Immatriculée : 724 HG 27, l'Anglia du Farfadet le 30 août 1970 - Une miniature Norev au 1/43 en souvenir...
Farfadet un peu farfelu … Bah oui !... Cette petite anglaise, ma quatrième voiture, en fait, je l’ai achetée en 1968 ! Eh oui, et au mois de mai qui plus est … Jugez du contexte !...
Si vous avez lu l’article concernant ma 3ième voiture, la Dauphine, que je n’ai gardée qu’une année seulement, étant obligé de la revendre pour cause de soucis économiques connus à cette époque, vous saurez que, pour mes déplacements, j’avais acheté un vélomoteur « BB104 »… Ainsi du printemps 1967 à celui de l’année suivante, j’ai roulé à 2 roues… C’est sympa, on prend l’air mais c’est ni véloce (vélo…os) ni convivial. Oui, à 23 ans sortir avec une petite amie en lui proposant le porte-bagages du cyclomoteur pour les déplacements du samedi soir, n’a rien de glamour … Or à cette époque, j’étais tombé amoureux d’une collègue stagiaire, une blonde suissesse qui répondait à mes avances par une réelle amitié me laissant espérer plus... (En fait c’en est resté à ce stade et il me reste de beaux souvenirs de cet amour platonique).
Tout ceci pour circonstancier que la voiture me faisant défaut, à cette époque, je m’étais mis en quête pour en acheter une d’urgence, précipitant ainsi le projet d’en acquérir une neuve grâce à des économies faites sur du plus long terme… 3000F étaient immédiatement disponibles sur mon compte en banque … une somme qui ne me permettait pas d’acheter du neuf mais une occase convenable… C’est donc au garage L. où j’avais achetée ma précédente voiture que je suis allé voir ce qui se présentait en magasin …
Justement, à ce début du mois de mai 68, la petite Anglia grise de 1963 était mise en vente pour la somme de 2300F. Je tourne autour et mis à part son air un peu étroit, je trouve sa silhouette assez élégante, un peu décalée par rapport aux standards classiques du moment mais encore très « in » .. « Vous ne pensez pas l’acheter M Lucquiaud, me dit le patron du garage, elle a parcouru plus de 100 000 km, c’est celle du Dr. P. il s’en servait pour ses visites en campagne, elle a fait du chemin ». En fait je connaissais bien cette voiture du médecin qui, au besoin, venait en consultation, au chevet de certains des résidents du Centre où je travaillais … Rien que cette évocation me confortait dans mon choix … « Pourquoi, vous pensez qu’elle n’ira pas loin, la mécanique est à bout de souffle ? Lui rétorquai-je … » Non mon cher M. Lucquiaud, mais, avec un tel kilométrage, tout peut arriver. Je certifie que le moteur a été révisé, ainsi que les organes mécaniques vitaux : freins, direction, suspension… n’empêche qu’elle a plus de cent mille !... je vous préviens… (Le père L. aurait préféré me vendre une Peugeot neuve étant agent de cette marque… mais moi, à cette époque, je ne voulais surtout pas me mettre un crédit sur le dos …) « Une Ford, c’est costaud ? – Certes mais elle a de l’âge et… - C’est bon j’achète !... » Devant tant de détermination de ma part, mon garagiste attitré n’a pas bronché ; l’affaire fut conclue, l’auto payée cash et, le lendemain, un mercredi, jour de congé pour moi, je prenais possession de ma petite anglaise …
Profil droit - une vraie gueule d'amour - une poupe dynamique - une proue inscrite dans le carré quasi aussi haute que large...
Parlons un peu de la belle … pour ceux qui la trouve ainsi car, cette appréciation n’a pas fait l’unanimité, en son temps… Mais, ce que l’on possède, ce qui est à soi, n’est-ce pas toujours la plus belle chose quand on en parle ?...
Il est vrai que l’allure de cette Anglia là est quelque peu surprenante , de profil on remarque tous de suite les panneaux de custode à l’arête inversée puisque la lunette arrière vue de l’extérieur se trouve en position concave ( comme sur les Ami 6 Citroën apparues en 1961), les lignes de capot et de coffre sont plutôt acérés , la calandre, elle, à l’inverse de la lunette est en position convexe, comme une mâchoire inférieure avancée par rapport à la supérieure … Vous voyez le look !… Au premier abord ça surprend et puis, on s’y fait assez vite… Autre particularité, c’est une quatre places à deux portes seulement…L’accès aux places arrières est finalement aisé grâce aux deux larges portières et aux dossiers rabattables des sièges avant.
