Les Nains Bleus – 19ième soir…
Il était une fois deux nains coquins qui passaient leur temps à jouer des tours, de très vilains tours, aux hommes. Ils étaient bleus comme la nuit. Leur cœur était dur, ils ne savaient pas aimer et n'avaient jamais pitié de personne. Autrefois les nains étaient tous durs et méchants. Certains sont devenus gentils, et se sont mis à jouer de bons tours, parce qu'ils avaient rencontré l'amour des hommes.
Ces deux nains bleus, donc, étaient de petits sacripants. Ils effrayaient les passants la nuit. Ils s'introduisaient chez les bonnes gens, éteignaient leur feu, leur faisaient casser la vaisselle, rater les sauces, brûler les légumes, renverser les seaux d'eau par terre. Si quelqu'un voulait s'asseoir, vite ils reculaient l'escabeau, ou bien le penchait et la personne tombait par terre pour leur grande joie. Ils avaient plaisir à donner un petit coup de pouce sur les couteaux, les scies et les haches, et les gens se coupaient le doigt ou le pied. Parfois ils faisaient des choses plus méchantes encore.
Une nuit d'hiver, ils se mirent en route vers un village appelé Bethléem. C'était là que venait de naître l'enfant Jésus. Les deux nains bleus avaient l'intention d'aller chez une très vieille femme qui vivait dans une maisonnette bien propre au milieu du village. Ils voulaient tout saccager pendant qu'elle dormirait, lâcher ses poules, ouvrir les clapiers, effrayer sa vache pour qu'elle ne produise plus de lait…et dieu sait quoi encore… Ils se faisaient une fête à cette idée. Lorsqu'ils arrivèrent à la maisonnette, ils virent qu'il y avait encore de la lumière. Ils regardèrent par le trou de la serrure, et sous la porte pour voir si la vieille femme dormait. Mais elle ne dormait pas. Malgré son âge elle devait encore travailler pour vivre. Elle était assise près de l'âtre et filait sa quenouille. Tout en filant elle souriait. Elle pensait à l'enfant Jésus qu'elle avait vu ce matin même, dans la crèche. Son cœur était si plein de ces merveilles que, tout autour d'elle, il y avait une lumière qui s’étendait comme un arc-en-ciel.
Les deux nains bleus regardaient, regardaient sans rien dire, tantôt par le trou de la serrure, tantôt sous la porte. Tout à coup, sans savoir pourquoi, ils se retournèrent et se mirent à courir aussi vite qu'ils pouvaient, en direction de leur trou. Ils dévalèrent à l'intérieur de leur domaine souterrain à une allure vertigineuse. Arrivés chez eux, ils ouvrirent un grand coffre dans lequel ils avaient amassé de l'or, de l'argent et des pierres précieuses. Ils en bourrèrent leurs poches, et repartirent en courant chez la vieille dame…
Les Nains Bleus – 20ième soir …
Entre temps, la vieille femme avait rangé sa quenouille et s'était couchée. Son chat dormait aussi, couché en rond sur l'édredon. Ses sabots côte à côte au pied du lit. Les nains ouvrirent sans bruit, et entrèrent dans la maison, en marchant sur la pointe des pieds. Ils allèrent au pied du lit et vidèrent le contenu de leur poche, avec précaution, chacun dans un sabot. Ils avaient fait très doucement, mais le chat s'étira, ouvrit les yeux, et les regarda. Ils s'enfuirent aussitôt de peur que la vieille femme ne s’éveille à son tour. A partir de ce soir-là, ils prirent l'habitude d'aller tous les soirs chez la vieille femme. Ils regardaient par le trou de la serrure pour voir ce qu'elle faisait, si elle était contente, si elle avait besoin d'aide. Ils avaient pris goût à jouer de bons tours, et lui faisaient toutes sortes de travaux pendant qu'elle dormait. La vieille trouvait soit sa maison balayée, soit le seau déjà rempli du lait de sa vache, le matin, soit les légumes déjà tous prêts pour la soupe; et même une fois elle retrouva ses bas raccommodés !
Le premier matin, bien sûr, elle s'était réjouie en trouvant les trésors dans ses sabots. Ainsi elle ne devrait plus travailler autant, et pourrait même venir en aide à ceux qui en auraient besoin. Comme tous ceux qui vivent longtemps, cette vieille femme savait beaucoup de choses. Elle savait très bien que c'était de petits nains qui lui avaient fait ce cadeau, et même elle croyait savoir pourquoi. Lorsque les nains bleus la guettaient, derrière la porte, ils avaient beau faire doucement elle le savait toujours. Un jour elle leur parla: "Mes petits amis, je sais que vous êtes derrière ma porte. Je vous aime bien. Je sais aussi ce que vous voulez. Vous voulez entendre les histoires des hommes. Je vous en raconterai." Elle leur parlait ainsi tous les soirs, et leur racontait les histoires qu'elle connaissait. Elle leur parlait de la vie des hommes et surtout elle leur parlait des petits enfants. Peu à peu ils s'enhardirent, se glissèrent dans la maison, et s'assirent aux pieds de leur amie pour mieux l'écouter.
Lorsque, plus tard, la vieille femme ne put plus du tout bouger, ils la soignèrent et la veillèrent jusqu'elle retourne au ciel. Les nains bleus avaient appris l'amour et depuis ils cherchent à jouer de bons tours aux hommes.
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