Cette année encore, Septembre nous offre des journées radieuses, chaudes et particulièrement ensoleillées... c'est Marveille !...
Ce qu’il y a de délicieux avec les saisons, c’est qu’elles permettent aux paysages de se modeler sur des variations de formes, de couleurs, de sonorités et d’ambiances, dirons-nous, pour résumer …
Ainsi en ce début septembre ce n’est pas encore l’automne mais ce n’est plus tout à fait l’été …
Moment de transition dans le passage d’une saison à l’autre qui nous vaut cette lumière bien particulière au cours de ce mois ; un éclairage posant sur nos paysages des tonalités chaudes, déjà ambrés … En regardant les frondaisons on perçoit déjà ce qui va faire la force des couleurs automnales…Oui, j’adore ce moment entre deux saisons, ce merveilleux instant où l’Été devient Automne. Douce métamorphose qui ne peut que nous faire apprécier ce moment de la rentrée…
Eh oui, c’est la rentrée ! … Finies les vacances … pour la plus part d’entre-nous… Papa, Maman ont repris leurs activités professionnelles, les tâches quotidiennes dans la maison et, les enfants, le chemin de l’école …
Me voilà replongeant plus de 65 ans en arrière… je me revois petit écolier allant en bicyclette à l’école communale des garçons de Marigny Brizay (Vienne). Nous habitions Saint Léger La Pallu à 3 kilomètres… C’était l’année scolaire 1954-55 … Nous étions un petit groupe de ce village à faire la route matin et soir… Un grand de 14 ans, qui était en classe de fin d’étude, faisait respecter la discipline sur la chaussée et veillait à ce que nous roulions bien en file indienne…
A l’arrivée , route d’Ouzylly, le « père » M. attendait devant l’école à mi côte et veillait à ce que nous ne nous déportions pas à la sortie du virage, d’où nous surgissions à notre arrivée .. En passant devant lui nous le saluions poliment, enlevant le béret, la casquette ou le passe-montagne. Si on oubliait la formalité, il nous rattrapait par le col et nous disait. Alors Untel, tu ne dis pas bonjour ce matin ?… - Euh, si M’sieur… bonjour monsieur M. ! - Bonjour Untel ! File vite maintenant !… Et nous rentrions dans la cour …
Je me souviens de l’odeur de la classe, un mélange de craie, et d’encre violette, des vieux pupitres lustrés part tant de manches de blouses grises …
Récitation du matin, une première leçon de grammaire puis, exercice dans le cahier du jour, la récrée, les jeux de groupes, les parties de billes auxquelles notre instituteur prenait part ou qu’il arbitrait avec passion … Toute une atmosphère de potache inoubliable. De toutes mes années scolaires c’est celle qui m’a laissé les plus merveilleux souvenirs…
A 17H30, nous étions de retour à la maison. Une bonne tartine de confiture, suivie d’un moment de jeux libres, puis c’était l’heure de faire les devoirs, d’apprendre les leçons. Une gentille maman y veillait et m’aidait parfois quand j’étais en difficulté... mais il fallait d’abord chercher pas soi-même, poser des questions, s’interroger … Oui, c’est beau l’enfance, c’est beau d’apprendre, C’était chouette la rentrée ! …
Il est vrai qu’à cette époque la rentrée se faisait début Octobre, juste après les vendanges …Nous étions encore en vacances scolaires au mois de Septembre, les grandes vacances ne débutant qu’au 14 Juillet où il fallait être présent à la distribution des prix qui avait souvent lieu ce jour là …
Quand une dizaine d’année plus tard, je me suis retrouvé comme jeune éducateur au Centre Saint Martin, c’est avec un immense plaisir que j’ai retrouvé cette ambiance bien particulière de vivre les saisons qui rythmaient notre vie et celles de nos compagnons …
Au cours des années « 80 », le dimanche matin, après le petit déjeuner, je faisais une heure de chant avec nos résidents ayant trouvé des textes (poésies) mises en chansons qui illustraient parfaitement la nature de chaque saison…
En voici, une, toute simple, que j’aimais particulièrement et qui colle magnifiquement à l’ambiance de ce joli mois de Septembre
Beau jour de Septembre
D’or de miel et d’ambre,
Dont l’immense ciel
Semble une coquille
Où s’irise et brille
L’or, l’ambre et le miel !
Parfois le vent cueille,
Aux bois une feuille
De miel, d’ambre et d’or,
Qui tournoie, et douce,
Effleure la mousse
Et voltige encor,
Puis se pose lente,
Sur la berge en pente
Au pied d’un bouleau,
D’un bouleau qui cambre
Au ciel de Septembre
Son reflet dans l'eau
De miel, d'or et d'ambre.
Texte de Fernand Gregh (Le Mot du Monde 1957)
Musique de James Ollivier (1933 - 1997) - (Registre Les saisons – Collection le Paradisier 1985)
Ayant fait des études d’art dramatique au conservatoire de Reims, James Ollivier a d’abord été comédien avant de chanter au cabaret et d’obtenir un grand prix du disque. Il met en musique les poèmes qu’il aime et il en fait de merveilleuses chansons qu’il interprète en s’accompagnant lui-même.
Comédien, compositeur, interprète, musicien accompagnateur, il peut ainsi présenter des spectacles où il est autonome : avec une guitare et un livre de poèmes, sans avoir besoin de la machinerie lourde de la mode, il peut aller au bout du monde ; et d’ailleurs, il y va souvent , il travaille avec les ambassades de France à l’étranger .
Mais il retrouve aussi souvent le public français, les enfants en particulier, auxquels il facilite la rencontre avec la poésie, en venant chanter dans les écoles et collèges.
Personnellement j’affectionne sa voix chaude et mélodieuse (ressemblante à celle de Jean Ferrat) qui est tout à fait en harmonie avec cette merveilleuse ambiance de l’automne à naître …