Vue générale de la grande nef éclairée par un immense lustre central rose et blanc imaginé par l'architecte André Granet. Au premier plan, le stand Citroën est à l'honneur avec laprésentation des toutes nouvelles Traction... - . Plan des stands des marques présentes à ce 28e salon de l'automobile au Grand Palais à Paris.
Du Jeudi 4 au dimanche 14 octobre 1934, le 28e salon de l'automobile se tenant au Grand Palais à Paris, réserve à ses visiteurs de nombreuses nouveautés esthétiques et techniques, plus d'une trentaine de modèles inédits y font leurs débuts. Les constructeurs français sont au nombre de 28 de la marque Amilcar à Voisin. Au total ce sont 142 véhicules de l'année modèle 1935 qui sont présentés sur les stands répartis sous le dôme et les voûtes en plan croisé de la célèbre grande verrière.
L'automobile change de visage, c'en est fini avec les carrosseries carrées ces caisses issues du genre hippomobile, les courbes s'imposent, les lignes s'arrondissent et s'étirent vers l'arrière, galbant les ailes, s''incurvent aux extrémités des pavillons de toits.
La voiture doit fendre l'air, les calandres, cache-radiateurs, sont de moins en moins plates et prennent la forme d'étrave, les phares obus aux glaces bombées suivent cette tendance qui adoucit les profils, certains s'inscrivent dans les ailes avant. Les roues de secours ont quitté les emplacement latéraux sur l'amorce des marche-pieds qui commencent à disparaître, pour prendre place sous un couvercle moulant, sur la malle laquelle s'incline de plus en plus dans le prolongement des ailes fuyantes à l'arrière.
Amilcar et Bugatti... 2 spécialiste de l'automobile sportive, le premier à partir de voiturettes de petites cylindrée, le second à partir de bolides de grosses cylindrées.
Au salon de 1934, Amilcar dont les usines sont implantées à Saint-Denis, présente sa nouvelle "Pegase" à moteur 4 cylindres de 2L On remarque, suivant la tendance du moment, le galbe des ailes s’étirant vers l'arrière, les courbures de ligne de toit et la curieuse positon des phares jumelés en haut de la calandre dont la base s'incurve pour se lier à la racine des ailes.
Bugatti expose le prototype en avant-série du coupé Atalante type 57 C qui verra le jour en 1936. Le style sport se singularise par les lignes courbes les ailes galbées et profilés , un habitacle de forme bombée au pare-brise plat très incliné. La célèbre calandre en forme de fer à cheval, toujours plate, sera remplacée par une, en étrave, sur le modèle définitif ; de part et d'autre, les phares se logeront dans une boursouflure interne à l'intérieur des ailes avant .
Depuis le début de l'année 1934, en dépit de ces nouveautés, la firme du quai de Javel connait de grosses difficultés financières. C'est dans la précipitation que sont mises au point les premières Traction déclinées en 7, 11 et 22 chevaux. Elles apparaissent bien sur le stand qui fait face à celui du grand rival Renault, entreprise industrielle, elle, en excellente santé financière.
Quelques mois plus tard, en Juillet 1935, meurt André Citroën, brillantissime ingénieur mais dont la propension aux jeux d'argent, a conduit son entreprise à la faillite. C'est Michelin qui reprendra les rênes de la firme au double chevron.
La Citroën Traction innove une nouvelle ère automobile au niveau du style et de la technique. Surbaissée et autoportante la carrosserie créée l'unité stylistique. Cette auto est bien proportionné au niveau des volumes : compartiment moteur et habitacle. La voiture apparait immédiatement séduisante. On a envie de monter à bord et d'en prendre le volant pour, suivant l'expression du moment "brûler le pavé" ... Lignes harmonieuses, courbures maîtrisées, calandre bien dessinée, pas de rajouts superflus, sur le pan esthétique la T.A. est la réussite totale qui fait l'unanimité. Il faudra bien plus de temps pour accomplir la mise au point définitive sur le plan mécanique. Néanmoins, c'est une carrière de 23 ans qu’entame cette belle présentée en divers types de carrosserie à ce 28e salon de l'automobile.
