Autour du Cheval... Savoir-faire d’autrefois.
De monte ou de trait, dans le monde rural il était l'indispensable allié du paysan... lui permettant de se déplacer, de transporter tout ce qui tient à la production agricole et surtout d'être l'être fort, attelé aux tâches les plus rudes que commande l'ensemble des travaux des champs.
Autour du cheval on recense un nombre appréciable de métiers allant du palefrenier au maréchal-ferrant, du laboureur au vétérinaire, autant de corporations dont la mission consiste soit à soigner et entretenir la santé et la vigueur de ce noble animal, soit à savoir l'utiliser pour accomplir labours, hersages, fenaisons, transports de fourrage et déplacements aux foires.
Autant de services rendus exigent un soin et un suivi attentif de la part du propriétaire du cheval et, en conséquence, une parfaite connaissance et maîtrise de l'animal et de ce qui lui est « greffé » pour la traction d'outils araires et autres véhicules hippomobiles : tombereau, charrettes diverses, ou bétaillère genre tilbury...
A tout loyal serviteur, un bon maître accorde le gîte et le couvert, eh bien, pour son cheval, le fermier couvrira aussi ces besoins vitaux et plus encore, il prodiguera des soins réguliers et récurrents, nécessaires pour le bien être et le maintien en bonne forme de son valeureux « associé »...
C'est à l'écurie que loge le besogneux équidé, un abri lui permettant de rester bien au sec, au chaud en hiver et, à l'ombre bien au frais, les nuits d'été. Sa litière est changée quotidiennement, son râtelier bien fourni en picotin… voilà pour le gîte et le couvert !...
Mais à la tâche il prend de bonnes suées, il se salit, poussières et parasites viennent altérer la robe et la peau du cheval. Après chaque séance aux travaux de la terre, de retour à l'écurie, une fois déharnaché, il convient de pratiquer un pansage efficace pour débarrasser l'épiderme des impuretés, des accumulations de résidus de sueurs sous les harnais ou sous la selle. Avec l'étrille, on frotte vigoureusement la peau dans le sens du poil en insistant sur les endroits souillés, aux endroits fragiles tels que les jambes. Ce passage de l'étrille se fait avec précaution pour ne pas entamer la peau. Préalablement, si le cheval a beaucoup transpiré il convient de le bouchonner avec une poignée de paille pour le sécher. Après le passage de l'étrille, il faut encore le brosser toujours dans le sens du poil, en portant plus d'attention aux parties les plus fragiles : jambes,genoux et jarrets. Il reste à essuyer le chanfrein ainsi que la région sous la queue avec un linge propre trempé dans l'eau et bien essoré ; éventuellement, on peut ajouter un peu de savon pour laver la queue si elle est particulièrement sale mais il faudra rincer à l'eau claire. Enfin, on peigne soigneusement la crinière et la queue en se tenant en retrait sur le côté et non derrière le cul du cheval qui pourrait décocher une ruade impromptue…
Qu'il soit dans un paddock ou bien au box, les sabots du cheval exigent un soin quotidien. Il convient déjà d'enlever le fumier et les débris de toutes sortes, les cailloux, qui peuvent se loger entre la paroi et la sole ou sous la fourchette (la partie sensible à l’arrière du sabot). Il faut également s’assurer que les fers tiennent bien et que la corne du sabot n’a pas trop poussé.
Ceux-ci doivent être rabotés et ferrés toutes les 6 à 8 semaines. Leur poussée, comme les ongles, est longue : de 05 à 1 cm par mois. A savoir que la pince pousse plus vite que le talon. On comprend alors que si la pince devient trop longue, le poids du cheval sera basculé vers l’arrière (pied-talus) ceci change les aplombs ce qui
peut endommager pieds et jambes du cheval. Sur un cheval non ferré, le sabot qui a trop poussé, peut alors se fendre, provoquant des fissures ou «séismes». C’est le forgeron ou le maréchal-ferrant qui sont les seuls, aptes à effectuer le limage du sabot et la pause de nouveaux fers parfaitement adaptés à l’empreinte du sabot. C’est un travail de spécialiste résultant d’un long et rigoureux apprentissage.
Le cheval au labeur : traction et labours…
Savoir atteler et mener son cheval exige qu’il reconnaisse la voix de son maître et apprenne à lui également du temps et de la maîtrise, une maîtrise qui se dirige non seulement sur l’animal mais aussi sur soi en tant que conducteur. Autrefois cet apprentissage se transmettait de père en fils, de maître à servant ou valet. Les premiers faisant profiter les seconds de leur expérience. Aujourd’hui, la conduite d’un attelage est affaire de spécialistes qui excellent dans les concours…
Il faut savoir qu’un attelage bien rompu et entraîné à cette activité, peut devenir rétif avec un mauvais conducteur. Les rudiments de cette pratique tiennent déjà dans le langage qui recense les principaux commandements faits à l’adresse du cheval. En français, le cheval doit comprendre : Hue ! (avance !) - Ho ! (arrête !) - Hue dia (à droite !) -Hue ho ! (à gauche !) et Lève-toi ! Il existe des variantes locales.
Pour bien mener un attelage il est recommandé de maintenir les guides d’une main souple mais ferme en les tenant tendus sans trop et en évitant de tirer trop fort sur les rênes pour ne pas blesser la bouche du cheval.
Rien ne sert de brusquer un cheval récalcitrant. Toujours lui parler doucement et calmement afin obéir. Il faut du temps pour que l’osmose se fasse entre le cheval et son meneur. A chaque arrêt prolongé, retirer les harnais soulage le cheval qui peut alors se détendre.Un cheval attelé doit rester sous surveillance constante. Pour l’immobiliser temporairement on utilise la bride mais en aucun cas la bricole ou la sous-ventrière.
Il faut savoir que des chevaux demeurés longtemps oisifs au cours de l’hiver doivent être remis en condition progressivement et être réhabitués graduellement à l’attelage.
Paysans, laboureurs, meneurs d’attelage, autrefois, avaient, de façon innée, le bon contact avec leurs chevaux et, nombre d’entre eux, les considéraient comme des compagnons de travail, silencieux, capables d’efforts importants, d’indispensables collaborateurs pour transformer les sols et embellir les espaces cultivés de nos paysages…
Illustrations réalisées à partir de : « L’Art de Vivre au temps jadis » -Sélection du Reader’Digest -