Vue de l'avant : une vraie gueule de squale !... La Proue est assez conventionnelle pour l’époque, la voiture dispose d’une véritable calandre grillagée chromée s’étendant, légèrement cintrée sur toute la base avant, au-dessus du pare choc, conférant une bouche étincelante à cette Ford peu ordinaire… Vue de l'arrière, on remarque surtout la lunette inversée...De part et d’autre, cette large calandre est surmontée de deux optiques rondes à visière… La voiture est presque aussi haute que large si bien que, vue de face, elle parait étroite. De plus, la petite anglaise était relativement haute sur roues …
La poupe plus classique est marquée par ses feux horizontaux dans les ailes à l’américaine qui encadrent le couvercle d’un coffre, lui, assez logeable pour une petite voiture…
Le pavillon partant du haut d’un pare-brise très légèrement galbé et peu incliné, est assez plat très légèrement infléchi dans sa partie arrière …
planche de bord caractérisée pr la symétrie - vue de 3/4 arrière - Un coffre de bonne contenance pour une petite voiture...
Montons à bord : Les sièges sont recouverts d’un skaï rouge bordeaux qui égaie un peu l’habitacle plus austère. Les Anglais, dont on connaît le sens de l’économie, ont opté pour une planche de bord en tôle peinte à la couleur de la carrosserie, absolument symétrique puisque le couvercle de la boite à gant en trapèze inversé fait le pendant au combiné des instruments de bord regroupant. Vive la symétrie ! ... Si vous allez en Angleterre, placez le volant à droite et le tour est joué !...tachymètres, jauges, thermomètres, ampèremètre et voyants de contrôle… La jante du volant assez fine est maintenue par deux branches concaves vers le moyeu … l’immense planche qui court sous le tableau de bord, facilite le rangement de pas mal d’accessoires et des cartes car il n’y a pas d’aumônières aux portières. Le levier de vitesse au plancher est assez grand… Le modèle prévu pour le continent a bien son volant à gauche. La visibilité est assez bonne, la position de conduite convenable. Les deux places arrières sont confortables et le passage pour les genoux reste correcte même si l’on recule l’assise des sièges avant …
Larges portière et coffre logeable... Une bonne voyageuse ... le confort, comparé aux voitures d’aujourd’hui était spartiate mais acceptable. Elle était équipée du chauffage tout de même !… La tenue de route, n’avait rien d’exceptionnelle mais bon, en cramponnant bien le volant de la direction aussi floue que flottante on parvenait à rester sur la chaussée... Les freins, il fallait les économiser en descente en rétrogradant, les assistant par le frein moteur pour éviter leur surchauffe… Sur mauvais revêtement, la voiture sautillait avec entrain mais les sièges compensaient les trépidations grâce à leur rembourrage plus moelleux…
Sous le capot moteur, un bloc de approximativement 1.0l. , développant 39 Ch. « Din » apporte une puissance satisfaisante pour emmener à allure honnête, sur les routes de France de cette époque, les 4 passagers de l’auto…Un bon petit moulin valeureux et endurant - L'amour vous procure parfois des ailes en feux **....
Caractéristiques techniques : Modèle 6CV -
- Châssis monocoque.
- Motorisation : Type à 4 cyl. En ligne totalisant 996,6cm3 développant une puissance maxi de 39ch. à 5000tr/mn. Taux de compression : 8.9 à 1.- Alimentation par carburateur inversé – Refroidissement par thermosiphon pressurisé assisté par pompe à eau - Allumage par batterie, bobine et distributeur.
- Suspension : AV indépendante , à ressorts hélicoïdaux avec amortisseurs à double éffet incorporés. AR avec ressorts longitudinaux, assymétriques, semi-élliptiques.
- Freins AV et AR à tambours.
- Transmission : classique par arbres et pont aux roues arrières - Boîte manuelle à 4 vitesses + MA. – Embrayage monodisque à sec
- Dimensions : Empattement : 2,30 m – L : 3,90 m – l : 1,51m – H : 1,49 m.
- Poids : 720 kg
- Réservoir carburant : 32 l – Consommation moyenne : 7,5 l/100 km. de super.
- Pneumatiques : 5.20x13.
- Vitesse maxi : 125 km/h.
- Prix du modèle 1963 : 6650 F.
Celle-ci, à gauche, immatriculée dans la Sarthe, n'est pas la mienne mais celle d'un collectionneur - à droite, mon joujou souvenir voudrait-il lui aussi prendre la route ?...
Allons étrenner le « joujou » ou plutôt le « bonbon » comme l’appelait certains anglais, en raison de sa livrée verte acidulée, très prisée outre manche, dans les années « 60 »…
Même verte, on ne peut la manquer au milieu de la verdure ! ...Sans être vraiment discrète, la mécanique et les bruits de roulement de l’Anglia, ne retentissent pas trop intensément dans l’habitacle et il est possible de tenir une conversation sans être obligé de crier, même au-delà de 110 km/H. Mais il faut dire que lors de mon premier essai, ce matin là, 110 km/h, je ne les ai jamais atteints … Même en lançant la voiture sur une portion de ligne droite de plusieurs kilomètres en appuyant désespérément sur la pédale d’accélérateur, l’aiguille, sur le compteur avait du mal à franchir le « 80 » ??? Eh oui, déjà à cette époque ! ... Pourtant la mécanique, tourne rond, les 4 cylindres répondent présent, les accélérations se font sans à-coup … Que se passe-t-il ? Ce n’est pas une 2CV tout de même !...
