Maison, Voici un mot sans équivoque et qui nous fait nous représenter un ensemble ô combien tangible et réaliste …
Le premier souci de l’ adulte qui vient d’entrer dans la vie, c’est bien trouver où demeurer, se loger et vivre …
La maison ce sont des murs qui, à l’entour, nous protègent de l’extérieur, c’est ce sol qui nous isole des influences de « sous terre », c’est ce toit qui nous abrite des effets d’en haut, c’est ce lieu qui nous met au sec, au chaud, au-dedans et qui nous est propre, la maison serait comme une deuxième mère qui nous contient mais dont, cette fois, on quitte ou réintègre, l’antre librement, suivant sa convenance.
Ventre ou antre sont alors les enveloppes douillettes où il fait bon vivre, où l’on se prépare aux lendemains…
Il faut d’abord la construire, cette maison et, cela se fait à partir de fondations et se finit par la couverture ; du bas, vers le haut … C’est donc un édifice.
Sans le savoir, dans la première tranche de notre existence, nous sommes tous des bâtisseurs… Des bâtisseurs !... Et comment cela ? Des bâtisseurs de quoi ? De qui ? devrions-nous dire, car nous sommes, déjà, chacun, bâtisseur de nous-mêmes …
N’est-ce pas nous qui nous construisons, qui grandissons ainsi, au dehors et, au-dedans, bien sûr ? Cet enfant qui, de tout petit, tout frêle, devient cette personne autonome, apte à vivre par elle-même et qui s’engage de son plein gré dans l’existence, au milieu des autres humains, c’est en partie, notre œuvre et celle de ceux dont la tâche est de nous assister pour accomplir ce chemin qui nous mène au seuil de l’indépendance, de l’autodétermination pour devenir des apprentis de la liberté…
Notre Corps est la Maison,
Notre Vie en constitue le Foyer,
Notre Esprit la rend lumineuse en la Cité…
Et celui qui veut qu’il en soit ainsi, c’est bien chacun de nous, engagé dans sa propre création, pour la prolonger et la parfaire au cours des temps et des temps…
En fait, ce présent article, paru dans le « Martiniste » Edition 1996, je l’ai écrit, il y a à peu près une douzaine d’années quand se construisait un nouveau pavillon pour héberger de nouveaux résidents au Centre Saint Martin, une construction dont, à l’époque, j’avais aussi réalisé un film vidéo…Tout au cours de cette année 1995-96, nous avions vu surgir, de terre cette maison, que, par la suite, nous avons appelé « Raphaël ». Comme toutes celles que j’avais vu s’ériger sur le domaine du Centre, elle était sortie de la boue, grand corps de bâtiment, jouxté au vieux « Saint-Martin » (Un pavillon qui avait ce nom à l’identique de celui du Centre et, à l’origine, du Lieudit)… Un trou béant puis des assises en béton, une grande dalle, des alignements de parpaings, un enchevêtrement de poutres et de solives qui s’ordonnent sous le ciel Normand, un réseau de fils et de tuyauteries, parcourent nerveusement ses flancs ; puis c’est le chapeau bleuté luisant sous la pluie et ses facettes miroitantes baignées de lumière ; la maison est là, s’offrant à nos regard, corps creux qui attend une âme …
Ce ne sont pas les mêmes hommes qui construisent et habitent les maisons, mais bâtisseurs ou résidents accomplissent, ici-bas, leur humanité ; là où ils font couler de leur sueur et là aussi où ils prennent leurs repas et le repos indispensables à la reconstruction quotidienne de cette maison qui est aussi notre corps en voie de devenir... un temple pour les temps futurs …