Les excès, les abus, les mesures extrémistes, sont toujours nocifs, pathogènes, et mettent en péril la santé, les équilibres, les harmonies, la vie…
À la suite des terribles événements auxquels nous avons assistés tout au cours de la semaine dernière, il serait maintenant séant et positif de repenser certains termes qui ont été moult fois usités à travers les comptes rendus d’infos et les reportages de la presse écrite, de la radio et de la télévision : Liberté d’expression, tolérance/intolérance, humour, ironie, dérision, insolence, irrévérence, outrances, censures et bien sûr barbarie, infamie, extrémisme, obscurantisme, sectarisme, radicalisation, tout ceci sous couvert de la laïcité inscrite dans l’esprit républicain prônant les valeurs de Liberté Egalité, Fraternité dont s’enorgueillissent, avec la nôtre, toutes les Nations qui placent les droits - et les devoirs - de l’homme au centre de leur constitution citoyenne.
La liberté d'expression chère à notre peuple a été la première visée par les terroristes. C’est bien cette liberté qui a rassemblé plus de 5 millions de personnes pour une marche Républicaine dans la France entière ce dimanche 11 Janvier.
Question : n’y aurait-il pas des limites à la liberté d’expression à travers ce que l’on pense, dit, écrit et manifeste ? Tout, du plus malsain et hideux au plus noble et exaltant, peut il être exprimé au nom de cette liberté d’expression ?
À partir de cet exemple envisageant des situations en polarité, où un citoyen sortirait tout nu ou, au contraire, complètement voilé masquant entièrement l’apparence de sa personne, est-ce qu’un tel comportement, en phase avec sa façon de s’exprimer (il se sent bien tout nu, ça lui plait d’être ainsi et de le faire savoir ou bien, il n’a nulle envie qu’on le dévisage ou reconnaisse et veut absolument qu'on le sache) n’aura pas pour effet d’être aussitôt réprimé étant déclaré inacceptable et hors la loi ?
De tels exemples on peut en donner des centaines ; en fait, nous sommes là dans ce que l’on qualifie d’outrances qui tiennent de la pure et dure provocation, aux confins des limites de ce que les lois, droits et devoirs, admettent ou réfutent puis condamnent.
Et, il est bien là le problème à la fois délicat et douloureux auquel nous sommes présentement confrontés.
Les médias, la presse y compris celle humoristique, l’image, la radio, la télé, sous couvert du droit à l’info, doivent-ils user de toutes les formes et qualités d’expression envisageables entre l’irrévérencieux, le grossier, le libertin, les pamphlets outranciers, les propos insolents et irascibles, les caricatures infamantes volontairement disgracieuses et exagérément vulgaires et la bienséance des écrits et images sensés nous instruire et informer ? Jusqu’où est-on en droit et en phase avec le sens moral, d’aller en matière de libre expression ? N’y-a-t-il pas un seuil à ne pas franchir portant atteinte à la liberté et l’intégrité culturelle d’autres personnes appartenant à des groupes ethniques différents des nôtres en terres occidentales ? …
Nous voici déjà dans le débat se centrant sur l’école où l’on a recensé des comportements répréhensibles d'élèves, lors de la minute de silence exigée en hommage aux victimes du terrorisme.
L’école de la République exige le respect pour ses valeurs républicaines et donc celui à accorder aux enseignants puis que l'on fasse preuve de civisme en toutes circonstances de la vie publique.
Mais comment faire comprendre et admettre à certains élèves ce respect exigé à l’école pour les maîtres et ce qu’ils enseignent, face à l’irrespect, l’irrévérence se dégageant des images satyriques de journaux qui, sous couvert du droit à la libre expression et sur le ton de l'humour souvent caustique, maltraitent et ridiculisent la religion qui est la-leur. Leur expliquer qu’il s’agit de formes comiques et ironiques ayant mission de faire rire et de tourner en dérision des activités belliqueuses et terroristes de la part de groupuscules extrémistes se réclamant de cette même idéologie religieuse, suffit-il ?
Hors nos frontières, sur d’autres continents, dans des pays de cultures, de mœurs, très différents des nôtres, se pose-t-on la question de comment ils reçoivent, comprennent et interprètent nos formes de « libres expressions » nos idées et autres conceptions dictées par l’humour touchant à ce qui pour eux est sacré ? Quand on touche à leurs croyances ou leur religion, pour eux, ces caricatures de leur Dieu ou Prophètes, sont perçues non seulement comme de l’irrespect mais aussi comme de la profanation. Et parmi eux, certainement une minorité, les plus radicaux, appellent à la rébellion voire à la guerre sainte, ce qui alors pour nous, est une outrance que l’on qualifie d’obscurantisme et, par les actes, de barbarie.
