Du premier on parle aisément sachant nous appuyer sur ce que nos sens nous permettent de percevoir et d’enregistrer, au second, on accorde tellement moins d’importance que c’en est désolant et pourtant il fait partie intégrante de nos vies… Comme la partie immergée de l’iceberg, il est aussi important et encore plus volumineux que la partie apparente …
Les « esprits » rationnels, à l’image du Saint Thomas, n’accordent authenticité qu’à ce qu’ils voient et constatent de visu par eux-mêmes… Par extension on dira que ces personnes là, incrédules, ne souscrivent à l’authenticité que de ce qui est perceptible et vérifié par nos sens.
Le philosophe viendra brouiller un peu plus les réflexions à ce sujet en introduisant le doute quant à la véracité de ce que nous percevons : est-ce bien la réalité ? Car ce qui est perçu en dehors de moi existe donc indépendamment et ce que j’en perçois m’est retransmis par mes organes des sens… Ceux là, sont-ils si bien affûtés pour me permettre de dire que ce qui est perçu là correspond à la réalité ; un autre que moi, peut percevoir, les mêmes choses, différemment ... Nous abordons de ce fait une autre dualité constituée, ici, par : le sujet et l’objet …
Mais là n’est pas le propos justement, car si il y a diversification des appréciations sur la chose observée, nous constatons que, même à partir de points de vue différents et avec une acuité plus ou moins bonne, de par nos conventions de langage, nous observons en fait, la même chose et, par cette pluralité des observations, accordons à cette chose une existence propre, la recensant parmi nos connaissances.
En dehors des objets, il faut également mentionner l’observation de phénomènes innombrables que, là aussi, le consensus nous permet d’enregistrer comme connaissances dans le registre des « faits » établis …
Bien sûr ces considérations juste présentées ici, mériteraient un développement bien plus important et je sais qu’il existe assez d’ouvrages philosophiques qui se sont intéressés à ce sujet et qu’il est donc toujours possible de les consulter … Ce faisant, sans que cela soit en contradiction avec ce qui va être énoncé, nous nous écarterions trop du thème de cet article.
Donc, du visible il y a moult considérations envisagées par les sciences officielles et reconnues auxquelles s’ajoutent les propos des philosophes mais, de l’invisible, souvent manifeste, mais non appréhendable par le canal des sens et donc par la raison scientifique et rationnelle, on envisage nullement l’étudier comme une part de ce qui existe pouvant se ranger dans la rubrique des connaissances certifiées.
Pourtant l’invisible fait intégralement partie de notre existence au point que lorsqu’on évoque de façon abstraite une quelconque de ses manifestations, nul ne doute de l’existence de celles-ci en dépit de leur caractère invisible, imperceptible, non tangible …
Quand on parle de sentiments par exemple : a-t-on vu concrètement des sentiments ? … Non !... on en perçoit que les effets, on en enregistre que la manifestation …
Des pensées qui a vu des pensées ?... De celles-ci, immatérielles on ne doute pas qu’elles existent puisqu’elles sont exprimées, se traduisent en paroles, voir en fait jusqu’à devenir une édification, une réalisation matériellement perceptible (Exemple du projet de l’architecte, transcrit en plan, celui-ci servant à la réalisation de la construction dont on peut alors percevoir le résultat définitif de visu)
Il faut bien distinguer deux choses ici : la pensée et son contenu : La pensée comme activité et son contenu comme la production de cette activité … La première n’est accessible autrement que par la méditation, la seconde nous n’en avons connaissance qu’à partir du moment où le producteur, en l’occurrence, l’architecte, nous en instruit …
Il y a aussi ce qui existe en germe comme une graine par exemple qui, enfouie dans l’obscurité de la terre, produira la plante. Cette graine contient déjà toute la plante, mais la considérant, nous ne voyons rien de cela. Même en en examinant la structure avec le plus performant des microscopes, nous ne verrons que de la matière ; jamais nous ne verrons ce qui provoque sa métamorphose ( Gœthéanisme ) et qui relève des forces édificatrices et de croissances.
De ce que nous rangeons dans la catégorie du « vivant », nous ne voyons que manifestations, n’enregistrons tout ce qui est phénoménologique mais jamais nous ne portons d’intérêt aux forces de vie agissantes, imperceptibles et pourtant manifestes, et, à l’origine de ces forces, ce que représentent les « intentions », les desseins créateurs … Nous nous contentons de parler de forces que nous répertorions mais dont on ne connaît aucunement l’essence même …
Il y a l’homme visible que l’on connaît qui se révèle à nos sens en tant que présence physique, la partie émergeante de «l’iceberg» et l’homme invisible, la partie immergée de «l’iceberg»…
Toutes les sciences physiques, sans cesse progressant, nous éclairent toujours plus sur cet homme visible ; par contre, les connaissance liées aux innombrables formes de la philosophie et de la psychologie, sont toujours très réductrices en informations sur la véritable nature humaine, ne se bornant qu’à recenser, voire analyser, les agissements et les comportements humains en rapport avec ses pulsions, ses motivations, ses intentions mais ne nous renseignent jamais sur les véritables raisons (desseins) à l’origine de ces 3 volets de sa personnalité … Nous en restons à des hypothèses, à de la symptomatologie …
De l’homme invisible, nous savons très peu et nous ne saurons guère plus si nous utilisons que les seuls moyens de spéculations intellectuels …
Aussi vrai que pour appréhender le monde visible, il faut se servir des sens physiques, comme la vue, l’ouïe etc. il est tout aussi vrai que pour appréhender le monde dit « invisible » il faut se servir d’organes appropriés afin que ce monde invisible devienne « visible »
Nous en sommes arrivés là, au rapport mystérieux qui existe entre la matière et l’esprit … Dès l’ors, l’outil de connaissances sera donc de nature très distinct pour appréhender d’une part ce qui est identifié comme matière et, d’autre part ce qui est qualifié comme esprit.
Abordons, un instant, une autre dualité : Vie et mort … Je me permets cette lapalissade en disant : là où il n’y a pas de vie, nous sommes en présence de la mort. La vie se rapporte au domaine de l’animé, la mort tient au domaine de l’inerte. Il y a encore plus à comprendre et, me retournant vers les biologistes, je me permets cette assertion en affirmant que les forces de vie mouvantes sont essentiellement à l’œuvre pour contrecarrer les forces de mort, sclérosantes…
L’homme est donc porteur de ces deux forces l’une se rapportant au vital, l’autre au minéral.
La mort est symbolisée par le squelette essentiellement minéral…
Il y a donc dans le monde des apparences des marques d’un monde qui n’apparaît pas au regard physique mais non moins agissant…
Hommes soyons humbles en dépit de l’étendue de nos connaissances, devant les choses qui confinent au spirituel, reconnaissons que nous sommes encore bien piètre pour expliquer ce qui tient au sens de la vie d’une part, et ce qui découle du monde spirituel, source de cette vie dans toutes les formes de sa manifestation, d’autre part …
Images :
- "Golgotha" - Dessin à la craie de Max Wolfhügel ( 1880 - 1963)
-" Lac de Genève et Mont Blanc" de Turner
- "Résurrection" de Max Wolffhügel