Menacée de disparaitre en 1935 les automobiles Delage produites depuis plus de 30 ans, jouissent pourtant d'une excellente réputation dans le monde entier. La crise du début des années 30 ne permet pas à une clientèle même aisée d'acheter en nombre suffisant, ces voitures de qualité et de belle finition dont le coût de production est élevé. C'est le principal concessionnaire de Delage, Autex dirigé par l'Anglais Walter Waltney qui renfloue l'entreprise. Peu après, n'étant pas constructeur, ce dernier ne pouvant seul tenir l'entreprise, la revend à Delahaye.
Dans la foulée de ses quatre records du monde décrochés cinq mois plus tôt à Montléry, Delahaye qui fait partie des plus anciennes marques, se présente au Salon de Paris 1934 avec une nouvelle image encore plus sportive. Ces voitures de 12 et 18 CV Super-Luxe ont aussi bonne renommée et attirent une clientèle sportive.
Du point de vue esthétique, ces jolies voitures, tout en suivant la mode du moment, ne versent pas dans l'outrance aérodynamique et se contentent de caisse surbaissées, inspirées par les modèles de compétition. Le style reste sage, plutôt classique, néanmoins élégant.
De la voiture de prestige à la traditionnelle, le standing à la grande et moyenne échelle... les marques en "H" sont toujours bien inspirées...
La filiale française d'Hispano a été créée en 1911. Sûr de son prestige et de ses méthodes d'usinage irréprochables, la firme Hipano-Suiza poursuit la production de ses énormes six et douze cylindres capables de rivaliser avec les meilleures Rolls-Royce.
Depuis 1903, qu'elle construit des automobiles, la Firme Hotchkiss peut se flatter e posséder une expérience technique sérieuse à laquelle s'ajoute un souci réel de construire des modèles irréprochables dont l'usinage se contrôle à tous les niveaux. Connues et appréciées comme "voiture du juste milieu" les Hotchkiss, quatre et six cylindres évoluent sensiblement à ce salon 1934 et sont très performantes.
Haute couture chez le constructeur de Bois-Colombes qui s'inspire encore des caisses carrées nanties d'ailes étirées. On remarquera, en bas de page, la carrosserie très originale de cette 32CV sortie en 1935, dotée de baies latérales panoramiques cintrées, une courbure épousant la ligne de pavillon de toit.
Moins audacieuses en style innovant, les Hotchkiss suivent la tendance du moment, en courbant légèrement ses lignes et en donnant du bombé à sa calandre tout à fait identitaire de la marque du constructeur de Saint-Denis. Les appellations des différents modèles portent le nom de stations balnéaires ou thermales comme "Cabourg", "Hossegor", "Biarritz", ou "Vivhy".
Une marque à l'appelation fabuleuse que La Licorne marque fondée en 1901 - L'année 1934 correspond à de grands bouleversements pour les marques Ford et Mathis qui viennent de conclure un accord le 1er octobre donnant jour à la nouvelle société française Matford.
Spécialisée dans la production de voitures fiables et agréablement dessinées, La Licorne dont les usines sont situées rue Mathilde à Courbevoie, s’adresse à une clientèle calme que les hautes performances n'intéressent guère.
Émile Mathis est un constructeur alsacien qui a commencé à produire des automobiles pendant l'annexion se l'Alsace-Lorraine. Lorsque ce provinces redevinrent françaises au lendemain de la première guerre mondiale , il y avait déjà une dizaine d'années que Mathis produisait des véhicules à moteur sous son propre nom. C'est suite à des déboires financiers, à ce premier tiers des années 30, que pour relancer son affaire, Mathis se tourne vers Ford lequel profite de la fusion pour améliorer les moyens de production de sa filiale française sise à Asnière.
Les carrosseries de La Licorne ne semblent pas encore marquées par cette mode des profils aérodynamiques et sont encore inspirées par le plan carré ; seul, le dessin des ailes le souligne de ses courbures et étirements. Entre, Le marche-pied, est toujours de mise. C'est encore le temps où l'on monte en voiture !...
Les Ford de la filiale française étaient le pus souvent carrossées par Kellner mais les Matford fabriquées dans les nouvelles usines de Strasbourg, font appel au carrossier Gangloff dont les ateliers se trouvent à Colmar, pour habiller ses nouveaux modèles dont on aperçoit, en bas de page, ce magnifique coach décapotable. La modernité contenue des lignes sans extravagances est, ici, empreinte d'élégance.
