois, voici le plus souriant :
C’est "lou Ravi", en queue de procession,
Ses yeux brillent d’émerveillement,
Voyez là, le plus adorable des Santons !
Farfadet
Jeux de Noël... - Le Mirebalais Indépendant
Réédition d'un article publié pour la première fois le 6/01/2007 Entre Rois et Bergers ... Nous sommes encore dans cette période de Noël qui s'étend entre le 25 décembre et le 6 janvier jou...
Croyants, athées, agnostiques, libres-penseurs, qu'importe !... La Fête de Noël a ceci d'universel qu'elle fait se rassembler les êtres humains autour des thèmes éternels que sont : Paix, Amour, Lumière ...