A cette époque on ne fêtait pas encore Halloween … et je ne savais pas que j’allais passer presque 40 ans de ma vie dans cet établissement …
Le destin m’avait conduit là, à mes vingt-et-un ans …
Pouvant se chanter sur l’air bien connu d’une des plus célèbres chansons de Charles Aznavour, j’ai écrit ces paroles se rapportant à mes illusions du moment puis à ce qu’il en est advenu au gré du temps passant …
A mes vingt ans, j’ai quitté mon pays,
Me libérant du joug familial,
Plein de projets, j’suis allé à Paris,
Le carton plein de mes œuvres initiales…
A cet âge là, voyez-vous, on ne doute pas,
Je croyais bien décrocher le pompon…
A parcourir les sites, faisant des millions de pas,
J’ai bien failli, terminer sous les ponts …
Je me voyais déjà, super grand styliste,
Au nirvana des extras et sublimes réalisations,
Je me voyais déjà, couché sur la liste,
Des plus grands habilleurs de l’auto-fashion …
Je me voyais déjà, sur ma planche d’artiste,
En quatre traits parfaits, de mon plus fin crayon,
Tracer l’épure, pour les plus puristes,
Venus admirer mes récentes créations…
Depuis, j’ai vécu et pris bien des bides,
Je n’ai jamais provoqué la moindre attraction
Mes plans restés, dans un placard vide,
N’ont jamais reçu label de géniale invention…
Ainsi, j’ai vieilli et j’ai pris des rides,
J’ai aussi perdu toutes vocations …
Aujourd’hui, plus besoin, plus besoin, de brides
Pour freiner l’ardeur de mes illusions !...
Et mes croquis sont demeurés stériles,
Mes griffonnages, sans imagination,
Mes barbouillages, même les plus fébriles,
N’ont jamais fait bailler d’admiration…
Pourtant j’croyais décrocher la timbale,
Je me pensais génie, roi du crayon …
Ces chimères là, plus de dix ans j’les trimbale
Le temps qu’il faut, pour saisir la leçon …
Je me suis vu alors, quidam ordinaire,
Gagnant ma vie parmi les plus déficients ;
Je me suis vu alors, oubliant d’être fier,
De tous mes insuccès, devenir conscient…
Je me suis vu aussi, parmi des autistes,
Me confrontant aux murs de leur isolement…
Je me suis vu aussi, empruntant d’autres pistes,
Suivre les délires de nouveaux firmaments…
Le temps a passé à lire plein d’ouvrages,
Tentant de comprendre le mystère humain,
Le temps a passé, sous des pluies d’orages,
J’ai même appris à travailler de mes mains
Et je me suis retrouvé dans un atelier,
En vérité, je n’avais pas d’autres choix…
J’y ai appris les gestes d’un petit métier,
Façonnant à la râpe, des jouets en bois…
Et j’ai sorti de mes cartons jaunis,
Mes crayons, mes feutres, mes fusains,
M’inspirant de tous mes vieux croquis,
Illico, me suis remis au dessin…
Là, pas besoin de passer par les Mines,
Rien d’autre à suivre que mon inspiration,
Et c’est ainsi que l’histoire se termine,
J’ai ressourcé mes vieilles illusions !…
Je me vois encore "croquant" l’animal
Retraçant aussi l’arche du vieux Noé
Je me vois encore, et ce n’est pas banal,
En bon quarantenaire, réapprendre à jouer !...
Je me vois encore "croquant" l’animal
Retraçant aussi l’arche du vieux Noé
Je me vois encore, et ce n’est pas banal,
En bon quarantenaire, réapprendre à jouer !...
Farfadet
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