La question se pose : Pourquoi les-uns feraient-ils l’effort de comprendre les-autres, si ces-autres n’en font pas eux-mêmes, pour comprendre les-uns ?
Choc des cultures ?… Assurément, ceci devant expliquer que, même à l’ère de l’Internet et de la mondialisation, certaines de nos attitudes, comportements, façons de s’exprimer, sont totalement incompris et irrecevables par ces personnes en « pays lointains », elles, aussi très éloignées de nos manières de penser, apprécier et juger.
Sommes-nous capables de nous dire que là et ailleurs, partout à la surface de la terre, nous pensons sans doutes les mêmes choses mais différemment, ceci à cause de la diversité géographique des lieux de vie, des modes de vie et des adhésions aux idées, aux croyances et pratiques qu’ils impliquent.
Tolérance, sans aucun doute, elle devrait s’établir sur chaque bord des factions en présence dans une confrontation de nature idéologique ou religieuse, mais pour cela il faut désirer se parler, s’écouter, questionner, s’interroger, en un mot, se rencontrer, ayant fait le choix délibéré de baisser les armes* et de laisser de côté tous ces moyens d’anéantissement de la façon et de la raison d’être de l’Autre, que l’on méconnait, et dont on a peur.
Mais, au-delà de l’utopie, pour qu’il en soit ainsi, il faut déjà faire abstraction de ce nouveau moyen de communiquer sur les réseaux sociaux. L’Internet met déjà un voile sur les visages et ce qu’ils expriment. Il ne faut pas d’écran entre les hommes lors de telles rencontres mais du courage tout simplement, ce courage qui conduit vers l’Autre…
Demeure, dans notre culture occidentale, ce que nous avons-nous-même renié, au-delà de la foi, tenant à une religion dite judéo-chrétienne, le sens du sacré car dans nos sociétés libres affranchies de tous dogmes, se reconnaissant non sectaires, en vertu d’une "sacro-sainte" laïcité**, il est de bon ton de se dire athée, agnostique, libre penseur.
Sens du Sacré, cet ordre où se retrouvent, en priorité :
Le respect de la vie – le respect des parents – le respect de sa famille – le respect de ses maitres – le respect de ses semblables et même le respect de ses ennemis.
Vous remarquerez que dans ce qui est énoncé ci-dessus, nous ne parlons pas de lois dictées par un code civique ou par les dogmes d'une religion quelconque qu’il faut alors respecter quand on vit en société, mais uniquement de ce qui, pour Tous, a une valeur universelle, ainsi :
- La vie donnée, ce n’est pas à nous de la reprendre ou l'anéantir…
- Ceux qui nous ont donné la vie, nous ne pouvons que les remercier et leur rendre grâce.
- Ceux qui nous gratifient de leur affection et de leur attention, nous ne pouvons que les honorer.
- Ceux qui nous élèvent, nous conduisent vers l’autonomie et nous apprennent à faire face à nos responsabilités, nous devons les gratifier de notre sincère reconnaissance.
- Ceux qui font obstacle à notre progression, nous ne devons pas les ignorer et les regarder droit dans les yeux avant de les affronter.
Alors ne parlons pas de censure mais d’autocensure dictée par notre conscience qui a assimilé librement ces préceptes universels de la Vie, ici-bas.
NB :
* : Ici, il ne saurait être question de dialoguer avec des membres actifs du terrorisme international mais avec des personnes offusquées, blessées par des appréciations négatives et dégradantes au sujet de leurs croyances et habitudes de vie, propos résultant de nos libertés à s'exprimer sans vergogne à travers nos écrits, nos dires et diverses formes d'illustrations..
** : S'agissant de la laïcité, il n'est pas question ici d'en remettre en cause les fondements républicains mais de faire comprendre qu'en ce sens il existe aussi des "extrémistes" qui ne veulent rien entendre des discours non prosélytes provenant des personnes engagées dans une religion quelle qu'elle soit, les jugeant d'emblée endoctrinées et inaptes à pouvoir tenir un discours rationnel. On peut très bien être adepte d'une religion et être ouvert aux idées des autres même de celles émises par des personnes agnostiques. Réciproquement, on peut être à bon droit laïc, sans être obligé systématiquement de se fermer à d'autres courants d'idées.