Le tracé sur la carte Michelin d'origine - Plan d'Athènes - Les Notes dU 12 août dans le carnet de bord de Anne-Marie
Mercredi 12 août 1970 :
Le réveil se fait péniblement à partir de 8H15 . Après le petit déjeuner, Daniel et moi effectuons le rangement du camp puis le démontage et pliage des tentes… On charge le tout, arrimons sur nos véhicules et allons ensuite tous prendre une bonne douche pour se débarrasser de la poussière collée sur nous par la sueur.
Il est midi et demi quand nous quittons Delphes. Depuis notre départ en Normandie nous en sommes au kilomètre 3773 … Nous voici donc en route pour Athènes … Il fait un soleil de plomb… Nous roulons toutes vitres baissées mais c’est de l’air chaud qui entre dans l’habitacle, et qui bourdonne de façon désagréable à nos oreilles … À bord de l’Anglia, cela n’empêche pas Emmanuel et Maguy de s’assoupir…
Il y a de nombreux chantiers qui ralentissent notre progression, nous traversons des régions rocheuses et arides. Etant restés quatre jours à Delphes, plusieurs jours s’étaient donc écoulés sans faire de la grande route, sur ce trajet plus important, entamé aujourd’hui, je me rends compte qu’il y a du shimmy dans la direction de l’Anglia. Cela vibre pas mal au dessus de « 70 » et c’est très désagréable… Je roule à allure très modérée et fait donc durer le temps du voyage au delà du raisonnable, suscitant l’exaspération des voyageurs abrutis par la poussière et la chaleur …
De ce fait, nous passons plus de quatre heures et demi sur la route pour effectuer les 180 kilomètres de cette étape…. Il est 17H quand nous arrivons à Athènes où c’est toute une aventure pour circuler dans le flot des véhicules qui sillonnent les artères de la capitale hellène à grande vitesse. Les grecs ont l’avertisseur facile et on se fait plusieurs fois klaxonner d’autant que nous ne savons pas trop où aller dans cette ville, l’urgence étant de trouver un terrain de camping … Il n’en apparaît aucune indication dans le centre. En plus la signalisation est mentionnée en Grec moderne avec des caractères dont certains sont inhabituels pour nous, ça ne simplifie pas la tache pour se repérer ( Pas de GPS , à cette époque !...) Au « pif » donc, on remonte vers le nord et sortons de la city …
ATHÏNA ! ATHÏNA ! nous voilà !...
C’est au niveau de Kifissia, à une douzaine de kilomètres du centre d’Athènes que nous trouvons un grand terrain de camping …
Il nous est attribué une place pour une seule tente au milieu des conifères. L’endroit est vite transformé en souk, au moment de l’installation de notre campement …
Vers 20H, tout est opérationnel. Il fait bon si bien que nous allons prendre une bonne douche… Le camp possédant restaurant, piste de danse et piscine, nous nous accordons une excellente soirée restau et dancing où chacun se détend et s’amuse. J’en oublie mes soucis de roues avant facétieuses de l’Anglia … Slow, jerk débridé, nous dansons jusqu’à épuisement, parfois, en écrasant involontairement les pieds des danseurs voisins, ce qui nous empêche pas d’échanger des cascades de plaisanteries qui nous font rire aux larmes …
Bien stimulés par cette soirée de défoulements très toniques, nous prenons les voitures pour se faire Athènes by night… A 2 heure du matin, nous voici au pied de l’acropole illuminé … Ce vaisseau architectural d’un autre âge comme ombilic au centre de la ville, nous impressionne par sa majesté…. Marbre blanc, colonnes puissantes du Parthénon au dessus de nous, témoignent de la splendeur de cette civilisation ou Divin et Art sont harmonieusement réunis pour rappeler aux hommes qu’avant tout, à l’image des dieux, ils sont eux aussi créateurs… même si dans leurs âmes tourmentées, se manifestent aussi les accès d’esprits dévastateurs. De ces mauvais esprits, l’Acropole en a aussi fait les frais, les Turcs occupants ayant fait en ce site une poudrière …
Nous demeurons silencieux en nous promenant au pied de ce promontoire à sanctuaires. Nous avons conscience d’être là, en présence du berceau de notre civilisation …
Athènes tient son nom de la racine indo-européenne « Ath » signifiant tête ou sommet et de la légende selon laquelle la déesse Athéna, déjà armée de son casque de guerrière, serait née ainsi, de la tête de Zeus …
La citée d’Athènes située au Sud Est de l’Attique, entourée de quatre Monts ( Aégalien, Parnitha, Lycabette, Hymettus), s’étend sur une superficie de 40 km2, l’agglomération s’étalant, elle, sur une superficie de 427 km2. De Kifissia, au Nord, au Pirée, au Sud, on parcourt 25 kilomètres de cette métropole…
La fondation d’Athènes remonte au VIIIème siècle avant J.C. Sa période d’or se situe au VIème siècle avant J.C. à l’époque de Périclès où elle devient la capitale de la Grèce. Elle en sera le foyer culturel, politique et économique qui va briller sur tout le bassin Méditerranéen pendant 600 ans, influençant les grands courants de cultures qui suivront. Cette postérité fait qu’Athènes survivra à sa décadence entamée sous les empereurs byzantins … Elle a donné le jour à la philosophie et à la démocratie.
A l’époque de sa plénitude antique, la cité comptait 300 000 habitants. Cette population tombera à moins de 10 000 habitants au début du XIXème siècle.
En 1970, à l’époque de notre voyage, on dénombre une agglomération de 1 887 041 âmes. Au recensement de 2005, l’agglomération comporte 3 072 922 habitants dont 729 737 pour la ville même…
A l’issue de cette journée toute en contrastes, de retour au campement, nous grignotons quelques noisettes puis allons nous coucher remplis d’images d’un autre temps … Athènes ! Athènes ! entendez ces clameurs qui montent de l’agora ! … les peuples à venir devront louer ta splendeur et remercier Périclès …