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Le Mirebalais Indépendant

La Vie d'ici et d'ailleurs - Patrimoine : d'hier à aujourd'hui, un monde riche de son passé, a forcément un Avenir ...

Publié le par FARFADET 86
Publié dans : #Les clins d'oeil du Farfadet

Réédition d'un article initialement publié le 01/02/2017 à 15:08

  • En voilà une population !...

  • Sont-ils rongeurs, eux, comme les souris ?

  • Oh moi je pense qu'ils sont plutôt rongés, de l'intérieur...

  • De l'intérieur !

  • Oui, c'est d'abord dans leur tête que ça se passe… ils sont rongés par toutes les impressions qui les assaillent, puis par les pensées qui arrivent en vrac au portillon de leurs réflexions. Ils sont aussi rongés par les souvenirs, et parfois par les regrets... pauvres hommes !

  • Ont-ils le courage et ce sens du sacrifice des souris dont il a été question récemment sur ces pages ?

  • Ah voilà une bonne question à propos de l'engagement des hommes dans leur propre existence partagée avec celles de la société des humains... Y répondre n'est guère facile car l'homme est un animal complexe...

  • Un animal complexe !

  • Oui dans un livre très intéressant que j'ai lu l'an dernier « Antispéciste » de Aymeric Caron, l'auteur parle de l'animal humain. Une désignation qui surprend, mais la définition qu'il donne, à partir d'une argumentation solide à la fois scientifique et philosophique, ne nous paraît pas dégradante pour l'homme autant que pour l'animal. Je vous recommande cette lecture, d'ailleurs je prévois la rédaction d'un billet sur ce sujet qui repositionne tous les fondements de l'existence de tous les êtres vivants sur Terre à partir d'une éthique qu'Aymeric Caron rend incontournable. Une éthique qui n'a rien à voir avec de la sensiblerie culpabilisante, s'agissant des comportements de l'homme , cet animal humain vis à vis de tous les autres animaux de la création, mais avec l'intérêt que présente chaque être vivant pour l'ensemble de toutes les créatures du Vivant. C'est grandiose ; on se sent infiniment petit en tant qu'individu et immensément important en tant que sujet appartenant à ce monde du Vivant. Mais, je me suis écarté de la question du courage et du sens du sacrifice des hommes. Le courage, cette vertu qui surprend - à commencer par nous-mêmes quand nous en faisons preuve - est potentiellement accessible à chacun et ça ne tient pas nécessairement à une quelconque opportunité mais bien plus à une disposition intérieure élaborée avec le temps, résultant des efforts déployés et soutenus pour franchir, étape après étape, les obstacles qui jalonnent notre parcours d'existence.

  • Je conçois ceci, mais pour ce qui est du sens du sacrifice, il me semble que cette aptitude qui va jusqu'au don de sa personne pour une cause, allant jusqu'à se mettre en péril, est exceptionnelle...

  • Elle résulte de la notion précédente, le courage, lequel n'est qu'une faculté que nous avons régulièrement entretenue et fait progresser en affrontant chaque difficulté que la vie nous présente. Et bien souvent, cela se résume à faire des choix, voilà qui différencie l'homme cet animal humain de tous les autres animaux : les choix...

  • Les choix ! Les animaux ne choisissent-ils pas, eux aussi, en certaines occasions ?

  • Il y a bien des situations où l'animal est en présence d'une alternative mais s'il opte pour l'une ou l'autre d'une éventualité, c'est jamais en connaissance de cause, c'est essentiellement l'opportunité la plus immédiate qu'il saisit sans y réfléchir, disons d'instinct.

  • En connaissance de cause ! Qu'est-ce que vous entendez par là ?

  • Ce libre arbitre qui tient autant à la réflexion libre qu'à la raison impérieuse. Cet examen attentif d'une situation où chaque cas envisagé est considéré du point de vue empirique et éthique ; des points de vue qui peuvent entrer en contradiction.

  • Ce qui occasionne alors un conflit intérieur, un dilemme… alors comment trancher ? À partir de quels motivations et critères, nous, humains, choisissons ?

