Le petit enfant maintenant en marche, va à la découverte de son entourage …
La rencontre avec le monde commence par le jeu c'est-à-dire par une activité qui place l'enfant dans une situation de cause à effet… Le jeu est essentiellement mouvement et, chaque geste qu’il entraîne, porte à conséquence…
En fait, le jeu a déjà commencé avant que l’enfant marche mais de manière très confuse … le regard, les sourires, les petites grimaces, les gazouillis, les cris, les pleurs sont déjà imprégnés par le jeu. Vient ensuite la préhension des objets, que le bébé porte à sa bouche, qu’il suce, qu’il agite puis qu’il fait tomber d’abord maladroitement puis intentionnellement. Arrive alors, le temps des premières expériences.
C’est en jouant que le petit enfant investi les lois physiques de son nouvel environnement, pesanteur, équilibre, consistance, chaleur, sonorités, dimensions, distances, etc. De cette manière, il s’inscrit manifestement dans l’espace …Il vit d’abord tout cela à l’état de véritable bougillon encore très brouillon dans sa gestuelle …
La marche acquise, le rapport à l’environnement, se manifeste de plus en plus fortement, et chaque déplacement, en quête de découvertes, devient vite source de jeu, jeu où le mouvement, l’agitation prennent la place principale… C’est si drôle quand maman, papa, la grande sœur, le grand frère, me courent après !…
Les premiers jeux sont simples : apparaître, disparaître… Coucou le voilà ! Coucou il est parti ! Coucou le revoilà !... premiers jeux socialisants : l’autre, les autres et… « moi »… Les premiers rapports humains s’établissent et l’affectif y prend toute sa place …
Puis vient la parole… alors, avec les mots, s’installent les premières règles, les premières transgressions… Petit à petit, jouer prend une allure de confrontation, c’est si drôle de dire : « non ! » « veux pas » et surtout de tenter de faire ce qui a été interdit …
Mais en même temps, l’observation de l’environnement et l’acquisition du langage font que l’enfant est entraîné dans l’imitation et, dans ses jeux isolés, le jeune enfant reproduit ce qu’il voit s’accomplir autour de lui. A partir de là, son imagination prend le relais car il n’a pas forcément les objets ou les jouets adéquats pour imiter les plus grands … Ici, on se rend compte combien est importante l’image que l’on donne à l’enfant en tant qu’exemple : nos propos, nos gestes, nos attitudes sont épiés et captés par lui, il s’en nourrit (tiens, un clin d’œil au thème de réflexion de la veille) avant de les reproduire dans ses jeux …
Au moment où commence la deuxième dentition, à partir de la 6ième année, l’enfant acquiert les premiers rudiments de la pensée, c’est l’âge où il va commencer à apprendre les rudiments du savoir où il va commencer à mémoriser … Ainsi, après l’espace, l’enfant investi maintenant le temps, en conséquence, ses jeux vont évoluer. S’y ajoutent les fonctions cognitives, le jeu devient plus attrayant en y intégrant des repaires, des limites par le truchement de règles plus complexes et plus strictes. Il en est ainsi dans tous ses jeux, que ce soit des jeux d’intérieur ou des jeux d’extérieur plus sportifs … L’enfant a toujours besoin de se mettre en mouvement : il court, il saute, il bondit, il grimpe, il lance, il a grand besoin de terrains de jeux à partager avec d’autres petits camarades.
Le jeux devient « intelligent » il a un sens, il présente le but qu’il faut atteindre en respectant les règles comme dans la « vraie vie » des adultes.
Dans le jeu, ce qui était d’abord, simple confrontation sans conséquence, devient rivalité où l’on se mesure aux autres mais aussi où, avec les autres, on compose une équipe…
Jusqu’alors, l’enfant apprenait en jouant, dès lors, il apprend à jouer …
Avançant en âge, l’enfant maintenant adolescent se défend de jouer … En réalité, il joue toujours, mais bien plus finement cette fois, il s’agit de s’affirmer au sein d’un groupe et pour ça, le jeu est le moyen idéal, on se crée un personnage, on l’investit, c’est soi, travesti, il faut duper, faire croire que … Les premiers émois amoureux sont des jeux, jeux de rôles plus que jeux de drôles, jeux de l’amour, jeux de hasards, badineries coquetteries, flirts, on joue la femme, on joue l’homme … on se joue la comédie…
L’activité ludique a pris une place centrale dans l’existence et si dans un premier temps elle est le vecteur d’apprentissage par excellence, au cours de l’adolescence, elle devient fortement support de l’activité affective. Parvenu à l’âge adulte, le jeu doit s’être métamorphosé en aptitudes de vie sociale, de vie conjugale et de vie de parent (susceptible d’avoir des enfants qui, nous l’avons vu, très tôt, investissent le jeu)
Le jeu se retrouve dans de nombreux aspects de la vie, en mécanique, on parle du jeu de pièces en friction ou comme articulation, dans les activité humaines on relève des enjeux en matière d’économie, ou en politique et plus particulièrement dans les domaines de l’art ; on dit bien que le musicien joue d’un instrument, le peintre avec le jeu des couleurs de sa palette, l’acteur joue sur scène et nous à Saint Martin produisions, chaque fin d’année, nos « Jeux de Noël »…
Je me permets cette remarque en passant : Le jeu a pris une place très importante dans nos sociétés contemporaines, il constitue l’essentiel des loisirs, il est dispensé dans beaucoup de secteurs de la vie public, le sport en constitue le pilier essentiel, les dispositifs médiatiques lui octroient la première place, via les écrans de la télé et du micro-ordinateur, les jeux de cartes de hasard et surtout les jeux d’argent sont toujours appréciés…
J’allais oublier une notion importante se rapportant au jeu, c’est le plaisir … jouer ne peut être qu’une activité à laquelle on prend part librement que parce qu’elle nous procure du plaisir… C’est bien en cela que le jeu a des vertus apaisantes et épanouissantes et peut nous aider à mieux vivre … (tant qu’il ne devient pas un vice) …
Pour conclure, nous retiendrons qu’en jouant, l’enfant se réveille puis se révèle au monde et, pour tous les êtres humains, petits et grands, la véritable mission du jeu consiste surtout à nous mettre en phase avec les grandes harmonies de l’existence… Jouer bien et quand il convient, fait réellement partie d’un art de vivre …