Village au fond de la vallée… nul doute que cela vous rappelle quelque chose … oui, ce vieil air éternel, entonné par la regrettée Edith Piaf et par les Compagnons de la Chanson voila presque 60 ans…
Mais le village de cette vallée là, que je vais maintenant évoquer et tenter de vous décrire, n’est pas si égaré et pas si ignoré que cela …
Situation :
Saint Savin est situé dans le centre et extrème Est du département de la Vienne à 43 kms de Poitiers, 48 kms du Futuroscope, 80 kms de Châteauroux, 90 kms de Limoges, 110 kms de Tours et, 350 kms de Paris…
Positionnement terrestre : 46° 34’ O1’’ de latitude Nord - 00° 51’ 52’’ de longitude Est
Altitude par rapport au niveau de la mer. Point le plus haut 142 m. , point le plus bas 72 m.
La commune s’étend sur 18 800 ha . 1009 habitants résident dans le bourg (Recensement de 1999) La commune de Saint Savin est accolée à celle de Saint Germain ( à l’Est), ces deux communes n’étant séparées que par le lit de la Gartempe …
Blason : De France à une palme d’or et un coutelas d’argent, la poignée apposée en sautoir, cantonnée de 3 fleurs de lys d’or, avec un « E » couronné d’or en chef, le tout timbré d’une crosse et d’une mitre et entouré de deux palmes de sinople.
Aux confins du Poitou et du Berry, le village de Saint-Savin que vous traversez obligatoirement en suivant la Nationale 151 à partir de Poitiers, vous dirigeant vers l’Est, à destination de Châteauroux, est sis dans une verte vallée sillonnée par la Gartempe. Vous vous trouvez presque à la limite entre les départements de la Vienne et de L’Indre…
Ayant Franchi la Vienne à Chauvigny, parvenu à 10 kilomètres de cette charmante localité, vous dirigeant vers Le Blanc, ayant passé Paizay-le-Sec, dans la grand ligne droite, vous apercevrez, émergeant d’une mer de verdure, la pointe du clocher de la célèbre église abbatiale de Saint-Savin…
A l’approche de la localité la nationale s’infléchit brusquement vers la droite, grand lacet descendant sur 1,5 km et vous voici à Saint-Savin…
Pour le touriste avisé, l’étape mérite la halte visite … Parvenu place de la République au niveau de l’Hôtel de France, quittez la RN151 et, prenant, à droite, la rue Saint Louis rejoignez la place de la Libération … Vous êtes à pied d’œuvre . Admirez …
L’histoire de cette bourgade se confond avec celle du monastère fondé au IX° par une communauté monastique laquelle, ayant découvert les restes de Savin et Cyprien, deux Saints martyrisés au V° se serait établie là au bord de la Gartempe ... L’établissement monacal initial semble avoir reçu le soutien des seigneurs carolingiens, certainement sous le règne de Louis le Pieux, fils Aîné de Charlemagne … Au cours des incursions normandes, l’abbaye de Saint Savin est épargnée par le saccage de ces envahisseurs et, tout au cours du Moyen âge, ce lieu connaît une prospérité sans cesse croissante. L’abbé de Saint Savin est seigneur de la châtellenie du même nom… En plus de l’édifice conventuel, on dénombre 6 autres bâtisses religieuses.
Le chartrier ayant, hélas, été brûlé en 1568 au cours des guerres de religions, l’histoire de l’abbaye, antérieure à cette date, reste donc imprécise et celle de ses origines quelque peu aléatoire…
AU XVI° et XVII° Les guerres de religion et quelques seigneurs ecclésiastiques négligents alliés aux méfaits du sinistre Baron Henry de Neuchèze vont participer au démantèlement de la ville où, en 1644, on ne dénombre plus qu’une douzaine d’habitants …
A la suite de la reprise de l’abbaye par des bénédictins de la congrégation de Saint Maur, la ville connaît une renaissance qui se manifestera par la reconstruction d’une importante série de logis dont tout un corps subsiste encore aujourd’hui. Ces bâtiments conventuels ont été édifiés sous la direction de l’architecte François Le Duc, dit Toscane, originaire de Saint-Maixent.
