Les deux agents de police en tenue suivis du lieutenant escortant la jeune femme en armure dans les couloirs du commissariat constituent une scène surréaliste... « Il en a de bonnes Fraigneau : demander à cette fille de quitter sa cuirasse et tout son harnachement métallique, n'est pas une mince affaire...» pense le lieutenant Marchadier.
Ils parviennent devant une cellule d'isolement.
- Vous deux, vous allez m'aider à enlever son accoutrement à la détenue.
La dénommée Jeanne, jusqu'à là résignée, s'insurge :
- N'espérez pas que je quitte mon harnois en présence de ces deux hommes !...
- Comprenez que vous ne pouvez rester ainsi... ce doit être inconfortable surtout dans cette pièce exiguë. Je veux bien vous aider si vous m'indiquez la façon de procéder.. s'adressant aux deux agents :
- Merci, vous pouvez disposer, je m'occupe d'elle.
Les deux femmes se retrouvent seules dans la cellule. Jeanne, sans un mot, méthodiquement, se débarrasse des pièces constituant son armure : bacinet, cottes de plates à lames, haubergeons, avanbraz, gardebraz, brasselez, gantelet, plastron, pansière, dossière, garde-reins, braconnière, cuissarde, genouillère, jambière, soleret pour se retrouver en chemise, pourpoint et haut de chausse. Un amas de ferraille, de courroies et lanière en cuir, jonche le sol. Marchadier se pince les narines et a plusieurs haut-le-cœur, une odeur persistante de sueur et d'urine envahit le sas de dégrisement.
- Vous ne pouvez rester dans ces hardes imprégnées de souillures, mademoiselle ! Il va falloir passer sous la douche, vous puez trop, c'est une horreur !… elle manque de gerber et met la main devant sa bouche à plusieurs reprises..
- Passer sous la douche ?
- Oui la douche... sous l'eau... et vous laver complètement.
- Je ne me baigne qu'en rivière, devrons nous aller en bord de la Loire ?
- Suivez-moi ! Marchadier l’emmène dans le local réservé au personnel féminin du commissariat.
Elle écarte le rideau d'une des cabines de douche.
- Déshabillez-vous et entrez là ! Jeanne s'exécute et une fois nue, pénètre dans la cabine. Le lieutenant tourne le robinet du mitigeur puis se saisissant de la douchette l'asperge copieusement.
Un cri de bête blessée à mort monte dans tous les étages du bâtiment. Jeanne hurle à en déchirer tous les tympans du voisinage.
Aaaahaarrh ! Le feu ! Le feu ! Le feu ! Le feu ! Pitié doux seigneur ! Pitié !
Recroquevillée dans le bac à douche, elle gémit haletante, le visage dans les mains, elle sanglote. Cinq fonctionnaires, alertés par les hurlements de Jeanne arrivent à la rescousse. Parmi eux, le commissaire Gensac.
- Bon dieu ! qu'est que c'est que ce cirque ! Le lieutenant Marchadier est livide, elle a lâché la douchette tombée sur le carrelage, l'eau gicle jusqu'au plafond...
- Je ne comprends pas... j'étais entrain de doucher cette fille qui sent très mauvais et n'avait pas dû se laver depuis des semaines. Tout à coup elle s'est mise à hurler en criant au feu plusieurs fois de suite.
Gensac se penche sur la fille lovée en chien de fusil dans le bac.
- Vous êtes brûlée mademoiselle ? De dessous son avant bras un visage baignée de larmes le fixe. Elle est terrorisée.
- L'eau c'est du feu ! Elle brûle comme les flammes de l'enfer... Pitié mes seigneurs ! Pitié ! Ne jetez plus l'eau sur mon corps...
- J'avais pourtant bien réglé la température au niveau du mitigeur, se justifie Marchadier, c’était parfaitement tiède et supportable, avant de l'asperger j'avais d'abord testé la température de l'eau sur ma main.
- Elle brûle cette eau ! Elle brûle ! Rugit Jeanne...
- Essayez avec de l'eau froide, propose Gensac.
- Non pas l'eau ! pas l'eau ! Pitié hurle la fille qui se recroqueville jusqu'à n'être qu'une forme parfaitement ovale dans le fond de la douche.
- Je pense qu'il est inutile d'insister rétorque Jocelyne Marchadier.
Ne tenant pas compte de l'avis de sa subalterne, Gensac prend la douchette, positionne le robinet du mitigeur sur la zone bleu puis, ayant réglé le débit en jet concentré, arrose sans vergogne le corps de la fille...
Curieusement elle ne bronche pas... au contraire, elle se détend puis se relève soudainement, montrant sa nudité à toutes les personnes présentes. Elle semble avoir perdu toute pudeur et expose, en tournant et se retournant, toutes les faces aux courbes sublimes de son académie, au puissant jet d'eau froide...
- Oh oui ! Oh oui doux seigneurs ! Continuez, je vous prie ! Ah c'est bon ! Dieu que c'est bon, ce doux jet sur mon corps ! ... Oui, il éteint le mauvais feu ! Il calme toutes douleurs ! Oh oui, c'est bon ! ... continuez Oui ! Encore ! Encore s'il vous plaît !
L'assistance est ahurie. Marchadier réalisant que tous se rincent l’œil sans la moindre retenue en contemplant cette fille au visage d'ange, dotée d'un corps à la beauté sauvage, arrache la douchette des mains de Gensac puis, tirant le rideau de la douche, rentre toute habillée dans le bac, auprès d'elle...
- C'est bon on a compris ! Elle affectionne l'eau froide et ne supporte pas qu'elle soit tiède ou chaude. Sortez maintenant ! Je m'occupe d'elle...
C'est avec beaucoup de douceur que le lieutenant Jocelyne Marchadier savonne, passe l'éponge, rince puis essuie la peau soyeuse de Jeanne qui, maintenant, regarde avec reconnaissance sa bienfaitrice. Ses grands yeux bleu-vert se remplissent de lumière...
« Et maintenant il faut la rhabiller, pas question de lui faire remettre ses lamentables et nauséabondes nippes... » pense Jocelyne, dont les vêtements, du haut jusqu'au bas sont archi-trempés...
à suivre : « En mon plaisir vêtir... »