  • C'est bien cela : un conflit intérieur... et on en revient présentement à l'homme rongé qui peut aussi devenir l'homme rongeur...

  • L'homme rongeur !

  • Oui, mais cela, c'est le pas plus loin dans notre discussion, celui qui nous entraîne dans le constat de la situation écologique, aujourd'hui qualifiée de désastreuse, en nombre d'endroits, à la surface de notre planète. Intéressons-nous d'abord à la nature de l'homme pour mieux comprendre les effets produits par cette nature sur la Nature au sens le plus large. Et pour ne pas sombrer d'emblée dans le catastrophisme, je viens maintenant à évoquer une autre de mes récentes lectures :

 

Une divertissante lecture riche d'enseignements ...

Une divertissante lecture riche d'enseignements ...

« Dessine-moi un Homme » de Stéphane Hessel – évocations avec Pascal Lemaître. Ce fascicule qui contient autant de récits que de poésies, que de considérations philosophiques, que d’illustrations au graphisme épuré jusqu'à l'essentiel du trait rendu vibrant, est avant tout une œuvre au premier abord onirique mais dont les témoignages qu'elle regorge, sont autant d'éléments de réponses à la question : qu'est-ce que l'Homme ?

 

Le contenu du livre est rédigé à partir d'entretiens entre le diplomate écrivain et le dessinateur Belge se retrouvant à Trouville-sur-Mer lors de séjours familiaux et conviviaux. Le premier répondant aux questions du second qui l'interrogeait sur sa vie et surtout sur son enfance. Au fur et à mesure que les évocations s'énoncent, l’illustrateur les cristallise en épures singulières dans un trait naïf « à la Saint-Exupéry ». Tous ces témoignages prennent alors vie sur les pages artistiquement noircies...

L'ouvrage commence alors avec la remontée de souvenirs d'enfance de Stéphane Hessel, à travers les nombreuses lettres qu'il adresse à son frère Uli, un ensemble de descriptions qui apparaissent comme des clichés pris sur le vif sur des petits riens de la vie, mais aussi sur des événements aux conséquences bien plus graves, alors perçus avec la candeur enfantine. Entre l'anecdotique drôle, et parfois la révolte, Stéphane Hessel enfant, revisite le monde des adultes, s'extasie devant leurs œuvres, grandes et petites, s'étonne de leurs réactions, de leurs choix pas toujours élevés à la hauteur de l'homme avec un grand H. La poésie est au centre de cette avalanche de témoignages, qui nous entraînent dans le temps jusqu'à nos jours.

Page 97 on lit ceci :

« Je suis convaincu que par le raisonnement, par la discussion, par la négociation, tous les problèmes humains peuvent trouver une solution. Parce qu'on trouvera toujours chez deux interlocuteurs quels qu'ils soient, même s'ils sont en bisbille très forte, à force de creuser (ou ronger... ;) ), on trouvera quelque chose qui peut relier l'un à l'autre. Et qui peut leur permettre de s'entendre. Ça, ce serait le logos, au sens le pus grec, et universel du terme. Mais en même temps, je sais que puisque ça ne marche pas, il faut donc avoir recours à autre chose qui serait un usage du verbe, de ce même verbe, qui est fait pour apporter l'accord dans la discussion. Il doit y avoir une forme du verbe qui a été utilisé par les poètes et qui fait appel à autre chose chez ceux qui l'écoutent que le pur raisonnement : cette idée de la poésie dans le sens grec primitif de « création ». Être poète, c'est créer quelque chose qui n'est pas dans les lignes rigoureuses de la raison. C'est cet apport un peu extérieur au raisonnement qui permet d'aller pus loin dans la simple négociation. La poésie porte en elle le souvenir de ce qui a précédé l'organisation rationnelle des sociétés : une sorte d'aura des peuples, qui n'a pas été reprise par les dirigeants parce qu'ils doivent régler les choses comme ça du tac au tac, mais que les poètes gardent quelque part en eux et qu'ils projettent sur les sociétés. Par conséquent, la poésie n'est jamais explicite, et ce qu'elle implique est suffisamment mystérieux pour pouvoir apporter une solution là ou l'explicite se heurte à un mur. »

 

Suit un message adressé aux jeunes, où il fait appel à leur courage et, sans doute, à un certain sens du sacrifice pour s'attaquer à trois problèmes qu'il énonce ainsi :

  • Les conflits internes aux États auxquels il faut faire front immédiatement.

