L'ouvrage d'André Payon curé de Draché... des témoignages poignants recueillis dans l'immense douleur du moment
Pourtant, quelques semaines plus tard, ce fut à Maillé que des soldats allemands ont exterminé la quasi totalité de la population de ce petit village d’Indre & Loire au Sud de Tours .
Le 16 Juillet dernier, la visite du procureur allemand Ulrich Maass, venu entamer une enquête, 64 ans après cet odieux massacre a, momentanément, fait l’objet de la Une de la presse locale. Ce même jour, le tragique passé de Maillé fut encore bien plus médiatisé en étant présenté au JT des chaines de télévision les plus fréquentées…
J’avais une dizaine d’années lorsque que j’ai eu, pour la première fois, connaissance de ce terrible et bien triste événement où furent exécutées 124 personnes dont 44 enfants, ceci, en représailles d’un acte de la Résistance ayant entraîné la mort d’un officier SS, la veille du massacre…
Il se fait qu’à cette époque, mes parents se trouvaient à Pouzay/Vienne, petite localité distante de 7 kilomètres de Maillé … Bébé de 5 mois, j’étais en nourrice chez Mme D., au lieudit « Les Trois Moulins ». Mes parents circulant en tandem sur une route longeant la rivière avaient rencontré un convoi allemand le matin même du massacre et avaient failli être passés par les armes. Ils eurent la vie sauve grâce au fait que mon père parlait parfaitement l’allemand … Mes parents furent atterrés quand, dans les jours qui suivirent, ils apprirent que Maillé avait été rayé de la carte et tous ses habitants exécutés par le fer et le feu … En fait, il y eut une dizaine de survivants dont certains, présents à ce jour, furent les témoins directs de cette horrible tragédie. Une tragédie qui les a marqués à vie, ces rares survivants et leurs descendants n’ayant jamais pu vraiment faire le deuil de leurs chers disparus …
Longtemps, mes parents ont déploré que ce crime de guerre soit pratiquement resté sous silence et ses auteurs demeurés impunis …
Au moment des faits, étant tout jeune contemporain et si proche, à chaque fois que l’on évoque leur souvenir, je ne peux qu’avoir une pensée bouleversée à l’égard de tous ces innocents immolés ce 25 Aout 1944… Les lignes qui suivent, je les dédie à la mémoire des 124 victimes de ce massacre sans nom …
Ils ont encerclé le village,
Ne leur laissant aucune chance…
Réponse d’une horde sauvage
A un acte de Résistance …
Arrivés soudain par les routes,
Voyez sauter de leurs camions,
Ces soldats, aux heures de déroute,
N’arborent aucun fanion …
Ils avancent à travers champs,
Mitraillent tout ce qui bouge,
Bêtes, hommes, femmes, enfants …
Les sentiers se couvrent de rouge …
Puis pénètrent dans le bourg,
Ces soldats assassins,
Ils traversent les cours,
Entrent dans les magasins …
Ils tirent sans sommation,
Tuent, pillent, incendient,
Granges, ateliers, maisons,
Ravagent pire que bandits …
S’acharnent sur tous ceux qui fuient,
S’exercent à toutes formes de tueries,
Egorgent, éventrent, jusqu’aux tout petits
Déchaînement des pires barbaries !...
Toute la matinée dure ce massacre,
Perpétré par ces uniformes gris-verts …
Des rues, montent des fumées âcres,
Conglomérat de sang, de cendre, de verres …
Et, parce que l’horreur ne leur suffit pas,
Ils bombardent le village depuis les voies…
Cent-vingt-quatre âmes mises à trépas,
N’ont jamais su, le comment, le pourquoi…
Rien ne subsiste, après leur passage,
Ruines fumantes, brasiers immondes,
Vestiges informes, fruits des outrages,
Façades noircies, vision de fin du monde !...
L’apocalypse et l’enfer réunis,
Déchaineraient-ils tant de démence ?
Faut-il avoir, toute humanité honnie,
Pour s’adonner à tant de cruauté et de violence ?...
Crime de guerre…
Comment nommer cela ?
Indignes militaires,
Qui ne sonnent le glas !...
A l’honneur, réfractaires,
Autant qu’aux combats ;
Immondes incendiaires,
Corrupteurs des trépas !...
Pourvoyeurs des cimetières,
Qui, pitié, ne connaissent pas…
Incursions meurtrières,
Agissements sans contrats !...
Un père, une mère, un frère,
Pour vous, ne comptent pas !…
Vous ne faites donc sur terre,
Que ce qui provoque dégâts !…
De la société des hommes,
Vous êtes, vous-mêmes bannis,
Autant, pour vos dogmes,
D’exterminateurs nazis !…
Maillé martyr,
Ce 25 Août 1944,
Tes enfants, a vu périr,
Au nombre de 124 !…
Maillé à jamais immolé…
Le jour où, Paris fut libéré !…
IL me reste à vous recommander la visite du site d’Anne Christine ROY * petite fille de survivants du massacre. Vous y trouverez le récit, quelques photos, des témoignages poignants et la liste des victimes. Un fort émouvant devoir de mémoire qui fait que nous n’oublierons jamais les habitants de Maillé indignement exécutés, Maillé qui, tel le Phénix, s'est reconstruit sur ses cendres …
* Site : http://www.maisondusouvenir.fr/lhistoire-de-maille/
Vidéo du J.T. de TF1 : ICI