La Vie, dans son essence, est une forme de pensée qui ne se pensant pas elle-même est, de ce fait, immédiatement agissante ; elle est à la fois pensée pure et volonté absolue.
Les plantes, par nature essentiellement douées de vie, sont donc aussi des êtres pensants qui évoluent dans l'espace et dans le temps, se métamorphosant sans cesse, et comme tous les êtres vivants, elles s'adaptent à leur environnement, le conquiert et, suivant les circonstances, s'y métamorphosent...
Tout être vivant, inscrit dans les grands règnes de la nature, est doué d'intelligence mais ceci à des niveaux différents quant aux capacités et aux visées de ladite intelligence.
- Intelligence où la pensée agit (édifie) : règne végétal = croissance
- Intelligence où la pensée éprouve (mouvement) règne animal = croissance + ressentir
- Intelligence où la pensée se pense-elle même en tant que contenu, qu'activité et que sujet pensant. Chez l'Homme = croissance + ressentir + soi-conscience.
Si elle est manifeste dans les effets, chez la plante et dans les comportements chez l'animal, l’intelligence, au stade suivant, chez l'homme est, en plus, « formulée » puisqu'elle investit le langage verbal.
C'est de ce point de vue où le vivant doué d'intelligence - que nous qualifierons de cosmique - qu'il faut considérer « La prodigieuse aventure des plantes » cet ouvrage particulièrement instructif sur le monde végétal, co-écrit par Jean-Marie Pelt et Jean-Pierre Cuny.
En tout, il faut savoir considérer « l'Intention », qui est toujours à l'origine d'un événement et, plus encore, lorsqu'il s'agit d'une création… on oublie toujours « l'Intention ». Relevant un fait ou un phénomène nouveau, le recensant, puis en en analysant ses effets, en cherchant la cause, souvent indécelable au niveau de sa genèse puis, le replaçant dans le temps, on a tôt fait d'en faire un « postulat source » dont l'origine n'est jamais vraiment identifiée.
Face à l'inexplicable on place donc un postulat non défini, non caractérisé... mais, ne serait-ce qu'en soupçonnant une Intention quelconque et voilà que de nouvelles portes s'ouvrent sur les origines du monde et ses paliers d'évolution....
Nous trouvons bien cette notion de l'intention dans ce qui est décrit et méticuleusement expliqué dans La prodigieuse aventure des plantes. Et, pour que ce soit digeste au niveau de la compréhension, le langage est merveilleusement imagé, le vocabulaire demeure simple et le ton, souvent emprunt d'humour. Nous restons en permanence dans le monde du vivant où la pensée, loin d'être lettre morte en se trouvant pétrie d'abstractions à partir de termes ronflants, demeure en permanence, elle aussi, vivante... vivifiante...
Après les algues, mousses et fougères conquièrent le sol ferme... (Cliquer sur chaque imagepour l'afficher en entier).
Dès que nous entreprenons cette lecture nous constatons que les auteurs n'ont pas peur de certifier que le monde des plantes nous est plus que familier étant à l'identique de ce que nous sommes en tant qu'entités évolutives, soumises à des mœurs, ayant des comportements singuliers même si les plantes, par principe, restent immobiles et silencieuses...
Les plantes s'inscrivent dans le monde où nous nous trouvons également, elles constituent non seulement notre environnement mais sont aussi incluses dans notre propre nature au niveau physique et vital.
Le récit alerte et savoureux des auteurs nous entraînent loin des discours scientifiques des férus du classement d'espèces dans d'interminables répertoires à partir de descriptions botaniques tatillonnes, alambiquées et « surlatinisées », dans un univers où l'ordonnancement des idées inhérentes à la vie et à l'évolution des plantes nous apparaît dans toute son authenticité originelle manifeste du Vivant créatif et imaginatif. La plante dans sa vérité toute nue …
Et disant cela, nous voici au cœur de ce que nous révèlent ces plantes ingénieuses par l'enseignement qu'en fait notre perspicace et talentueux duo d'auteurs.
Car ces plantes n'ont qu'un but essentiel : se reproduire et pour cela elles n'ont qu'un moyen : la conquête du milieu terrestre où elles ont été déposées. Et là, placées à la fois dans le temps et dans l'espace, elles vont, tout au cours de l'évolution s'étalant sur des millions d'années, développer une somme de solutions toujours innovantes résultant d'une ingéniosité époustouflante, pour s'adapter, vivre et survivre.