La Révolution se saisira de l’abbaye et en fera une sorte de casernement pour la garde nationale. Les logis attenants, constitueront le siège de la gendarmerie de 1799 à 1971…
En 1835, Prosper Mérimée, inspecteur général des monuments historiques, fait entamer des travaux de restauration sur l’église abbatiale laquelle avait subit de sévères dégradations résultant des outrages des hommes et du temps. Grâce à cette judicieuse intervention, celle-ci est classée en 1840.
restauration des peintures de la nef
En 1967 commence une campagne de restauration des fresques du narthex, des voûtes de la nef et des deux cryptes. Restauration délicate et méticuleuse qui nous permet d’apprécier aujourd’hui l’une des plus merveilleuse représentation picturale existante, de la bible et de l’Evangile exposée sur murs et, maintenant inscrite au patrimoine de l’UNESCO…
A partir de 1990, ce sont les bâtiments conventuels qui sont restaurés. Ils hébergent aujourd’hui le Centre International d’Art Mural.
Actuellement les travaux se poursuivent dans l’ancien logis de l’abbé appelé « château »
A noter qu’en 1892 ce logis est habité par Léon Edoux originaire de Saint-Savin. Inventeur du premier monte fardeau hydraulique, il installa, dans cette demeure, le premier ascenseur conçu en France.
Descriptif sommaire de l’abbatiale :
Vers l’an 1010, c’est un don de la comtesse Aumode épouse du duc d’Aquitaine Guillaume le Grand qui permet d’entreprendre la reconstruction de l’église abbatiale, celle, ici, survenue jusqu’à nous…
L’appartenance au style Roman Poitevin de cette abbatiale est indéniable. De l’extérieur, l’ensemble, que jouxte le long bâtiment conventuel bordant la Gartempe, est aussi gracieux qu’imposant. Son miroitement dans les eaux de la rivière confère à cet édifice une étrange majesté réalisant cette miraculeuse union entre créatures célestes et ondines du courant…
La haute tour, presque carrée, qui précède la nef est surmontée d’une flèche octogonale très élancée culminant à quelque 77 mètres au dessus de la grande place ombragée du bourg.
Longue de 42 mètres et large de 17, la nef comporte 3 vaisseaux de neuf travées, la médiane couverte d’un berceau plein cintre et les collatéraux de voûtes d’arêtes. L’éclairage est assuré par un ensemble de 18 fenêtres à arcatures s’évasant à l’intérieur ; ouvertures placées hautes dans les murs goutterots. On constate une dissymétrie liée à l’espace entre les piles à fûts circulaires simples ou à colonnettes rapportées. En est cause, le mur nord plus long de 0,80 m que le mur sud …
Ces irrégularités se retrouvent également dans le décor des frises des chapiteaux à corbeilles à motifs simples et un peu tassés dans la partie occidentale et, plus somptueusement ornées d’entrelacs, dans la partie orientale.
Cette irrégularité dans les proportions, se retrouve également, dans le dépassement des murs du transept à l’élévation austère ; celui du Sud étant moins saillant que celui du Nord, dans le débordement par rapport à la nef…
Le Chœur, tout en pierres de taille, est doté d’un sanctuaire profond lequel surmonte une crypte de plan polygonal. Il est ceinturé de dix colonnes assez rapprochées supportant les arcades de l’avancée des voûtes surplombant le déambulatoire lequel est flanqué de 5 chapelles rayonnantes. Ce chœur est surmonté d’un étage de 9 fenêtres en plein cintre. Les chapiteaux ont leurs corbeilles ornées de feuilles d’acanthes, façon corinthienne ou de lions dressés accolés par couples.
La spécificité de l’église abbatiale de Saint-Savin, tient à ses fresques romanes d’une belle facture, unique en France. Les fresques qui ornent la voute du vaisseau central de la nef, se rapportent aux grandes scènes de l’ancien testament. Celles du narthex, porche et tribune, se rapportent au Christ Triomphant et à l’Apocalypse, celles de la crypte, à la vie et au martyr de Saint Savin et Saint Cyprien.
La roue du Martyr de Saint Savin
l'arche de Noé
Le Logis abbatial où Léon Edoux a réalisé le premier ascenseur
Telles Splendeurs, trouverez, dans ce charmant Village où est née mon Annie et ont été baptisées nos deux filles Amélie et Charlotte …
Le vieux pont construit au XIII° sur l'ancienne route de Poitiers à Bourges
Vieux pont de Saint Savin - Dessin de Raymond Naud