Lancées 6 mois avant l'ouverture du salon, les Panhard "Panoramiques" figurent pour la première fois au Grand Palais. - Très équilibrée , la gamme 1935 du constructeur de Sochaux se compose de quatre modèles régulièrement échelonnés de 7 à 12 CV.
Panhard comme Peugeot commencent à s'intéresser à l'automobile dès 1889. Ce sont les deux plus anciennes marques françaises présentes à ce salon 1934. De 14 à 35 CV fiscaux, la gamme des Panhard est constituée de grands modèles, grosses berlines et grandes limousines, couronnées par la 8 cylindres en ligne de 6,3 l, de compétition détenant le record du monde de vitesse à 214, 064 km/h établi le 4 février 1934.
Les Peugeot de cylindrée bien plus modeste s'adressent à un public plus large des classes plus populaires, comprenant commerçants, artisans, fonctionnaires et une frange de la moyenne bourgeoisie. Comparé à Panhard, ce sont des modèles bien plus standards mais de conception mécanique rigoureuse. De la petite 201 à la 601 Eclipse, les Peugeot sont des voitures fiables.
Du point de vue du style, Les Panhard sont plus conventionnelles ; mis à part l'originale pare-brise panoramique aux glaces bombées à chaque angle, prolongeant l'espace vitré sur les parties latérales, elles restent conforme au plan carré quant aux volumes compartiment moteur et habitacle. Seules les ailes reliées par un généreux marche-pied épousent galbes, rondeurs et étirement vers l'arrière. A remarquer les angles arrondis du cadre vitré en inox des portières ; joli effet de chromes comme l’entourage du pare-brise. L'imposante calandre en étrave se dresse entre deux phares imposant disposés assez bas comme sur les Peugeot. L'année suivante, la marque d'Ivry révolutionnera le genre avec ses nouvelles "Dynamic"
Peugeot dote toutes ses conduites intérieures de nouvelles carrosseries dont la partie postérieure - surnommée "queue de castor" - épouse une forme très bombée se terminant par un rétrécissement à la base et couvert d'un cache roue de secours tôlé ; cet arrière, ainsi dessiné, intègre le coffre à bagage qui devient l'un des premiers accessibles de l'extérieur. Faiblement en étrave, la calandre s'incurve légèrement dans sa partie inférieure. De chaque côté, assez proches l'un de l'autre, les phares occupent une place plutôt basse. On les retrouvera côte à côte, sous la calandre très bombée de la nouvelle 402 super aérodynamique, surnommée le "fuseau Sochaux" modèle, à ce moment, en gestation qui sera produit au cours de l'année 1935.
Grand rival de Citroën, Rnault réplique de façon imposante en présenta ses nouveaux modèles d'une gamme très élargie chapeauté par ses hyper-aérodynamiques : Viva et Nerva Grand Sport.
Le catalogue Renault de 1935 comporte pas moins de 10 modèles de la Celtaquatre à la Nerva Grand Sport. Ce sont là les plus stupéfiants modèles inspirés par les contraintes de l'aérodynamisme, les lignes courbes, les arrondies, les rondeurs et les galbes, Renault les porte à leurs apogées sur son haut de gamme. Ça attire l’œil des visiteurs pantois.
De l'imposant compartiment moteur s'étendant de la grande calandre en étrave inclinée entre les deux projecteurs encastrés dans les ailes, jusqu'au pare-brise convexe, en deux parties, les Viva et Nerva Grand Sport, ont adoptée l'arrondi parfait, excluant les arêtes et autres angles saillants. Des auto pour fendre l'air, des silhouettes qui tutoient l'aéronautisme que, plus exactement, en matière de profilage, elles précèdent...
Ces Renault Sport sont certainement les automobiles les plus abouties et représentatives de l'aérodynamisme présentées à ce salon1934. Mais, très curieusement, leurs évolutions au cours des années suivantes seront bien moins marquées, le constructeur de Billancourt revenant à un style plus conventionnel, bien plus classique, tout en tentant de rester dans le vent ...
Salmson dont les usines se tiennt aussi à Billancourt, est le seul constructeur français à produire en série une voiture à moteur 4 cylindres avec double arbre à cames en tête. - Depuis qu'il a repris la direction des usines Talbot de Suresne, au cours de l'hiver 1933-34, Anthony Lago n'a pas ménagé ses efforts pour restructurer sa gamme présentée au 2 8e salon de l'Auto.
