C'est bientôt la fête des mères... dans une boîte en carton, un stock de vieilles photos correspondant à cette fin des années "40" ... retour sur images...
Vanves vue aérienne et la rue René Coche - Cliquer sur la première vue pour les voir toutes en taille normal et faire défiler avec la flèche à droite et à gauche...
Ce doit être en 1947 que mes parents ont vendu l’appartement de la rue Laugier à Paris XVIIe pour acheter un pavillon à Vanves, en proche banlieue. De ce lieu, je me souviens encore. Nous y sommes demeurés jusqu’en Juillet 1951… A cette époque Mon père a monté une petite entreprise spécialisée dans des serrures de sécurité dont il a déposé le brevet sous l’appellation « Barre Hercule » Le siège social de sa société se tenait porte d’Orléans, à « deux pas » du domicile familial. Je crois comprendre que c’est surtout pour moi, encore petit enfant, que mes parents ont changé de résidence. En plus de l’affection qu’ils me portent, j’ai la chance de pouvoir jouer dans un assez grand jardin jouxtant le pavillon… C’est aussi à cette époque que mes parents vont chercher une jeune chienne au chenil de Gennevilliers. Poppie sera ma compagne de jeux jusqu’en été 1959 …
C’est aussi à Vanves que j’ai commencé ma scolarité, à l’école maternelle puis à l’école communale qui se trouvait pas très loin de notre domicile car je me rappelle que l’année où j’ai appris à lire, j’allais tout seul à l’école…
La rue René Coche aujourd'hui - l'allée dans le jardin toute en longueur, depuis l'entrée de rue juqu'au pavillon...
A 5 heures de l’après-midi, au moment où je rentrais, ma mère m’attendait devant la porte de notre maison, rue René Coche… parfois j’arrivais en larmes et dès que j’apercevais ma mère, de loin, je criais : « Il a encore été puni ! » « il » , c’était moi, bien sûr … Ma mère faisait les gros yeux mais je sentais bien que derrière son air faussement farouche, il y avait autant d’amusement que de tendresse. Nous rentrions, c’était l’heure du goûter, puis des jeux pour moi dans la salle à manger pendant que ma mère à la cuisine préparait le dîner… Avant de passer à table, elle me faisait réviser une ou deux pages de lecture… Vers 19H30 mon père rentrait et nous soupions tous les trois… On veillait à ce que je me tienne bien à table et surtout que je ne gaspille pas mon morceau de pain … Je devais être couché vers 21 heures au plus tard …
J’avais dans mon petit lit un doudou bien sûr et je m’en souviens, c’était la patte oui, la patte de mon nounours en peluche. Un jour, j’avais du faire la comédie car je pleurais à chaudes larmes à cause de la patte qui n’avait pas sa « boupe » … Oui, j’étais inconsolable, il fallait faire une « boupe » à ma patte. Ma mère avait cousu ma patte, lui faisant à une extrémité, les deux yeux puis le nez en fil noir mais, il manquait la « boupe » !… Et ma maman a finalement compris que je voulais dire la bouche, voilà, c’était la bouche qui manquait. Alors, à ma patte, elle avait fait une bouche qui souriait et mes larmes ont fait place aux rires …
Mes parents adoraient chanter et c’est souvent qu’ils chantaient. En voiture, les voyages se faisaient en chansons, on n’avait pas besoin d’autoradios à cette époque… Ils dansaient aussi, cela arrivait certains soirs, il mettait en route un vieux phonographe qui distillait une musique nasillarde et ils valsaient. J’aimais quand ma mère portait sa jolie jupe de bal en soie avec des motifs à petits losanges vert, rouge et blanc sur fond noir … Elle était si belle ma maman avec sa "zupe tounnante" !...
Je me souviens aussi du sous-sol du pavillon dans lequel était entreposé, dans le petit atelier où bricolait mon père, notre garde-manger. Un soir, ma mère, en allant chercher quelques victuailles avait poussé un hurlement ; mon père s’était précipité pour découvrir qu’une belette s’était introduite dans l'atelier. Elle pointait son museau entre les objets hétéroclites qui garnissaient les étagères, au dessus de l’établi.