Un cycas et non pas un palmier ... Le pollen du cône mâle de M. Cycas est emporté par le vent... Jusqu'aux ovules de Mme Cycas qui n'attendent que cela ...
A propos des roses, ( page 190), Jean-Marie Pelt nous dit ceci :
« Mais la rose des jardins n’existe pas à l'état sauvage. Les roses sauvages, en fait, ce sont les églantiers... Ce sont les horticulteurs qui ont fait les roses modernes. Comment ? A force de sélection, en obligeant peu à peu, patiemment, les étamines de l'églantier à se transformer en pétales... L'homme ne fait d'ailleurs que copier la nature. Pour s'en rendre compte, il suffit d'observer par exemple un nymphéa : on voit très bien comment, de l'intérieur, vers l'extérieur , la fleur transforme progressivement ses étamines en pétales... Avec toutes les étapes intermédiaires...
Ce genre de phénomène avait beaucoup frappé Goethe qui consacra une part de ses recherches scientifiques à la métamorphose des plantes. On comprend mieux aujourd'hui ce type de métamorphose quand on se souvient que dans chaque cellule d'un nymphéa – comme d'un homme – il y a potentiellement le programme de l'être tout entier... la cellule ne se spécialise au sein d'un organe, que selon les besoins. Et il peut se trouver, comme ici, qu'elle cultive l’ambiguïté, préférant ne pas choisir franchement. »
Dans ce passage on constate combien est prégnante l'adaptation au milieu la métamorphose en résultant et au, delà de l'arbitraire, l'Intention caractérisant la plante dont la fleur est, à la fois, ce complexe et merveilleux organe reproducteur à « géométrie variable »...
Seul le style (organe femelle) émerge au milieu des étamines de la fleur du cerisier - L'ovaire du cerisier a grossi et donne une grosse cerise encore verte - La capitule du tournesol : une mégapole de plus de mille fleurs minuscules !
A la page suivante, il poursuit avec ce qui constitue un bref récapitulatif du long parcours évolutif de la plante au cours des ères de l’histoire de la Terre :
Ainsi, du saule à la rose, nous voyons que depuis 100 millions d'années, la hantise des plantes, c'est protection maternelle et infantile. (encore une Intention).
D'abord, la plante abandonne sa cellule femelle dans l'eau (L'eau étant, à l'origine, le milieu à partir duquel la plante a évolué avant de conquérir le sol terrestre nous enseigne-t-on dans les premières pages du livre) donc, reprenant : D'abord, la plante abandonne sa cellule femelle dans l'eau, à l'aventure : ce sont les algues. Puis elle apprend à l'enfermer dans une urne : ce sont les mousses et les fougères. Puis elle construit des parois autour de l'urne et invente l'ovule : ce sont les conifères. Puis elle enferme l'ovule dans un ovaire, comme chez les plantes à fleur. Mais l'ovaire est encore à l'air libre, sur un présentoir, comme chez le magnolia. Enfin, peu à peu, la fleur apprend à enfouir ses ovaires dans son ventre, comme dans la pomme. C'est le système des poupées russes, qui s’emboîtent les unes dans les autres.
Évidemment, chaque fois, le chevalier Pollen doit franchir une enceinte supplémentaire pour atteindre Superwoman, la cellule femelle... qui, heureusement, pour l'aider, lui envoie sa super-hormone.
Cette étonnante description servi par l'imagination et l'humour narratifs de l'auteur, nous montre comment graduellement la plante a évolué et constitué des espèces végétales diversifiées à l'infini dans le but de toujours être mieux fécondée et de toujours mieux protéger sa progéniture.
Et maintenant à partir de ces bases, nous pouvons encore approfondir nos connaissances avec cette lecture où Jean-Marie Pelt nous dévoile de façon encore plus intime et nuancée, la grande aventure amoureuse des plantes, ce qui permet que nous en apprenions aussi beaucoup sur nous-mêmes.
"Après avoir lu cet ouvrage, vous ne regarderez plus jamais une fleur comme avant !" Nous confie l'auteur.
Là où il n'y a pas d'intention, il n'y a rien qui puisse entrer dans le champ d'une quelconque conscience et donc, par là même, il n'y a pas d'existence. Ce qui revient à dire qu'il n'y a pas de Vie sans Intention...
Et, l'Amour, en est la plus élevée, et aussi, la plus noble ...