Juin 1939 Renault en concours d'élégance...
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Depuis le début des années 20, les concours d'élégances fleurissent aux beaux jours, ils associent l'élégance féminine à celle des voitures de luxe dont l'esthétique évolue d'année en année, magnifié par les lignes se courbant et s’arrondissant toujours plus en soulignant les galbes, de la proue à la poupe des automobiles, tout en restant parfaitement en phase avec la quête d'aérodynamisme.
Le 23 juin 1939, en cette veille de Saint-jean à ce tout début de l'été, le soleil brille sur Paris. Le Palais de Chaillot accueille ce jour là les équipages participant au concours d'élégance Femina-L'Intran. Parmi ceux-ci, les spectateurs ne peuvent que remarquer la présence de 18 Renault.
La manifestation se déroule dans le cadre des jardins du Palais de Chaillot qui porte avec fierté les emblèmes célébrant le cent cinquantenaire de la Révolution.
La révolution, en matière stylistique, on la perçoit aussi chez Renault, grand constructeur généraliste dont la gamme s'étend sur quatre niveaux de modèles types, allant de la "petite" Juvaquatre à l'imposante Suprastella, chaque décliné en berline, coupé, décapotable et roadster.
Les Juvaquatre.
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- La jeune Micheline Presle pose fièrement au côté de son coupé Juvaquatre type AEB 2. Dévoilé en Mai 1939 ce nouveau modèle de couleur gris romance vaut à la jeune actrice un troisième grand prix.
- Cet autre joli coupé Juvaquatre est présentée par Madame Lefort. La teinte rouge mexicain de cette voiture aux roues chromées, met en évidence l'élégante robe blanche de sa présentatrice.
- Annoncée au réseau le 20 Avril 1939, la berline Juvaquatre type AEB 3 est alors un modèle très récent. Ses lignes harmonieuses permettent à sa conductrice, Mme Dumont, de figurer avec honneur dans ce concours d'élégance aussi huppé.
- Présenté par la Saprar, ce coach découvrable Juvaquatre complète la gamme de façon heureuse dans un esprit sport qui ravit sa souriante présentatrice.
Les Primaquatre
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- Présenté par Sonia Bessis, cet exemplaire de Primaquatre type DBDS2 carrossé en coupé, sorti en octobre 1938 est animé d'une version plus puissante de célèbre quatre cylindres "85" de 2383 cm3 développant 56 chevaux ; il entraîne la voiture à plus de 125 km/h ce qui à l'époque est une belle performance dans cette catégorie des 14 CV fiscaux.
- La charmante Annie Verneay pose au côté de son cabriolet Primaquatre Sport. Revêtu d'une peinture bi ton hors série, ce dernier lui vaut un premier grand prix. Espoir du cinéma français, elle est une habituée des concours d'élégance automobile de l'immédiat avant-guerre.
Primaquatre Sport Saprar.
- Ce deuxième roadster Saprar est confié à Micheline et Jeannine Pourtout dont le père, réputé styliste et carrossier a construit la voiture dans ses ateliers de Rueil. Un an plus tard cette même voiture conduite par Jeannine Pourtout se retrouvera sur les routes encombrées de l'exode...
- Michèle de Lascoumette présente un cabriolet Saprar identique à celui de Madame Jacques Fath. D'après l'excellent spécialiste de la carrosserie française qu'est Alain Dollfus, les archives de la carrosserie Pourtout mentionnent la fabrication de 9 roadster et 15 cabriolets entre Mars et Septembre 1939. Aucun ne semble être parvenu jusqu'à nous.
- Sous tous les angles cet étincelant cabriolet Primaquatre Sport Saprar présenté par la très élégante Madame Jacques Fath, femme du couturier, suscite l'admiration. Avec ce modèle les responsables de la Saprar font réponse à la 402 Darl'Mat du constructeur de Sochaux.
- Ce splendide roadster Primaquatre Sport Saprar présenté par la lumineuse Lucienne Radisse, remporte un troisième grand prix. La similitude de lignes entre la Peugeot et la Renault est très évidente, la calandre en étrave de cette dernière apportant toutefois une touche d'agressivité supplémentaire.
Les Viva Grand Sport.