  • L'accroissement des écarts entre les riches et les pauvres.

  • La dégradation de la planète de moins en moins viable.

Et pour les résoudre Stéphane Hessel, jamais pessimiste, nous décrit les atouts dont dispose les générations présentes, devant s'atteler à ces tâches : les progrès scientifiques considérables et tout ce qui tient à la communication ayant à dessein de rapprocher les hommes qui, pour s'entendre et avancer ensemble, devront alors recourir à ce qui est défini plus haut s'appelant : poésie.

Cette poésie porteuse de courage et d'abnégation, puissamment créatrice !

Au Marché - Une Porte pour deux seuils - Stephane Hessel - L'homme et l'enfant... des traits humains !...
Au Marché - Une Porte pour deux seuils - Stephane Hessel - L'homme et l'enfant... des traits humains !...Au Marché - Une Porte pour deux seuils - Stephane Hessel - L'homme et l'enfant... des traits humains !...
Au Marché - Une Porte pour deux seuils - Stephane Hessel - L'homme et l'enfant... des traits humains !...

Au Marché - Une Porte pour deux seuils - Stephane Hessel - L'homme et l'enfant... des traits humains !...

Commenter cet article
C
Je ne connaissais pas (comme beaucoup de choses...). Du coup, je vais me pencher sur le sujet. Très bien au fait Stéphane Hessel.
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M
Bonjour Farfadet,<br /> C'est un article intéressant. Je vais chercher les écrits de Stéphane Hessel.<br /> Merci.<br /> Bonne soirée à toi,<br /> Mo
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E
Il était pas mal, ce Stéphane Héssel ! J'aimais bien le lire. Tu es philosophe, toi aussi, parfois ; souvent. Votre point commun c'est que vous n'êtes pas pessimistes ; contrairement à 98,98 % de gens dans les blogs et dans les magasins. J'ai fait le ménage dans mon blog et ne peux plus échanger avec les gens négatifs, déprimés, coincés, dénués d'humour. Ce n'est pas de l'intolérance, c'est de la survie. La vie est trop courte pour écouter les jérémiades des éternels insatisfaits. Continue à philosopher (pas trop quand même) et à nous faire rire, Farfadet du Poitou.<br /> Vive ton blog !
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M
La poésie et la peinture nous ouvrent des fenêtres sur la nature de l'être humain, sur ce qui s'est passé à travers l'écriture, l'environnement à travers la peinture, le présent et bien des ouvertures sur le futur. J'aime beaucoup ce que tu as dis.
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L
ils sont peut être de la pire espèce ,jeudissime
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F
A propos de cette assertion dans le discours de Stéphane Hessel rapportée en italique dans l'article : "la poésie ... C'est cet apport un peu extérieur au raisonnement qui permet d'aller pus loin dans la simple négociation", elle se trouve illustrée par le scenario du film documentaire sociétal vu, avant-hier soir, sur Canal + : "Merci patron !" de François Ruffin (Film de 2016). CF : la conversation avec le médiateur dépêché par Bernard Arnault pour négocier des dédommagements envers la famille Klur licencié abusivement suite à la délocalisation de l'usine du groupe LVMH en Pologne. Le médiateur a un langage très imagé pour se faire comprendre ... voilà qui allège les échanges et débouche sur un dédommagement avantageux pour la famille Klur.
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M
pas facile d'être un homme ... <br /> chacun doit se poser la question et agir en conséquence <br /> amitié .
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S
oh oui , quelle complexité que l' homme ! c'est être qui n'a pas de prédateur à part lui même ! <br /> merci ; sujet très intéressant .<br /> salutations
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Profil


FARFADET 86
Sexe : Homme
À propos : Retraités à Mirebeau* (Vienne), depuis janvier 2005, avec mon épouse, nous étions accompagnateurs de personnes handicapées mentales, ceci pendant 40 ans, dans un Foyer de Vie, en Haute Normandie.

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