La bonne étoile n'est pas celle qui se manifeste avec le plus d'éclat et de rutilance...
Octobre approche... l'événement qui, à Paris, va déplacer les foules c’est le «Mondial de l’Automobile», Porte de Versailles… embouteillage assuré !…
Alors comme ça, je me disais que moi aussi, je pourrai bien ouvrir un salon ayant lui aussi pour thème, l’automobile et l’intitulerai alors : «la Folie Mercedes» …
Quoi, ça vous étonne ! Allons vous savez bien que le Farfadet et les autos, c’est une vieille histoire de passion …
Déjà très jeune enfant, tout juste débarrassé des couches, je manifestais vivement mon intérêt pour tout ce qui roule et pour ce qui est : "auto...mobile"... C'était à un tel point que, pour me faire manger ma bouillie, moi le bambin bien calé dans ma chaise haute, mes parents vivement sollicités devaient me dessiner une auto ou en découper dans des journaux et revues afin que je daigne prendre le contenu de la cuillère que l'on me présentait ... Chantage bien puéril révélateur d'une passion naissante... Ce n'était qu'un début.... Mes jouets préférés étaient les petites voitures et, la récompense ultime quand les résultats scolaires étaient bons, c'était de m'offrir une nouvelle petite voiture (à l'époque en fer blanc) pour ajouter à ma collection... Je passe sur cette vilaine habitude qui me faisait dessiner des planches avec vues sur plusieurs plans comportant aussi des "écorchés techniques" de voitures de rêve imaginées, ceci pendant les fastidieux cours de math en seconde.... Bref, ça m'a suivi jusqu'à la maturité.
Au retour de mon service militaire, après 9 mois de prospection commerciale en campagne pour vendre des produits destinés au bétail, au grand désarroi de mon père, j'ai quitté la maison et cette mise à l'étrier pour gagner Paris, tenter ma chance en vue de faire carrière comme styliste designer dans l'industrie automobile... Aller au bout de mes rêves !... mais aussi me confronter à la réalité... En fait, un concours de circonstances et sans doute un destin autre se préparant, il en fut tout autrement Il s'avère que je ne suis jamais devenu designer et n'ai exercé aucune profession en rapport avec l'automobile.... Ainsi va le cours de l'existence contre son bon gré ...
Soit... j'ai aussi pris du plaisir à travailler dans un tout autre domaine et j'ai quand même pu satisfaire à ma passion auto à travers mes loisirs par la lecture le dessin et la joie de conduire des autos jamais extraordinaires mais bien conciliantes et en rapport avec mes attentes du moment... J'en ai possédé 17 de la petite à la grande de styles et de genres variés et de marques différentes ... Elles m'ont procuré joies et parfois dépits ; avec elles, j'ai beaucoup roulé, et aussi voyagé avec bonheur ...
La folie Mercedes... Photos : ma mère et mon père devant la 170D (1959) et moi bidasse devant la 180D (1963) - Dessins : La 300 A de 1953 - La 300 SE de 1964 - La 300 SL de 1962.
Le 23 Juillet 2010 j'avais reçu un coup de fil d’un certain Patrick B… Il m'expliquait alors qu'il devait déménager, et qu’ayant retrouvé des vieux dessins à moi, dans ses archives, il avait l'intention de me les restituer… Patrick est le frère d’un de mes vieux collègues du Centre Saint Martin, lui, comme moi, était un véritable « mordu » de belles autos. A l’époque, ce devait-être en 1968, je lui avais donné une pile de mes dessins et un sacré tas de revues automobile, m’étant « rangé des voitures » Alors intéressé par ma nouvelle profession je m’étais mis à peindre et dessiner des sujets d’univers très différents : paysages, illustrations de légendes, monuments architecturaux
Un formidable effet boomerang a fait que, 42 ans plus tard, je récupère une bonne partie de mes vieux dessins … des dessins de Mercedes !…
Voilà qui me ramenait pratiquement 50 ans en arrière… En 1959, mon père avait acheté sa deuxième Mercedes d’occasion, une 170D qu’il remplaça deux ans plus tard par une 180D, je m’étais pris de passion pour la marque à l’étoile … une véritable folie … tout était prétexte à dessiner des Mercedes, en fait, je ne dessinais que des Mercedes, des modèles existants ou ayant existé puis des modèles produits par mon imagination … j’étais devenu un fou furieux du Caran d’Ache pour une "Benz mania" s’affichant en technicolor…
Cette frénésie auto picturale m’a accaparé l’esprit pendant presque 7 années, s’étant amorcée au Lycée et s’estompant au cours de ma deuxième année de présence au Centre Saint-Martin, et donc, au cours d’une période, s’étendant de 1960 à 1967 … Pendant les cours de Math de Physique, ou d’Histoire, dès que je n’étais plus dans la ligne de mire du prof, hop ! Je croquais une Mercedes et que je te passais ensuite mes crobars aux copains !… Le paroxysme fut atteint pendant mon temps d’armée où les soirée libres passées à la caserne, je les occupais à dessiner des prototypes de Mercedes…Cela m’a conduit, un jour, à acheter une super planche à dessin réglable … Un vrai fada !…
Encore un rendez-vous manqué ...c'est le coup du lapin, Farfadet !... Il va falloir que tu planches pour ton salut l'ami !... - Cette planche à dessin existe toujours chez ma fille cadette et je sais qu'elle s' installe devant au quotidien.