Après avoir produit des moteurs d'avions, Salmson s’intéressa à l'automobile au lendemain de la première guerre mondiale. Après avoir produit des des petites voitures sportives au cours des années "20", c'est au début des années 30 que le constructeur, installé, Rue du Point du Jour à Billancourt, se cantonne à ne produire qu'un modèle unique animé par un moteur de 1300 cm3 puis de 1450 cm3, des mécaniques très brillantes par leurs performances en considération de leurs puissances spécifiques. Dotée d'une suspension à roues indépendantes à l'avant, ces voitures, sans être à vocation sportive, restent d'excellentes routières, capables te tenir une bonne moyenne sur route, comparable à celle de voitures de plus grosses cylindrées.
Talbot est bien plus axé sur la construction de voitures sportives. Ici la T150 Grand Sport préparé par Figoni sur un châssis surbaissé, a fière allure. Avec son moteur 3l. de 17cv fiscaux, cette jolie monture atteint les 150 km/h !...
Question style, nous constatons que Salmon reste dans les standards de l'époque alors que chez Talbot, la vocation sportive étire les lignes, accuse les galbes et le prolongement des ailes, puis infléchit les poupes suivant une inclinaison en pente douce jusqu'au pare-choc.
Dans les usine de Puteaux près de Paris, Unic fabrique des voitures sérieuses de moyenne cylindrée de 11 à 17 cv fiscaux. Réputé pour ses excellents moteurs d'avion, la firme Vosin dont les usines sont implantées à Issy-les-Moulineaux a été victime d'une mauvaise gestion de la part d'investisseurs étrangers. Au salon de 1934, reprise par son créateur, l'ingénieux Gabriel Voisin, l'ensemble de la gamme de ses voitures de luxe, est centrée sur le prototype "Aérodyne".
Unic est une marque d'automobiles, fondée par Georges Richard en 1905, qui produit surtout des camions. ce qui, après une parenthèse au milieu des années "30" se retrouvera dans l'après-guerre, jusqu'aux années "70", Au Salon 1934, Unic présente deux modèles les U4 et U6. La silhouette de ces voitures, malgré quelques retouches au niveau du pavillon abaissée, aux coins légèrement arrondis, et de la calandre s'incurvant à sa base, reste démodée.
Conscient de la mauvaise santé de sa firme, Gabriel Voisin, veut, à l'occasion du Salon de 1934, frapper un grand coup pour se replacer à l’avant-garde de l'actualité automobile. Sur son stand, il présente l'Aérodyne et ses dérivées... aux lignes à la fois futuristes et extravagantes... Étincelante, dans sa livrée rouge et blanche, la C25 exposée au Grand Palais, diffère de la première Aérodyne par de nombreux détails : ailes avant plus enveloppantes, phares plus bas, marche-pieds débordant davantage, ceinture de caisse plus haute et arquée, finissant à l'arrière par une nouvelle moulure, surface vitrées latérales moins généreuses, hublots circulaires s'alignant sur le toit créant une ambiance lumineuse dans l'habitacle.
Merci à la Revue "Automobilia" N° 9 Spécial Salon - Un aperçu du Stand Renault face à celui du Stand Citroën dans la grande nef du Grand Palais.
Pour conclure, n'oublions pas qu'à ce milieu des années 30, l'Art Déco est à son apogée et influence esthétiquement tout ce que l'art regroupe au niveau de l'architecture extérieure et intérieure, les styles de mobiliers, celui des premiers appareils ménagers, des postes de TSF, phonographes en même temps que les véhicules terrestres : trains et automobiles, avant que cela ne s'adresse aux avions au niveau des carlingues mais dont les ailes, à l'inverse de celles des voitures qui se courbent et ondulent, restent rigoureusement plates, portance oblige... L'aérodynamisme a fait une entrée très remarquée au Salon de Paris en octobre 1934.
Avant de se démocratiser au cours des années 50-60, l'auto encore réservée à une élite à ce milieu des années 30, se singularise de plus en plus au niveau de son esthétique axée sur la rondeur. Nouveaux effets de mode, elle est mise encore plus en valeur lors de nombreux défilés publics, en pleine rue, l'associant à l'élégance féminine. L'auto, qui suit la mode, se doit alors d'être à la fois belle et dans le vent !...