Une histoire tout à fait dans le van, dirait-on aujourd'hui...
J'aime bien les autos, ça, je crois, vous l'avez remarqué... mais parmi ces véhicules à moteur qui peuplent et polluent – il faut bien en convenir – toujours plus notre planète, j'aime aussi les véhicules utilitaires... Eux, ont bien des choses à nous raconter parce qu'ils ont trimé, transportant, outre des passagers et leurs bagages, en version minibus, de la nourriture, diverses denrées, des: fruits, des légumes, du bétail, toutes sortes de marchandises, des matériaux ainsi que des appareils en tous genres. Ce sont des véhicules de charge moyenne, déclinés en différentes versions de carrosseries et d'équipements spécifiques pouvant, du fait de leur gabarit peu encombrant, se faufiler sur tous types de parcours, en ville ou à la campagne. Le genre est apparu dans l'entre deux guerres à la fin des années 30 avec des camionnettes à cabine avancée. C'est à dire que le groupe motopropulseur se trouve sous un capot disposé dans le poste de conduite. Le conducteur et son passager, à l’avant, se trouvent alors sur le porte-à-faux en-deçà des roues avant...
Fourgon Chenard & Walcker T60 carrossé en voiture sanitaire pour l'armée française présenté en septembre 1939. - Version initiale du T60 fourgonette.
Ce n'est qu'au début de l'occupation, en 1941, que la firme à l'aigle implantée à Gennevilliers, sort son petit fourgon T60, répondant aux besoins de véhicules utilitaires au format compact, consommant peu de carburant. Sa mise en œuvre avait débuté avant-guerre en 1939, à partir d'études pour concevoir une ambulance légère destinée à l'armée française. 3 prototypes furent réalisés, puis quelques premiers exemplaires furent livrés à l'armée qui, hélas, préféra son concurrent direct qui lui ressemblait beaucoup, et mis au point dans de meilleurs délais : le Citroën TAMH qui deviendra le TUB puis, après guerre, le H.
Présentation publicitaire du fourgon 1500 kg T60 à moteur bicylindres 2 temps (76x80 =720 centimètres cubes) puissance fiscale de à temps de 4CV - Vue de la cabine à l'équipement sommaire - groupe moteur propulseur (transmission aux roues avant).
Si, à l'origine, les automobiles disposaient de carrosseries encore proches des voitures à chevaux, tels que fiacres et calèches, quarante années plus tard, leurs apparences avaient bien changé et s'éloignaient toujours plus du style de véhicule hypomobile. Au milieu des années 30, c'est l'aérodynamisme qui prévaut...
Par contre, s’agissant des véhicules utilitaires, camions et camionnettes, à la fin de ces années 30, on n'est pas encore loin du char-à-banc où le fonctionnel et l'utile priment sur l'esthétique et le confort... ce dont on se rend compte sur les illustrations ci-dessus, nous présentant cet habitacle spartiate.
Quant à la motorisation de faible cylindrée dont la puissance effective ne devait pas dépasser les 22 ch, qui équipe ce fourgon, innovant à l'époque, elle devait être à la peine pour transporter la charge de 1500kg ... Il faut aussi mentionner que le refroidissement s'opère par circulation d'eau par thermosiphon et, l'allumage par magnéto. La boîte est à quatre vitesses et la transmission est assurée sur les roues avant par un arbre muni de deux joints homocinétiques pour chaque roue.
Mais, pour un artisan ou commerçant de l'époque se transporter avec ses marchandises ou matériaux à 50 km/h, était suffisant parce que, d'une part, il tait 4 fois plus rapide qu'un véhicule à traction animale et que, d'autre part, il savérait bien plus maniable... Tout est relatif... et cela va sans cesse évoluer...
Nécessité par le manque de carburant pendant la période d'occupation et dans les premières année d'après-guerre le gazogène constituait une solution pour palier à cette pénurie. Ici deux fourgons T60, en 1942, équipés , à gauche d'un gazogène "Facel" et à droite du gazogène "Le National" Ces dispositifs nuisaient quelque peu à la qualité de compacité de ces véhicules utilitaires.
Évolution à la fin de la guerre.
Si, à partir du T60 initial, les types CHE puis CH65 et 66B ont constitué des évolutions techniques touchant plus les motorisations (Il y eut même une version tout électrique : le fourgon Sovel de 1942), la carrosserie taillée à "coups de serpe", les lignes étant insuffisamment élaborées, la paix revenue, l'entreprise Chausson, partenaire de Chenard & Walker depuis 1936, redessine la caisse de ce petit utilitaire. Bien plus esthétique, moins cubique, plus profilée, ce fourgon au design modernisé a une tout autre allure et va séduire une plus vaste clientèle.
Nouvelle carrosserie Chausson - L'argumentation publicitaire de l'époque vantant les qualités d'utilitaires. - A partir de 1947, Chenard a recours au moteur 4 cylindres Peugeot ce qui a nécessité l'adjonction d'une calandre saillante (dite "nez de cochon") pour contenir le radiateur. Ainsi retouchée, la face avant du fourgon a une ressemblance notoire avec la face avant des cars Chausson de cette même époque. (ici un APH 2/50).
4 formules d'utilisation du fourgon du Chenard & Walcker CPV d'près guerre selon 4 déclinaisons de carrosserie : fourgon tôlé idéal pour les artisans - camionnette expo-vente pour les commerçants faisant les marchés et du porte à porte - Ambulance - Minibus ou van pour transporter jusqu'à 14 personnes.
En 1950, Chausson devient le plus important actionnaire de l'entreprise Chenard & Walcker alors en perte de vitesse suite à la réduction sensible des ventes de véhicules de la marque. Pour relancer ces dernières, Automobiles C & W demande à Peugeot de lui fournir le nouveau moteur de la 203 en remplacement de celui de la 202, pour équiper son fourgon CPV mais le constructeur de Sochaux refuse de lui vendre ce moteur. Après tergiversations, il est convenu que Chausson et Constructions mécaniques C & W fabriqueront désormais le véhicule pour le compte de la marque Peugeot. Sous le nom de D 3 A puis D 4 B, il effectuera alors une brillante carrière, bénéficiant souvent de carrosseries publicitaires réalisées à la demande du client .
Sous diverses carrosseries le Le D 3 A publicitaire - le minibus transportant les musiciens de l'orchestre du cirque Pinder - Vu en 2017 aux "Tacots Mirebalais" ce D 4 A version camping-car.
En octobre 1950, la marque Chenard & Walcker, absorbée par les usines Chausson, fut dissoute, mettant fin à l'empire de Gennevilliers. Eugène Henry fut nommé liquidateur, il rentrera peu après au conseil d'administration de Chausson. Lui aussi aura bien servi Chenard & Walcker. Il rejoint alors, dans cette aventure industrielle de plus d'un demi-siècle, les trois mousquetaires fondateurs et promoteurs de la firme à l'aigle : Ernest Chenard, Henri Walcker et René Donnay.
Dès 1948 la concurrence est rude surtout entre les 3 utilitaires des marques Chenard & Walcker, Peugeot, Renault et Citroën