C’est une des plus vieilles villes de France, une cité dont l’impact historique retentit à de nombreuses reprises dans l’Histoire de notre nation par des faits décisifs qui ont scellé à la fois, le destin de notre pays et celui de cette région Picto-Charentaise qui nous est chère.
Retenons parmi eux la bataille de Vouillé en 507 se soldant par la défaite des Wisigoths face aux Francs de Clovis. Puis celle Poitiers où, en 732, Charles Martel stoppe l’invasion arabe sur notre territoire, mais aussi celles où, en 1356, Jean-le-Bon fut fait prisonnier par les Anglais, où en 1429 Jeanne d’Arc est reçue par les autorités ecclésiastiques de la ville et est déclarée « envoyée de Dieu » par eux, suite à l’examen positif de virginité effectué par Yolande d’Aragon.
Sur l’axe Nord-Sud, en direction de l’Espagne, Poitiers est plus qu’une ville étape, au seuil des marches du Poitou, elle est aussi ville frontière entre langue d’Oïl et langue d’Oc. Sur ce passage fréquenté la cité forge sa renommée culturelle, juste à la croisée de routes entre Est et Ouest, entre le continent et l’océan…
Mais avant cela, c’est vers le IIIe siècle avant notre ère que les Pictons ou Pictaves, des tributs Celtes venues des confins orientaux de la Gaule, choisissent pour capitale le site de Poitiers alors appelé Limonum ou Lemonum, c’est à dire la ville de l’ormeau. Deux rivières (Le Clain et la Boivre) assez profondément encaissées, à leur lieu de confluence, circonscrivent un éperon rocheux naturellement fortifié. C’est, plus tard, lors de la conquête romaine, que cet oppidum devient un centre politique ordonné selon les lois de l’urbanisme moderne. La première construction d’importance, l’amphithéâtre est érigé dans la première moitié du 1er siècle. Long de 155,80 mètres et d’un diamètre de 130,50 mètres, il pouvait accueillir approximativement 33000 spectateurs. Cet édifice se dressait en marge de la ville, à l’extrémité Sud d’un ensemble urbain comportant le forum et les thermes de Saint-Germain. Les incursions et invasions barbares ont pour effet l’édification d’un mur d’enceinte long de 2600 mètres protégeant le cœur de la cité.
Le christianisme apparu au milieu du IVe siècle va étendre son influence religieuse et culturelle sous le ministère de Hilaire, premier docteur de l’Église latine d’occident.
À l’époque Mérovingienne le rayonnement de la Cité est encore important en particulier, grâce à la Reine Radegonde qui choisit de se retirer à Poitiers pour, en 550, y fonder le monastère Sainte-Croix.
Au Xe siècle une nouvelle période de l’histoire de cette cité s’établit avec la constitution du Duché d’Aquitaine. Les ducs qui s’y succèdent portent le titre de Comte de Poitou et résident moins à Bordeaux qu’à Poitiers où ils favorisent la construction de monastères, véritables foyers culturels en leur temps.
À la fin du XIe siècle, sous l’influence de Guillaume le Troubadour qui est aussi auteur de pièces en langue d’Oc, la ville compte au moins 30 églises…
C’est alors que l’union d’Alienor d’Aquitaine héritière de cette dynastie des comtes de Poitou, s’étant remariée avec Henri II Plantagenet, change le destin de notre région en l’affiliant à la couronne d’Angleterre. En 1199, Aliénor affermit les libertés urbaine en octroyant une charte. À cette époque, une cour brillante réside à Poitiers. En 1160 la ville se dote d’une nouvelle enceinte et on y reconstruit la cathédrale Saint-Pierre. À sa mort, en 1204, Philippe Auguste profite d’annexer la ville et la province au domaine capétien. Il faut savoir qu’à cette date le réseau des rues en déclivité et plutôt tortueuses est désormais fixé et n’évoluera guère.
Si pendant la guerre de Cent Ans, Poitiers passe sous la domination anglaise, la ville ouvre ses portes à Duguesclin en 1372. Sous le principat de Jean de Berry, elle connaît alors une période faste et les séjours qu’y fait Charles VII, en quête d’un royaume, sont bénéfiques à la ville qui hérite d’une université en 1431. Quand l’imprimerie fait son apparition dès 1479, elle favorise les activités libérales, les métiers de la finance et du commerce : officiers de justices, marchands et universitaires accèdent à l’échevinage et bâtissent des hôtels dans le style Renaissance.
En 1534, la venue de Calvin et les idées de la Réforme protestante viennent s’ancrer dans les consciences et la ville est entraînée dans le tourbillon des guerres civiles. En 1562, des bandes huguenotes d’origine gasconne mettent à sac les églises mais les assauts de Coligny sont repoussés 7 ans plus tard (Bataille de Moncontour) *.
Si le XVIIe siècle voit fleurir les congrégation religieuses issues de la contre réforme, qui donnent un nouvel essor urbain, le XVIIIe, en dépit des efforts déployés par l’intendant Blossac, ne présente nullement une période de prospérité pour la ville.
Une préfecture est née… au cours du XIXe siècle, la cité sort progressivement d’une léthargie bourgeoise s’agrippant aux activités de ses nombreux couvents et casernes et cet éveil tient surtout à sa vocation de cité scolaire et universitaire. La ville s’étend alors, passant de 4510 maisons recensées en 1848, à 7183 en 1914… Poitiers en hérite sa physionomie actuelle.
Au cours de la dernière guerre les bombardements de Juin et Août 1944 dévastent les quartiers autour de la gare sise au pied de la ville.
À partir de 1950, les « trente glorieuses » sont à l’origine de l’accroissement démographique et économique de Poitiers entraînant une refonte considérable de ses infrastructures urbaines et péri-urbaines. Restructurations et constructions bien plus moderne, s’appuyant sur un dynamisme administratif et culturel fécond, en font la capitale de la région Poitou-Charentes.
Aujourd’hui, l’agglomération forte de 128 000 habitants est tournée vers les évolutions propre au troisième millénaire qui voit fructifier toutes les techniques de pointe et les recherches scientifiques les plus poussées. Ceci, elle le doit à la présence des 1300 enseignants chercheurs et des 24000 étudiants qui y demeurent année après année…
On comprendra qu’un tel panel d’événements historiques a laissé de nombreuses traces dans cette honorable cité pictave… au delà des vestiges remontant à l’antiquité, s’y dresse toujours un nombre considérable de monuments classés mais aussi de bâtiments et de demeures de caractère, constituant un patrimoine d’excellence que l’on aura plaisir à découvrir, pas à pas, dans de prochains articles…
Source : « Le Patrimoine des Communes de la Vienne » – FLOHIC Éditions –
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