Le Mariage de la Violette et du Lilas …
Avril, ce matin, nous ouvre un bien grand jour,
On y doit célébrer un heureux mariage :
Dame Violette, dans la fleur de l’âge,
Avec Monsieur Lilas se sont épris d’Amour…
Naissance Idyllique qui dresse une passerelle,
Entre la fleur des bois et la grappe du rameau,
L’instant devient si hautement solennel,
Que les Anges, au ciel, en subliment les mots …
Elle, éclose, d’une fraîcheur naturelle,
Si jolie, sans fard, sans le moindre oripeau,
Sous le saule lumineux, qui leur sert d’ombrelle,
Se sont promis de ne jamais finir en pot …
Alors, Monsieur Thuyas, digne, dans son écharpe
De lierre touffu qui apprivoise les cœurs,
A fait taire la bande des Iris moqueurs,
Pour que vibrent les cordes, d’un cortège de harpes…
S’y accorde le chœur des rieuses pâquerettes ;
Au passage des époux, les campanules s’écartent ;
Nuée de serments qui remplissent les cartes ;
Dame Rose, en bouton, préside cette fête …
Jusqu’à l’aube, ont dansé, dans la brume,
Libérant leurs parfums éphémères,
Glissant entre les herbes, légère comme une plume,
Leur envolée nuptiale, agite encore la mer …
Farfadet
Pâquerettes
Vient une pluie d'étoiles sous le ciel d'Avril,
L’enchantement illumine nos jardins…
Éclosion sublime, la Nature fébrile,
Les pare de corolles à la blancheur satin...
Sur l’émeraude soyeuse des pelouses,
Par milliers, elles s'épanouissent, chaque matin,
Les timides violettes deviennent jalouses,
Quand ces soudains éclats, affadissent leur teint…
Jusqu’à perte de vue, parmi les herbes folles,
Elles jonchent les prés et le bord des chemins,
Autour des grands arbres, en longue farandole,
Les pâquerettes se sont donné la main !…
Leurs rondes joyeuses, leurs chants éternels,
Agitent dans l’azur, les pollens divins ;
Le vent léger porte leurs gaies ritournelles,
Dans l’ombre des forêts, dans la nuit des ravins…
Il n’est, ici-bas, plus merveilleuse annonce,
Que cette liesse fleurie de rires cristallins,
Car les pâquerettes, jamais ne renoncent,
A embellir les mois chauds jusqu’à leur déclin.
Farfadet
Coquelicots
Le vent n’en finit pas d’agiter les sureaux
Secouant l’amalgame de leurs ombelles ;
Volent, en pluie blanche autour des boqueteaux,
Des petites fleurs étoiles, en ribambelle…
Le soleil de Mai que défient les nuages,
Illumine parfois les pierres des remparts ;
Leur blancheur crayeuse dressant un barrage
Aux toques rouges dont les pavots se parent …
Souffles qui se brisent contre la muraille,
Ces clameurs du vent ont toujours pour échos,
Celles qui s’élevaient du chœur des batailles …
Murmures des pierres célébrant les héros…
Jaillissant des herbes foulées par le tumulte,
Hampes pointées devant, comme nefs par étambots,
L’armée érige ses vertes catapultes
Face aux murs ensanglantés de coquelicots…
Voyez tours vermeilles ! sous le feu du couchant,
Qui, des hordes et du temps, résistez aux assauts :
Autour, le carnage qui a rougi les champs,
Empourpre chaque soir, la fière Mirebeau…
Farfadet