Réédition d'un article initialement publié le 25/08/2011 à 11:33
Garage Volkswagen -Rauschmaier F. où a été effectuée la réparation de la 4L. Gosbach et ses environs.
Ce mercredi 30 Juin, je me lève sur le coup des 8 heures : douche, petit déjeuner à l'allemande où le café est accompagné de charcuterie fine et de substantielles pâtisseries, me voilà paré pour affronter les réalités du jour. A 10 H, je me présente au garage où je constate qu'autour de ma 4L, toujours sur le pont, il n'y a personne qui s'affaire. Renseignement pris auprès de la patronne des lieux, celle-ci m'assure que les pièces devraient leur parvenir dans les minutes qui suivent. Dès leur arrivée les mécanos effectueront le remontage du moteur...
Je n'insiste pas et m'emmène faire un tour dans la campagne environnante. En suivant la route 466 je découvre successivement les bourgs typiques de Bad Ditzenbach et de Deggingen puis, retournant sur mes pas, je repasse sous l'autoroute pour parcourir les rues de Mûhlhausen im Täle. Cette bonne marche à pied me détend et me permet d'apprécier la propreté et la coquetterie tout à fait de mise en milieu rurale de ce coin vallonné de la fringante Germanie. Vers 13 H, faisant halte dans une petite auberge, je m'octroie une bonne chope de bière pour accompagner un sandwich au pain de seigle garni de jambon ; voilà qui me permet d'attendre agréablement l'ouverture du garage où je me présente dès 14H.
Cette fois la 4L est à terre, capot levé ; le costaud brun est déjà penché dessus. La patronne me dit que la voiture sera prête vers 16 H après que l'on ait effectué toutes les vérifications et essais consécutifs au remontage. Elle m'avise que d'ici une heure, je pourrai repasser car elle aura préparé la facture...
Bon... je vais de nouveau faire une bonne promenade avant de passer à l'hôtel Hirsch régler mon dû. Une nuit, un repas et un petit déjeuner me coûtent 41 DM... Ce n'est pas donné mais un peu moins cher que ce que j'estimais en tenant compte du standing des lieux… Reste la douloureuse au garage et là, je m'attends à pire …
A l'heure convenue, je me présente donc au bureau de la gérante du garage qui me présente la facture : 460 DM... C'est une bonne surprise car je m'attendais à ce que la note soit bien plus élevée... Le cours du DM étant à cette époque approximativement de 1.58 F. je m'en tire pour 727 F. Dans ma tête, le calcul est vite fait : étant parti avec 3000 F en poche (environ 2 ½ mois de salaire de cette époque), compte tenu des frais de route déjà effectué y ajoutant ceux à régler présentement, il me reste encore un peu plus de 2100 F pour poursuivre mon voyage... Aller jusqu'en Autriche, c''est donc encore jouable sans courir de risque, d'autant que je sais que le parité du moment entre Franc et Schilling autrichien est à notre avantage le coût de la vie étant bien plus abordable en pays Tyrolien... Je règle sans tergiverser ce après quoi, l'avenante personne qui dirige l'entreprise me conduit auprès du mécano brun qui par petits a-coups sur l'accélérateur, fait ronfler le moteur de la 4L. Arrêtant les vrombissements, il nous explique que tout a été remonté selon les normes, vérifié, testé. Il est allé essayé la voiture sur route ; elle est en parfait état pour parcourir des milliers de kilomètres nous assure-t-il. Par contre, recommandation essentielle, il va falloir se se soumettre à une période de rodage qui s'effectuera scrupuleusement sur au moins 1500 kilomètres au cours desquels, il ne faudra pas solliciter la voiture en la poussant dans les hauts régimes et donc se conformer à une vitesse n’excédant pas les 75 km/h en prise directe. Une règle qu'il me faudra observer impérativement pendant les premiers 500 kilomètres après lesquels je pourrai augmenter progressivement, par palier de 10, 15, 20 puis 25 km/h cette vitesse au cours de petits « galops » sur une courte distance... et, ultime recommandation : utiliser les bons rapports de boite sans pousser les intermédiaires dans les tours élevés et ce, de façon à ce que le moteur ne peine pas. En outre, il est convenu que je repasse ici, à mon retour d'Autriche pour effectuer le resserrage de la culasse préconisé au bout des 1000 premiers kilomètres...
Tout un programme !...
Comme la journée est bien avancée je reporte mon départ au lendemain matin et donc m'octroie une soirée et nuit complète à l'hôtel où je recommande que l'on me réveille à 6H prévenant également que je ne prendrai pas de petit déjeuner...
