Pour ainsi dire, tous avons un aïeul, ou un grand oncle, voire un lointain cousin, qui a appartenu à cette grande liste des poilus, ayant connu, l’enfer des tranchées, ayant survécu ou étant mort pour la France ou bien, qui en est revenu à jamais mutilé, blessé profondément en son corps et meurtri jusqu’au fond de l’âme …
Cette guerre fut un infâme bourbier où le prix de la vie n’avait d’autre importance que de faire plier l’ennemi jusqu’à la reddition… 4 ans d’une guerre effroyable qui a laminé des milliers d’hectares de nos paysages du Nord et de l’Est de la France et surtout anéanti des centaines de milliers de familles dans chaque camps des belligérants… un massacre démographique qui n’a même pas empêché la venue du conflit suivant, 21 ans après …
Je pense que les récits relatifs à cette grande guerre de 14-18 ne manquent pas et figurent dans de nombreux ouvrages de même que ceux, entendus ça et là, des témoignages « en live » de ces parents revenus du front et qui, bien des années plus tard, osaient en parler. Images, photos, films également, nous donnent la mesure de l’horreur que vivaient, au quotidien les combattants de cette guerre enlisée dans la fange des positions : une ligne de front s’étendant sur presque 700 kilomètres … horreur et absurdité qui coûta la vie à plus de huit millions d’hommes et faisant des centaines de milliers d’invalides …
Alors, aujourd’hui, honorant la mémoire de tous ces Braves, ces millions de victimes innocentes dirai-je plutôt, j’ai une pensée pour Lucien Moreau ce grand-père que je n’ai jamais connu :
Gravement blessé le 20 avril 1916 à son poste d’observation en première ligne, Lucien Moreau, né le 16 février 1893, décède le 4 novembre 1918 à l’hôpital auxiliaire de Saint Denis, succombant à une épidémie nosocomiale. Il avait 25 ans… Il laissait une veuve du même âge et 3 enfants dont ma mère, une petite famille en proie à une misère noire…
A lui, et à tous ses compagnons d’armes, je rends ici honneur, la gorge serrée par une vive émotion. Me tournant alors vers tous nos frères et sœurs de l’humanité en cours, je rêve bien éveillé, pour qu’ils œuvrent, partout sur terre, à l’établissement d’une paix durable, favorisant le rapprochement des peuples…
Que pour tous ceux tombés dans ces terribles années, le sacrifice de leur vie n’ait pas été vain !…