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Le Mirebalais Indépendant

La Vie d'ici et d'ailleurs - Patrimoine : d'hier à aujourd'hui, un monde riche de son passé, a forcément un Avenir ...

Publié le par FARFADET 86
Publié dans : #La pensée du jour, #Les mots choisis du Farfadet

Lazare Ponticelli, dernier Poilu de cette première grande guerre, vient de disparaître de notre monde des vivants …  Honneur lui a été fait en grande pompe, l’immortalisant par une plaque commémorative aux Invalides… L’événement est juste, bien sûr, et il convenait aussi de se recueillir solennellement devant ceux qui ont payé de leur vie notre « liberté chérie » …

Ce témoin revenu du plus douloureux champs de bataille de notre histoire, a vécu 110 ans, et a donc traversé ce tumultueux XX°… Une époustouflante succession d’images, fresque immense étalée dans le temps, jusqu’à ce jour  du 12 Mars 2008, ont reflété ses yeux … En parcourant ces pages mouvementées combien de fois se seront ils remplis de larmes ? Effectuant cette lecture à travers tout ce temps qui a suivi son douloureux engagement, une question redondante a du lui revenir sur les lèvres, jusqu’à son dernier souffle :
Tout ça ! … Pourquoi ?...  Pour ça !... 

Cela m’a inspiré un poème sombre et sans concession…  pour réfléchir … ne plus fléchir… quand on décide et que l’on dit : « Plus jamais ça ! »... 



File0122.jpg

 
Ecarts d’un siècle


Roule le feu, perce le fer, et mord le froid …
Casque sans tête, tête sans tronc, tronc sans ses bras ;
Vision d’enfer, trous de misères, regards d’effroi,
Casque trop clair, rai d’un éclair et succombera…

Boue des ornières, tranchées en terre, rien n’est plus droit
Nuit en plein air, ciel sans lumière, dort sans ses draps…
Roulement de tonnerre, cri des guerrières, signes de croix ;
Ombres fantoches, pluie meurtrière, mains pleines de gras…

Champs ravagés, sillons sans fin, fin d’un endroit…
Rides hideuses, plaies d’une terre, sonne le glas !
Nouvelle tanière, tremble pas fier, l’obus tout broie …
Bulles de glaires, mares de sang, glaise du trépas…

Môles et crevasses, comme taupinières, répit t’octroient ;
Saut des barrières, rafales rasent l'aire, et rebondira…
Pantins rampants, la fondrière, guette sa proie ;
Larmes de chair, jamais cette guerre, ne finira !… 

Der des ders, en vient une autre, qu’on n’attend pas…
Tranchées de naguère sont oubliées, roulent les convois ;
Nations en guerre, partout sur terre, ne se comptent pas ;
Familles entières, loin déportées, qu’on ne revoit …

Villes d’enfers, hameaux en flammes, tout y passera ;
Ruines de sang, murs de chairs, peurs d’être une proie…
Le militaire, pas seul à terre, même le civil, en pâtira ;
La fin d’un monde, jet nucléaire, pas d’autres choix … 

Fin de cette der, tout près de la mer, milliers de croix …
Fin des misères, faire payer cher, tous les parias ;
Tribuns de fer, femmes tonsurées, justice sans loi…
Vie après mort, des cendres d’une guerre, resurgira !…

Fin des galères, Yéyé dans l’air, casse-toi la voix !
Jeunesse altière, tous sommes frères, on se le dira …
Fin des repères, amour à terre, vie pleine de joies ;
Plus de filles mères, répond au père, rien ne t’incombera …

Rue des colères, chauds ses pavés, sus à ces rats !…
Foule va-t-en guerre, marée chaussée, n’a plus de droit …
Grenades et pierres, faut fort cogner, sur les malfrats ;
Coups de rapières, se défouler, l’esprit étroit…  

Quitte ta terre, met tes œillères, c’est le nirvana !...
Passe les manières, cesse tes prières, chasse le bourgeois ;
Ecran de verre, forts commentaires, tout t’enchantera
Ski en hiver, l’été en mer, surveille ton poids !…

Riches affaires, trop de mandataires, que du tracas,
Rire de faussaire, traîne tes mystères, même sous ton toit…
Jamais pépère, soigne tes nerfs, toujours combats,
Stress ordinaire, puis marche arrière, pour ça tu bois …

Nouvelles galères, rue des misères, manches sans rabat ;
Mord la poussière, bord de rivière, quel fond tu vois ?
Soupe populaire, faim des compères, traîne ton cabas !
Un soir d’hiver, fais le fait divers, meurs sans pavois …  


Farfadet     
    
Commenter cet article
R
Dur de dur pour ce qu'ils croyaient être la der des der !
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F
Excuse-moi d'avoir confondu ton texte et celui de Renée. Ton inspiration évoque bien ce que cela doit évoquer. Surmonter avec dignité ces actes de guerre et de barbarie, sans oublier et essayer de faire en sorte que jamais cela ne se reproduise devrait être le comportement des hommes dans l'avenir. Mais je crains beaucoup que la haine, la monstruosité, n'aura que faire des bons sentiments
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F
En ce jour souvenir du terrifiant et douloureux 13 novembre 2015, cette inconcevable tragédie s'inscrit hélas dans ces strophes scandées, comme les salves saccadées d'un horrible mitraillette. Pour que l'on oublie pas et que l'on surmonte avec dignité et humainement tous ces actes de guerre et de barbarie.
P
tout est dit. rien à ajouter.je suis toute remuée.bravo l'artiste
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H
Un texte qui laisse à réfléchir... et une disparition... qui marque beaucoup de personne... Tant l'histoire peut toucher... l'Histoire de cet homme !Merci !HanXin
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L
bisous
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A
Bon week-end de Paques
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V
Un vrai livre d'histoire...Et qd on pense qu'il a réussi à traverser ttes ces tourmentes....Bon WE   VITA
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M
Bonsoir Patrice, quel terrible poème et j'espère que la lecture de texte comme celui-i pourra faire en sorte que les hommes réfléchissent un peu avant de sortir leurs fusils ...<br /> Bonne soirée Farfadet le sage,<br />  
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P
je te souhaite un très bon anniversaire..<br /> gros bisou
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:
C'est le jour de printemps... tout le monde renaît ! Je t'envoie plein de gros bisous en ce jour très particulier.
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C
Bravo Patrice! Un poème beau, émouvant et tellement réaliste. Un regard dur et tendre à la fois sur une vie et un siècle meurtrier. Si l'enfer existe, il est ici et maintenant, dans notre monde. C'est à chacun d'entre nous qu'il appartient d'en faire un paradis. Merci également pour ton commentaire! Bises aux farfadets!
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M
Kikou Patrice  ;-)Quel bel hommage, et surprise de découvrir l'âme  d'un poéte en farfadie. Bienvenue!Ils n'étaient pas à la  fête ces bougres, que l'on a transformé en chair à canons, et envoyés s'étriper pour je ne sais  quelle cause,  et eux non plus.Pourvu que perdure  le devoir de mémoire. J'ai un ascendant qui a été décoré de  la légion d'honneur  pour acte de bravoure... à titre posthume...Bien à toâ l'ami, et  bises aux farfadets.:0059:
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Z
Sans concessions en effet.Chapeau bas.
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Profil


FARFADET 86
Sexe : Homme
À propos : Retraités à Mirebeau* (Vienne), depuis janvier 2005, avec mon épouse, nous étions accompagnateurs de personnes handicapées mentales, ceci pendant 40 ans, dans un Foyer de Vie, en Haute Normandie.

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