C’est le destin …
Quittant la ville, pour partir en colonne,
Un bataillon de « joyeux », vient d’passer…
Pourquoi Joyeux ? Et bien des gens s’étonnent ;
Ne sachant pas qu’ils sont des réprouvés.
D’aucun sont là, pour quelques peccadilles ;
D’autres pour avoir joué du couteau ;
Des hors la loi, des gueux, des sans famille,
Groupés en rang sous le même drapeau.
En subissant
Leur châtiment,
Ils vont pourtant insouciants…
Chantant le glas de leur vingt ans ….
Refrain :
C’est le destin
Qui un matin
Les amena au sol d’Afrique
Et fit d’eux, des tristes « joyeux »
Au cœur aigri et douloureux.
Soleil ardent,
Sables brûlants
Le teint bronzé, couleur de brique,
Contemplent le désert sans fin,
Aujourd’hui, c’est là leur destin !
Parfois le sac est lourd à nos épaules ;
Notre bidon sonne creux sur nos flancs…
Le désespoir nous poursuit et nous frôle,
Mais c’est en vain, nos cœurs restent vaillants
Car au « Bat’d’Af’», le cafard n’est pas d’mise
Et si l’un de nous fait min’ de flancher,
Il est de rigueur, afin d’calmer sa crise
De se réunir tous et d’lui chanter :
Allons, mon gars !
Ne t’en fais pas !
Oublie tes vieux, ta môme, Paris
On n’y peut rien, c’était écrit !…
Refrain :
C’est le destin
Qui un matin
T’amena sur sol d’Afrique,
Fit de toi, le triste « Joyeux »
Au cœur ulcéré, douloureux
Soleil ardent,
Sables brûlants,
Le teint bronzé, couleur de brique,
Contemple le désert sans fin,
Aujourd’hui, c’est là ton destin !
Peu importe qu’on glorifie ou chante,
Notre valeur, celle de nos aînés,
Si nous devons entrer dans la tourmente,
C’est pour le seul rachat de nos passés…
Chacun de nous, suivant sa chance,
Peut obtenir, la mort ou le pardon.
Allons, faites cesser ces différences,
Nous sommes prêts à suivre vos fanions !
Pour vos libertés et pour vos biens,
Soyons unis et sachez bien !
Refrain :
C’est le destin
Qui peut demain
Nous conduire tous à la camarde*(2)…
Le destin prend fin, ici bas,
Quand sonne l’heure du trépas.
Quand nous aurons les yeux fermés
Par la faucheuse impitoyable
Bonheur, malheur, tout prendra fin
A tous, c’est là notre destin !
Marcel Lucquiaud - Saint Vincent les forts le 5 décembre 1939…