L’Enfant Moi
Contrairement à ce que cela évoque, ce n’est pas au sens de l’égo de l’enfant que nous allons entreprendre cette ébauche d’étude …
Dans l’article qui précède, « Enfant Droit », il est un mot qui, bien que sous entendu en permanence, n’y figure nullement c’est le mot « pédagogie »
Au début de cet article, nous avions évoqué cette grandiose image de l’enfant qui, s’étant dressé sur ses deux jambes, fait ses premiers pas… Il est debout ce petit d’homme et, tout en maintenant cette verticalité, il se déplace dans le champ spatial limité par l’horizon …
Dans cette évolution spectaculaire, un autre événement aussi important s’amorce quand, au cours de sa troisième année d’existence, l’enfant va se désigner comme « Je » ou comme « moi » sachant que, parlant d’abord à la troisième personne, puis à la première personne c’est de lui qu’il est question… ceci constitue la première manifestation de cette soi-conscience qui va se révéler de manière toujours plus vive et affinée au fur et à mesure que l’enfant grandit…
Si affutée que soit notre intelligence et vastes nos connaissances, nous sommes là, en présence d’un mystère dont notre entendement ordinaire ne peut envisager l’immensité et la profondeur s’étendant bien en deçà des évaluations terre à terre qui nous font mesurer physiquement le temps et l’espace.
Tout être humain est doté d’un « moi », ce noyau individuel que l’on pourrait désigner comme l’âme dans l’âme : Âme … à moi … Entité individuelle humaine qui a conscience d’être et le manifeste par le « Je » et aussi d’avoir à sa disposition ce qui d’elle fait un « Je » : un corps physique pour lui donner apparence et consistance, un corps de vie pour le faire croître et le maintenir en bonne santé, un corps de sentiments pour l’animer …
Comprenons par là que ce « moi », ce noyau de l’être s’est incarné et ce dès la conception … Dès cet instant, il est à l’œuvre pour transformer ce premier congloméra cellulaire en embryon, en fœtus, qu’à la naissance, nous nommons bébé, puis enfant, adolescent et adulte.
Tout au cours de l’existence ce Moi au « chœur » de l’Être Humain, va le « piloter » à des degrés divers de conscience pour accomplir son destin…
Au sens physique, la science décrit parfaitement toute cette genèse prénatale nous faisant parcourir grâce à l’imagerie médicale toujours plus performante, les stades d’évolution de ce développement fœtal mais jamais elle ne nous renseigne sur ce qui est à l’origine, provoque et conduit cette incessante métamorphose.
Ce qui est à l’œuvre là, c’est ce « Moi » cette entité qu’il nous faut maintenant qualifier comme étant d’essence purement spirituelle. Il convient de préciser que ce « Moi » n’est pas seul, il est assisté, disons, plus exactement, comme « adombré » par d’autres entités spirituelles dont il s’affranchira en grande partie quand il atteindra l’âge de la « majorité »
Pour simplifier les choses, au demeurant d’une grande complexité, n’envisageons ici, que ce «Moi», noyau de l’Être, à travers son action édificatrice car c’est bien lui qui, en premier lieu se trouve engagé dans tout cette croissance physique de l’être humain dans lequel il s’est incarné et qu’il incorpore toujours plus en investissant sa triple organisation, physique, vitale et psychique.
C’est à partir de cette considération qu’il convient maintenant de parler de pédagogie car celle-ci ne vise qu’un seul but : permettre à ce « Moi » de se dégager progressivement mais surtout harmonieusement de cette construction de son propre « véhicule existentiel » que constitue l’association Corps Physique et Corps Vital lesquels restent en lien permanent avec cet ensemble psycho spirituel que nous désignerons comme Corps Astral et Moi.
Tout l’art de la pédagogie réside dans cet épanouissement du « Moi» qu’il faut progressivement et graduellement libérer de cette édification de son propre instrument et cela comme nous l’avons vu dans l’article précédent va prendre quelques 21 années …
Voilà comment une personnalité se fait jour
Parlant des septaines, considérons-les maintenant sous un jour nouveau en les faisant correspondre à 3 grands principes civilisateurs qui ont prévalu dans l’histoire universelle de l’humanité :
La Théocratie – la Monarchie – La Démocratie…
- De 0 à 7 ans, le petit enfant baigne encore dans cet Eden paradisiaque où mère et père se substituant aux Dieux, ont à poursuivre leur tâche en nimbant l’enfant dans la douce chaleur du foyer. Cette influence parentale agit comme par osmose sur le développement de l’enfant car cette action est d’abord protectrice et ne peut s’accompagner que de chaleur humaine.
- De 7 à 14 ans, l’enfant doit être maintenant prêt pour faire ses premiers pas hors de cet univers de douceur que présente ce cocon familial, pour se confronter au monde qu’il découvre à l’école, de ce que jusqu’à cet instant les Dieux avaient délégué aux parents c’est au tour des maîtres d’en prendre la responsabilité. Eux, vont introduire un élément nouveau à travers leur enseignement : l’autorité liée à l’apprentissage lequel ne peut se réaliser que grâce à la rigueur d’une méthode. Cette période de la scolarité ne s’effectue que sous l’égide du principe d’autorité revêtant, ici, un caractère monarchique.
- De 14 à 21 ans, l’adolescent se trouve en phase avec lui-même, les dieux se sont éloignés de lui, en conséquence autorité, contraintes extérieures, lui deviennent insupportables, pour lui commence une période d’auto gestion pour tout apprentissage ; c’est à lui d’établir le lien avec ce qui s’anime et évolue autour de lui. Il apprend à se responsabiliser et, pour ça, se situe directement dans cette dynamique qui lui fait appréhender la loi universelle de causes à effets puis en dégager les leçons qui en résultent. Dès lors, vis-à-vis de ce jeune plongé dans l’interactivité avec tous les êtres de son environnement, les préceptes pédagogiques devant s’appliquer à son épanouissement s’imprègnent des fondements de la démocratie : Donner-recevoir, Recevoir-donner ; chaque acte a son écho, chaque écho trouve sa compensation, ainsi s’harmonise la vie que ce presque adulte s’apprête et s’engage à découvrir en pleine conscience.
Cette personne, ce « Moi » si « petit » au départ de l’existence, croît de plus en plus au fur et à mesure que l’enfant grandit… D’abord engagé dans l’édification de l’organisme physique, c’est seulement quand il sera totalement libéré de cette mission qu’il pourra alors se manifester comme la personne humaine autonome et totalement intégrée au monde
Je conclue, ici, avec une grande image biblique illustrant mon propos. Il s’agit de celle de Saint Christophe… Christ Ophérus,… littéralement : le porteur du Christ ...
Offérus, était un géant. Devenu passeur de pauvres gens, leur permettant de franchir un fleuve torrentiel, un jour, se retrouva à devoir prendre en charge un enfant. Au fur et à mesure qu’il progressait dans le fleuve, cet enfant juché sur les épaules du Géant, se faisait de plus en plus lourd au point qu’Offérus eut beaucoup de peine pour atteindre l’autre rive.
Il en va ainsi pour tout être humain qu’il faut conduire des berges de l’enfance jusqu’au rivage bordant le monde des adultes... Au milieu se tient tout le cours de l’éducation, une rivière tumultueuse où il faut maintenir à flot cette entité de plus en plus pesante, de plus en plus présente et pressante.
De même, ce « Moi » fardeau de notre propre humanité se fera de plus en plus lourd sur l’organisme physique qui lui sert de support et qu’il va « brûler » en l’espace d’une Existence.