J’ai comme un éclair !... C’était la voiture d’un médecin de campagne et connaissant bien le Dr. P. je me dis illico : c’est un homme tranquille, méticuleux, économe, prévenant … Bingo ! Je vais voir à la pédale d’accélérateur et que trouve-je ? Dessous ladite pédale, comme un champignon, une cale métallique est vissée dans le plancher … Oh que je t’enlève ça ma belle ! Maintenant, on va y aller à une autre allure qu’au petit trot, je te promets !… Ah oui je pouvais toujours appuyer sur le champignon avec cette protubérance sous le pied !… La cale retirée, les performances n’étaient plus les mêmes ni la consommation de l’auto, bien sûr …
Justement, à ce sujet, après avoir fait une première virée jusqu’à Honfleur, ce soir là, en rentrant alors que je voulais faire mon plein, je tombais sur des stations qui annonçaient les restrictions d’essence dont on allait souffrir pendant les 6 semaines qui suivirent …La révolution de mai « 68 » venait de commencer … J’avais bien choisi mon moment pour acquérir une auto !
Ford Anglia verte : Photos scannées sur revue "Rétro Hebdo" N°17 du Jeudi 19 juin 1997 - Une Anglia "Estate" (break) aux "Tacots Mirebalais" en 2010 - L'Anglia du Grand-Père d'Eliane Roi - 'L'Anglia et le camping sur le toit - En Normandie, un amateur d'autos des sixties : Une Ford Anglia et une Simca P60... lors du voyage en Grèce en 1970, l'Anglia du Farfadet avait fait aussi la route en compagnie d'une Simca ...
Historique :
Fabriquée dès 1959 dans les usines Ford à Daghman en Angleterre, l’Anglia succède à la Perfect de 1953 dont elle reprend l’architecture. Elle sera produite jusqu’en 1967 relayé par l’Escort à la longue carrière ponctuée de trois relookages qui prendra fin en 1999 avec l’arrivée de la Focus.
-1959 : Lancement de l’Anglia au salon de Londres : Elle est équipée d’un nouveau moteur Ford de 997 cm3 de 6CV développant 39 Ch.
- 1962 : Nouvelle carrosserie break baptisée « Estate » à 3 portes ( Ce modèle conserve le principe de la berline, peu pratique pour un break d’une seule portière latérale, sur chaque profil plus hayon à l’arrière … )
- 1963 : A côté du moteur initial apparaît un groupe plus puissant de 1,2 l de 7CV développant 49 ch. associé à une nouvelle boîte à 4 vitesses synchronisées . Augmentation des surfaces de freinage et livrée bicolore.
- 1965 : Un prototype de cabriolet unique baptisé « Spider » , est proposé par Ford Italia…
Début des années "2000" , cette auto bien quelconque est remise à l'honneur grâce à la série des "Harry Potter" surtout dans le deuxième tome ... Après les tapis volants on a maintenant "l'Anglia Volante" ... Episode rocambolesque que le cinéma n'a pas manqué de mettre en exergue avec brio ...
La première année, j’ai fait parcourir bon nombre de kilomètres à cette petite Ford. Aux vacances de l’été 1968 je suis allé jusqu’en Espagne du Nord à Pampelune – L’année suivante étant en stage à Caen, il m’arrivait, lors de week-end prolongés d’aller jusqu’à Zurich en Suisse ( Devinez pourquoi …) traversant la France d’Ouest en Est et retour parcourant ainsi, 1900 kms en 3 jours*… Cette Anglia là, ne rechignait jamais à faire ces folles escapades…
Pour une amourette**
Qui passait par là,
J’ai perdu la tête,
J’ai pris Anglia…
En ce jour de fête
Ô jolie Nana !
J’ai pris voiturette
Et puis me voilà …
Certes, cette auto n’était pas une star, mais sa fiabilité, son endurance et sa bouille peu commune avaient un certain charme et personnellement elle se rattache à une histoire d’amour qui m’a fait faire bien du chemin …
J’ai conservé cette voiture un peu plus de deux années. Nous en reparlerons à propos de ce qui fut son dernier grand voyage …
Farfadet 86...
Ford Anglia 105E : l'amie britannique et magique
Comme en France, on est chauvin, on se gargarise aujourd’hui de la créativité de notre constructeur " innovant " Citroën, qui eut le culot de présenter en 1961 un drôle d’oiseau à...
https://www.carjager.com/blog/article/ford-anglia-105e-lamie-britannique-et-magique.html
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