Ce Jeudi 1er Juillet Il est 6H45 quand, avec soulagement et satisfaction, je reprends le volant de la 4L en direction de Munich... ça ne va guère vite mais la mécanique tourne rond... Sur l'autoroute, à allure de sénateur, je parviens à caler ma vitesse sur celle des camions ( A cette époque les turbos ne sont pas encore rapportés sur les moteurs des poids lourds et ceux-ci plafonnent à 80-85 km/h dans des conditions exceptionnelles) Bien sûr, à 75 je reste sur la voie de droite et ne m'aventure pas à dépasser. Ce sont plutôt les camions les plus pressés qui s'aventurent à cette manœuvre... quant aux voitures qui me doublent sur la voie de gauche, il m'est impossible d'en identifier la marque, tant elles filent vite ; ce me semble être de véritables boulets de canon qui fusent à mes côtés... Déjà, à ce début des années « 70 », nombreuses sont les grandes routières pouvant atteindre, voire dépasser les 180 Km/h en vitesse de pointe et, sur ces « autobahn », la vitesse n'étant pas limitée sinon de façon ponctuelle, dans les zones dangereuses, les automobilistes allemands ne se privent pas pour enfoncer le « champignon » de leurs bolides à quatre roues...
Gosbach-Untertauern un trajet de 391 km.
Je me dis que j''ai bien fait de partir de bonne heure car, en début de matinée, il n'y a pas trop de circulation. A mon allure de « lambinet », j'ai donc tout loisir pour apprécier les paysages changeants de cette Allemagne méridionale qui se métamorphosent au fur et à mesure que je me rapproche de la plantureuse et riante Bavière. Les heures passant, le nombre d'usagers va en s'accroissant ce qui m'oblige à redoubler de vigilance avec ceux qui circulent devant moi et ceux qui arrivent par derrière. Je dois convenir que de rouler à faible allure sur autoroute, déjà à cette époque, est particulièrement dangereux et ça rend la conduite fatigante... Je me suis arrêté presque toutes les heures, d'abord pour déjeuner puis pour refaire le plein d'essence …A ce train là, il m'a fallu pratiquement 3 heures pour effectuer les 175 km me menant à Munich. Déjà à l'approche de cette capitale de la Bavière, des chantiers importants sur la chaussée, ralentissent le flot des véhicules qu'une colonie de policiers fédéraux fait se ranger sur une seule file. A la queue leu leu, on parcourt ainsi plusieurs kilomètres jusqu'à l'entrée de ville. A mon volant, Je suis aux aguets car je ne souhaite pas rentrer dans le centre de Munich mais plutôt le contourner en périphérie. Surveiller les panneaux hauts quand on est derrière un « gros-cul » ce n'est pas aisé. A un moment, je repère l'indication pour Salzbourg juste à temps pour prendre la bonne file.
Il est un peu plus de midi quand, au Sud de la métropole, je retrouve l'autoroute (Toujours A8 qui devient A10 en Autriche) en direction de Salzbourg indiqué à 140 kilomètres. J'arrive dans la patrie du divin Mozart un peu avant 3 heures de l'après-midi. De là, je prends la direction des Tauerns. A Radstadt, j'emprunte la route 99 qui s'engage dans la haute montagne.
C'est à quatre heure et demi que j'arrive au terme de mon voyage à Untertauern où j'ai prévu de séjourner dans une petite auberge familiale. A l'époque, il s'agissait d'un chalet typiquement autrichien qui, aujourd'hui, a fait place à un grand hôtel le « Wellnesshotel Lürzerhof ».
A l'accueil, je suis reçu par une charmante hôtesse, une petite femme blonde aux tresses remontées et attachées sur la tête (non, ce n'est pas un cliché...) Très gentiment elle me conduit au deuxième étage pour prendre possession de la petite chambre qui m'a été réservée : une pièce toute en boiserie, au mobilier rustique et doté d'un petit balcon d'où il m'est permis de jouir d'une vue panoramique sur la montagne en face. Je dépose mes bagages puis m'installe tranquillement.
Je redescends pour, d'abord, téléphoner à Etrépagny… La communication se fait attendre, enfin j'ai G.D, le directeur du Centre qui m'annonce la bonne nouvelle : Georges a été retrouvé... à Paris, dans un établissement de l'Armée du Salut… Il est en bonne forme, son père l'a récupéré, puis ramené chez eux dans les Pyrénées Orientales. Il ne sera pas replacé à Saint Martin et restera certainement dans sa famille… J'aurai plus de détails sur ses pérégrinations à mon retour de vacances en tous cas, me voici rassuré sur le sort de notre fugueur compagnon...
C'est soulagé et guilleret que je vais m'installer en terrasse. Il fait un temps splendide, c'est le plein Eté … à partir de cet instant, je me dis que je vais enfin profiter de ces vacances. Je commande une bière … Autre excellente nouvelle : le coût de la pension complète dans l'auberge où je viens d'arriver est fixé à 90 Shilling autrichiens par jour ; ce qui, converti en francs, correspond à 25 FF… ce n'est vraiment pas la ruine… La petite patronne des lieux m'apporte la bière commandée dans une chope géante qui doit bien contenir plus d'un litre de ce breuvage que j'affectionne particulièrement. J'allume une cigarette. Vous dire combien béatement, je savoure ce moment de pleine sérénité… Ah oui, la vie est belle !...
à suivre ICI