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- Garée devant la voiture de Madame Tixier-Vignancourt ce cabriolet Viva Grand Sport est présenté par Mademoiselle Lurig. En 1939, un tel équipage est le rêve de bien des jeunes gens. Vendu 55 000 F, cette luxueuse auto n'est hélas pas à la portée de toutes les bouses. Ce prix est cependant très inférieur à celui d'un cabriolet Hotchkiss qui atteint 63 800 F.. Ne parlons même pas d'une Delage, d'une Delahaye ou d'une Talbot...
- Devant son cabriolet Viva Grand Sport, Madame Tixier-Vignancourt souffre visiblement de l'ardeur du soleil de Juin . Elle n'en remporte pas moins un deuxième grand prix. Au sommet de la calandre de son véhicule, figure l'étoile qui, sur toutes les voitures de luxe produites par Renault, remplace le célèbre Losange.
- Rarement observée la peinture bicolore n'enlève rien à l'élégance de ce coach décapotable Viva Grand Sport présenté par la comtesse d'Oncieu de Chaffardon. Ce type de carrosserie, très spacieux est alors fort appréciée de la clientèle de la marque. Une fois de plus , à 59 000 F, son prix de vente s'inscrit favorablement dans sa catégorie. Chez Delahaye un cabriolet 4 places réalisé par Henri Chapron revient au bas mot à près de 90 000 F.
- Contrairement à la berline, au cabriolet ou au coach, le coupé Viva Grand Sport connaît une carrière discrète. Il s'agit d'ailleurs d'un modèle à éclipse. Même si sa diffusion est rare, cette charmante femme qui se tient à sa portière, sans doute sa conductrice, semble en apprécier l'esthétique et le confort typé sport.
Les Suprastella.
Nous sommes ici au sommet de la gamme Renault... Il y a 86 ans l'élégance en Losange ...
- Présentée par Colette Clauday, ce cabriolet Suprastella Type ABM 8 constitue à l'évidence une monture impressionnante récompensée par un troisième grand prix. Son long capot abrite un 8 cylindres en ligne à soupapes latérales de 5448 cm3 développant 110 chevaux à 2800 tr/mn. Il autorise une vitesse de pointe de 145 km:H. Vendu 90 000 F., il coûte à lui seul le prix de plus de quatre Juvaquatre !...
- Après être passée devant le jury, la vicomtesse de Daucourt regagne son coach décapotable Suprastella. Coiffé d'une casquette sur laquelle on peut lire " L'intransigeant", le chasseur s'apprête à ouvrir la portière ....
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Voici donc Plus de quatre-vingt-cinq ans en arrière, cet autre regard sur la Femme et la féminité, sur l'automobile et son attractivité... On les veut ici, l'une et l'autre élégante, la personne et l'objet ; quelle singulière façon de juger à partir d'un même qualificatif attribué à un être vivant et une chose mécanique... Mais voilà, à l'ère de l'aérodynamisme naissant, l'esthétique se considère autant dans l'apparence d'une personne que dans l'allure d'une automobile : elle est classe, elle en jette, elle a de la gueule, elles est smart, elle est typée, quelle ligne ! Superbe ! Alors on les associe pour que, dans des défilés et concours d'élégance à la fois élitistes et grands publics, l'une mette en lumière l'autre et réciproquement. La femme serait-elle un faire-valoir pour l'automobile ou cette dernière un imposant élément de décor pour mettre en évidence sa grâce et son élégance ?
A cette veille de la deuxième grande guerre, l'automobile est dans son âge d'or, seulement accessible aux classes les plus riches de la société. L'auto n'a, à cette époque, que son aura de populaire. Elle fait rêver et bailler d'admiration ceux qui n'ont que la possibilité de les regarder sans pouvoir prendre la route avec... ce n'est qu'après guerre que l'automobile se démocratisera.
L'élégance, elle, se conjugue avec un état d'esprit marqué par l’esthétisme et le bon goût, souvent soumise à une mode, elle évolue avec les époques. Bien sûr, elle s'allie aussi à la beauté naturelle des femmes et stylistiques des objets.
De ces concours, il nous reste aujourd'hui, quelques reportages photographiques et cinématographiques. L'objectif des reporters photographes a, ici, parfaitement saisi et transmis jusqu'à nous, ce panel de clichés monochromes fort réussi, soulignant la parfaite élégance des femmes et des autos de cette cet Été 1939...