Je ne connaissais pas cette Auteure. C'est en faisant mes courses au supermarché que dans le rayon livres, j'ai choisi ce roman, la lecture, comme pour bon nombre de nos concitoyens est activité privilégiée en cette période de confinement...
J'ai pris énormément de plaisir à cette lecture tant par le sujet que par le style d'écriture, clair et enlevé de l'auteure. Un ouvrage bien chapitré aux titres reprenant des locutions ou des sentences proverbiales souvent humoristiques car il faut surtout dédramatiser le décrochage scolaire dont est victime le héros de ces pages, Gugus indécrottable cancre sans cesse déprécié par ses maîtres et professeurs d'école et de collège mais fortement soutenu et encouragé par sa mère Noémie.
Gustave a une sœur, Joséphine, tout à l'opposé de lui par ses résultats scolaires, elle brillante élève, tient le haut du classement s'inscrivant en permanence au tableau d'honneur. Ah bien sûr, quelque peu pimbêche, elle snobe son petit frère qui, rêveur permanent, a bien du mal à intégrer et assimiler les rudiments de la matière scolaire particulièrement avec l'orthographe et le calcul... des notions trop abstraites pour ce petit personnage qui répond, réplique et réagit sur un autre mode, en d'autres termes et avec des contenus, plus proches d'une façon poétique de saisir les réalités de l'existence. Gugus apprécie surtout les oiseaux, eux qui volent et voient le monde d'en haut… ceci expliquant cela, tel point de vue, face aux choses, entités et lois physiques de ce monde, n'est pas le même voyez-vous, ce n'est pas ce point de vue formaté par la pensée unique, dans les réponses que l'on attend de tout le monde...
Classé comme cancre indécrottable, Gustave travaille pourtant avec acharnement, fait de réels efforts en classe et à la maison pour s'en sortir et surtout pour faire plaisir à sa mère à qui il ne veut jamais faire de peine, mais ça n'entre pas et il joue de malchance en cumulant les mauvaises notes et en commettant bien trop de bourdes. Ses maîtres puis ses professeurs ne le comprennent pas, ne voient en lui qu’incapacité à suivre le cursus scolaire. Colles, punitions n'y font rien... Gustave est tenu à l'écart autant par les enseignants que par les élèves de sa classe. Il n'a qu'un seul ami… Sekou , cancre comme lui...
Les convocations de ses parents aux rencontres avec les professeurs se soldent toutes par les larmes mais aussi la rage de Noémie qui pense que son fils est capable et suffisamment intelligent pour suivre les cours et progresser régulièrement…
Point d'orgue de cette détresse maternelle face au Principal du collège où Gustave vient d'effectuer son premier et désastreux deuxième trimestre en classe de 6e :
« - C'est trop compliqué, Gustave a vraiment trop de retard. Les bases ne sont pas là. On n'a rien sur quoi construire. Il aurait dû redoubler avant : on ne peut rien faire aujourd'hui avec le rythme et les exigences du collège.
Devant la mine renfrognée de Noémie, il s'était radouci et avait tenté une approche latérale :
- Il y a des problèmes à la maison qui justifieraient son manque d'investissement ? Vous arrivez à être présente le soir pour l'aider avec les devoirs ? Ou le Papa peut-être ?
Noémie s'était sentie submergée par un sentiment irrépressible de culpabilité. Elle avit fait de son mieux, mais c'était devenu trop dur. Elle était à court de solutions, et d'énergie. Le Principal l'avait poussé vers l'unique voie qu'il estimait possible.
- Il n'y a qu'une issue qui soit bonne pour lui et pour vous, car je vous sens fatiguée : l'aménagement dans une classe avec des élèves comme lui, puis ce sera la réorientation, dès que possible , vers une voie professionnelle. Ça lui ira mieux. Ça ne sert à rien de s'acharner, il s'épuise lui aussi. La mère avait balbutié :
- Mais il n'est pas nul, il est intelligent même. Il n'est peut-être pas fait pour l'école , mais il connaît plein de choses...
- Vous avez raison, il n'est pas nul, et le système scolaire ne lui convient pas. C'est pour ça qu'on va l'aider à trouver sa voie.
Me Pinçard marqua une pause avant de reprendre :
- Vous l'avez dit vous-même, il n'est pas fait pour l'école, sortons-le de là au plus vite. Signez.
La mère avait attrapé d'une main tremblante le stylo que lui tendait le Principal et signé l'autorisation. Elle acceptait de le réorienter à la fin de la 6e en classe spécialisée. Pur les cas sans espoir.
Elle était donc sortie du bureau en larmes, sous les yeux de Gustave, inquiet pour sa mère, qui ne pouvait pas deviner ce qui venait de se passer.
Elle qui lui avait toujours tenu la main, venait de la lâcher. »
Échec de Gustave, pourtant doué à ce jeu de plateau où il bat régulièrement sa sœur, échec de Noémie sa mère abandonnée par le père et qui ne dispose plus assez de temps pour aider et stimuler son fils mais aussi échec des enseignants et du système scolaire, insuffisamment à la hauteur pour permettre aux élèves décrocheurs de réintégrer à temps le bon palier de leur scolarité.
Nous en sommes là, page 174, à la moitié du livre... à ce moment de grande tension et de vives émotions. Gustave va-t-il être dirigé vers cet « enseignement au rabais » qui limitera les possibles de son futur ? Y aura-t-il une autre main tendue pour le tirer de ce mauvais pas, l'emmener vers le haut... comme l'oiseau qui ne veut pas battre de l'aile en vain pour glisser dans l'azur de la sérénité faite de confiance en soi...
Pour le savoir il vous prendre et lire « Né sous une bonne étoile », roman riche en subtilités affectives et espoirs où « impossible » ne peut s’accorder ni au sort de l'élève ni à la mission du maître...
Découvrez tous les romans d'Aurélie Valognes, son actualité littéraire, ses séances de dédicaces et contactez-la par mail.
Le site d'Aurélie Valognes vous présente l'esmble de ses ouvrages.