Toujours dans ce sous-sol, je me rappelle de l’inondation due, au chauffe-eau qui ,s’étant descellé du mur, s’était éventré à terre. Plus de 200 litres d’eau s’étaient répandus sur le sol… C’était un après-midi ,mon père était absent mais nous avions la grande amie de ma mère, la Tata de Dol, qui se trouvait à la maison. Il y avait eu un grand bruit. En allant voir au sous-sol, d’où le bruit provenait, elles avaient découvert le sinistre… Aussitôt, ma mère s’est précipitée au café voisin pour téléphoner à mon père ,l’avisant de la catastrophe… Puis, de retour à la maison avec la Tata de Dol qui s’appelait aussi Suzanne, ayant coupé l’arrivée d’eau, elles ont pris seaux et serpillères pour commencer à écoper… Bien sûr, j’avais interdiction de venir traîner mes petits pieds dans l’endroit et devais les voir évoluer depuis le jardin où elles venaient, en alternance, vider l’eau de leur seau. Quand mon père arriva, elles avaient déjà évacué une bonne quantité d’eau. Cela se termina tard et ils devaient encore y être après m’avoir couché …
Quand on traversait ce sous sol, à l’opposé du jardin, il y avait une cour et je me souviens que mes parents jouaient au tennis (pelote), se servant du haut mur nu à l’arrière du pavillon, comme fronton. Ma mère était très vive et adroite à ce sport et elle faisait bien courir mon père !…
Il y a encore cette anecdote, plutôt croustillante, qui me revient à la mémoire : Cela se passait au café « Chez Paulo », ce petit bar de quartier tout près des voies ferrées, où ma mère était allé téléphoner et où mes parents, chaque fin de semaine, venaient taper la belote en prenant l’apéro entre voisins. Ce soir là, nous nous trouvions, toute la famille au café et notre chienne Poppie était elle aussi, de sortie… Or, voilà que tout à coup, je l’aperçus, poursuivie par un petit ratier, un noiraud comme elle, et qui ne la lâchait pas…. Pire, il lui grimpait dessus en s’agitant… Je me mis à crier aussitôt, pensant que ce corniaud, était entrain de faire du mal à notre chienne… je hurlais si fort que tous les regards se sont tournés de notre côté et je tirais sur les bras de mes parents pour qu’ils interviennent mais eux, s’étend rendu compte de ce qu’il se produisait, avait pris le parti d’attendre que cela se passe... Alors, toujours en criant, j’ai réclamé des ciseaux pour qu'on les sépare et là, toute l’assemblée présente, est partie d’un immense éclat de rire. Moi je ne riais pas, j’étais furieux et, de dépit à cause de tous ces adultes stupides, je me mis à pleurer à chaudes larmes… Alors, ma mère m’a pris dans ses bras pour me consoler. Elle me rassura en me disant qu’il n’y avait rien de grave à craindre pour notre chienne … Et nous sommes bien rentrés ce soir là tous les quatre à la maison, mes parents, moi et notre fringante Poppie …
Je me souviens également, de ma première séance au cinéma, je devais avoir tout juste 6 ans. Toujours à Vanves, ma mère m’avait emmené à une séance, en matinée pour voir « Les Misérables », je ne sais quelle version exactement mais c’était un film d’avant guerre en noir et blanc et sonorisé, sans doute était-ce le film de Raymond Bernard avec Harry Baur, Charles Vanel, Orane Demasis. Par contre, je n’ai pas tenu longtemps en place tellement j’étais effrayé par les personnages, si bien que ma mère a du sortir avec moi peu après le début de la projection et il n’était pas question d’y retourner… Je pense que j’avais du lui faire de la peine mais elle n’a pas insisté et nous sommes rentrés chez nous…