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Le Mirebalais Indépendant

La Vie d'ici et d'ailleurs - Patrimoine : d'hier à aujourd'hui, un monde riche de son passé, a forcément un Avenir ...

Publié le par FARFADET 86
Publié dans : #Les clins d'oeil du Farfadet
Première et quatrième de couverture ...Première et quatrième de couverture ...

Première et quatrième de couverture ...

Plongeant dans cette lecture, nous sommes alors aux antipodes du confinement… En effet, c'est de tout le contraire qu'il s'agit avec Louise qui se précipite complètement nue dans la rue, avec Gabriel et Raoul qui n'aspirent qu'à sortir du Mayenberg, ce fort souterrain de la ligne Maginot, avec Fernand, garde mobile, qui espère réaliser son rêve de voyage en Orient au pays des Mille et une nuits, un enchantement qu'il veut surtout partager avec sa femme Alice à la santé si fragile.

Mai 1940, c'est la débâcle face à l'envahisseur venu de Germanie. Drôle de guerre dont l'immobilité des troupes positionnées aux frontières, sans faire mouvement, depuis 8 mois, fut soudainement rompue par un déferlement de chars d'assauts franchissant les Ardennes dans un déluge de feu, laminant et broyant tout sur son passage. Une guerre éclaire livrée par l'Allemagne nazi qui jette les populations en nombres sans cesse croissants, sur les routes. Hollandais, Belges Français, tour à tour, connaissent l'exode, une monstrueuse fuite en avant en direction du Sud, un voyage que l'on croit sans retour et à l'improbable issue. Colonnes d'êtres humains de tous ages, de toutes conditions qui cheminent à flot continu, progressant par  à-coups sur les routes. Ils constituent une interminable caravane hétéroclite d'émigrants : qui à pied, qui à vélo, qui en charrette, qui en voiture à la mécanique surchauffant, dans ce Printemps brûlant, où le mot d'ordre, dans ce brusque chaos social et sanitaire est : « Sauve qui peut ! »...

 

Oui, tous sont à la peine à cette veille de l’Été 40, y compris les personnages les plus en vue de ce roman de Pierre Lemaitre. Mais leur peine à eux est bien antérieure à cette folie des désespoirs conduisant à l'exil. Leurs souffrance, leur mal être, leurs aspirations, leurs douloureuses convalescences, elles remontent à leurs enfances respectives. Le mal s'est opéré depuis longtemps et a fait ses ravages.

C'est avec leurs plaies à peine refermées qu'ils vont tous se retrouver sur ces chemins inhospitaliers de la débâcle où, le peu que l'on possède encore peut se perdre en un instant : biens vitaux, moyen de transport, vie et, pire, vie de ses enfants !... Horreurs de la guerre perpétrée par l'ennemi impitoyable mais aussi par la peur de l'autre qui erre hagard à vos côtés, à destination de l’inconnu. On vit ou on meurt et, dans ses derniers retranchements, la nature humaine reprenant le dessus, fait toujours le choix de la vie...

 

Pierre Lemaitre, dans le déroulement chronologique des événements, d'un chapitre à l'autre, a opté pour le chassé-croisé de ses personnages. Tout commence le 6 avril 1940 à « La Petite Bohème » restaurant de Monsieur Jules... un personnage celui-là ! Bourru, peu complaisant et suffisamment musclé pour sortir les grincheux acariâtres et les éméchés avant qu'ils accomplissent quelques incivilités pouvant nuire à la réputation de son établissement. A ses côtés, Louise pour qui il garde une affection silencieuse mais aussi toute paternelle, en extra, vient servir la clientèle, à ses heures disponibles quant elle n'enseigne pas à l'école communale de la rue Damrémont. A une table, toujours la même, un habitué de longue date, discret, très peu bavard, le docteur plongé dans la lecture de « Paris-soir », un homme usé par la vie...

 

Au chapitre suivant, changement de décor et d'intrigue, nous voici transporté au Mayenberg, l'un des ouvrages des plus imposants de la Ligne Maginot qui, néanmoins, présentait des faiblesses de vieillard. Le sergent-chef Gabriel fait sa tournée vérifiant surtout les filtres devant retenir l'oxyde de carbone et tous autres gaz asphyxiants auxquels pouvait recourir l'ennemi. « En réalité tout reposera sur l'odorat des sentinelles, faut espérer quelles soient pas enrhumées » avait expliqué le caporal-chef Raoul Landrade, technicien en électricité, un individu opportuniste, débrouillard, aussi goguenard que cynique... entre ces deux là, c'est loin d'être le grand amour...

 

Puis il y a Désiré, un héros lui, plus qu’opportuniste, qui apparaît de façon impromptu là où on ne l'attend pas du tout : avocat pugnace à la barre d'un tribunal, puis commentateur prolixe à la tribune éditoriale d'un journal de grande diffusion, prêchant l'optimisme patriotique où encore en prêtre livrant bataille à la détresse humaine dans une église en ruine, aux abords de la Sologne, servant de centre d'accueil et d'hôpital de fortune aux égarés et aux malmenés de l'exode.

 

Serait-ce là un point de chute pour tous ces personnages du roman, aux parcours si différents ?

Prenez cet ouvrage, dernier de la trilogie de l'entre-deux-guerres, écrit par le talentueux Pierre Lemaitre, il vous fera accomplir un sacré bout de chemin haletant à travers sa lecture ...

1ère page de lecture comme incipit - Un style fluide, un vocabulaire précis, adapté et sans fioriture, pour le lecteur, facilitent la représentation en images quasi limpides. on partage intensément ce que vivent les personages du roman.

1ère page de lecture comme incipit - Un style fluide, un vocabulaire précis, adapté et sans fioriture, pour le lecteur, facilitent la représentation en images quasi limpides. on partage intensément ce que vivent les personages du roman.

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M
Un livre que je compte bien lire aussi mais pas en ce moment...J'avais trouvé très difficile "Au-revoir là-haut", le premier roman de cet auteur, non par le texte mais par le sujet pourtant je lis souvent des livres sur des sujets difficiles. Alors ça attendra et de toute façon je n'ai pas encore lu le second ! Merci pour ta présentation.
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M
Cela me semble intéressant. <br /> Je l'ai vu en téléchargement pour ma liseuse et je le prends,<br /> Merci d'avoir présenté ce livre.<br /> Bises,<br /> Mo
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FARFADET 86
Sexe : Homme
À propos : Retraités à Mirebeau* (Vienne), depuis janvier 2005, avec mon épouse, nous étions accompagnateurs de personnes handicapées mentales, ceci pendant 40 ans, dans un Foyer de Vie, en Haute Normandie.

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