Fin avril 1972, après 7 années passées au Centre Saint Martin, en raison d’un moment de crise existentielle j’ai eu du mal à supporter quelques difficultés relationnelles avec certains collègues et ma hiérarchie ; j’en éprouvais un tel « ras le bol » que j’ai claqué la porte et donné ma démission … Bien sûr, j’avais le cœur gros ayant tout plaqué d’un travail et des êtres que j’aimais … Parvenu à l’âge de 28 ans il me fallait aussi changer d’horizon … aller voir plus loin… alors, fini les brumes Normandes… à moi le soleil de la Provence !... Et puis j'étais contrarié par le fait que suite à mon stage de formation en maçonnerie moderne effectué en 1969 à Caen, j'avais eu peu d'occasion d'accomplir des travaux de maçonnerie à Saint-Martin et comptais bien trouver du travail sur chantier dans le Midi.
Ce 26 Avril 1972, avec tout mon barda dans ma petite Renault 4 L, je roule en direction de la Méditerranée, ne sachant pas exactement où je vais déposer mon bagage… un incident cocasse va être déterminant quant aux lieux de mes prochaines tribulations…
La planche à dessin …
Printemps soixante douze, je file cap au Sud,
A bonne allure, sur l’autoroute du soleil.
J’ai oublié ce que la vie a de rude,
Et n’entrevoit que des horizons vermeils …
« Emmenez-moi au bout de la terre,
Emmenez-moi au pays des merveilles,
Il me semble que la misère,
Serait moins pénible au soleil !... »
Et me distille, cet air plein de promesses,
La radio de bord de ma ludique 4L…
Aznavour stimule tant mon allégresse,
Que pour aller de l’avant, me poussent des ailes…
Je m’approche d’une voiture jaune,
L’identifie pour être une 2CV Citron …
Entrant dans le département du Rhône,
Sur trois voies, pouvons rouler de front …
Blanches, sont les plaques de la Deuche,
Chiffres et lettres au graphisme noir,
Avec, sur la malle, le « D » de Deutsch,
Auto française, en germain territoire …
Longtemps, je fais la route dans son sillage ;
L’auto jaune est à moitié décapotée…
Alors que pour la dépasser, je m’engage,
Blonde envolée de cheveux, me fait sursauter …
Parvenu à la hauteur de la belle Citroën,
Je ne puis, à droite, m’empêcher de regarder,
Et découvre deux adorables sirènes,
Dont on se demande comment les aborder…
Sans complexe, j’accélère pour passer devant,
Surveille attentivement mon rétroviseur.
Suivi par ces deux Allemandes dans le vent,
Je leur trace la route, en parfait connaisseur.
Puis commence le jeu du chat et des souris
Car, impromptues, les souris doublent le chat,
Laissant « Minet» derrière, voila, qu’elles sourient,
Et la radio me chante : que se disent-elles Sacha ?…
Nous entamons alors cet étrange ballet,
Un paso-doble routier pour petites autos…
Me fais, au volant, plus cocher que valet,
Evitant qu’elles me prennent pour zigoto…
Regard face à la route, aussi fier qu’Artaban,
Mine de rien, je les dépasse à nouveau,
Sans me douter que derrière son volant,
La Jolie conductrice, fouette ses chevaux …
Sur la file de gauche, elles me rattrapent,
De l’accélérateur, je relève le pied…
Cela pourrait finir en chausse-trappe,
Sur la route, il est tant de sujets à épier …
Repassant devant, soudain elles ralentissent,
Attention au risque de carambolage,
Je me déporte à gauche et mes pneus crissent,
Sous l’effet appuyé d’un brusque freinage.
Devant, toutes les autos sont arrêtées,
Je presse encore plus fort sur la pédale,
La 4L pique du nez … le pire est évité …
J’en oubliais le contenu de la malle…
Retenue par mon siège, la planche à dessin,
Posée juste au-dessus de tout mon chargement,
Sous la forte décélération, saute le coussin ;
M’arrive sur le cou, sans aucun ménagement…
Me retrouve plaqué, nez contre pare-brise ;
Dans la deuche à côté, les jolies passagères,
Ne se retiennent de rire ; assistant à leur crise,
J’en viens à déplorer, toutes folies bergères…
Quand le flot de véhicules enfin, redémarre,
Dégagé de cette fâcheuse position,
Apercevant la sortie vers Montélimar,
Sans regret aucun, je prends cette direction…
Moralité
Évitez de rouler pied au plancher,
Méfiez-vous des hasardeux desseins,
Qui, brusquement, vous font flancher,
Puis, vous « croquer », votre planche à dessin…
Farfadet...
C’est ainsi que je suis arrivé dans la Drôme … Le 1er Mai, une semaine exactement, après mon brusque départ de Saint Martin, j’avais retrouvé du travail comme éducateur dans un Centre Médico-Éducatif et Social du Diois.
J’étais parvenu là "en exil", pour une durée de quatre ans … car le destin allait me rappeler sur les lieux où j’avais fais mes « armes »… par des chemins bien détournés et contre mon gré, surtout …
Mais ça, c’est une autre histoire à découvrir ICI