Il y a comme ça des signes manifestés par les éléments qui peuvent être précurseurs d’événements à venir dont on ne peut exactement savoir ce qu’ils comportent mais néanmoins, nous permettent de ressentir que la nature exceptionnelle desdits signes, augure de lendemains aussi exceptionnels, porteurs de bons ou mauvais aléas …
Ainsi, quand au cours de ce doux après-midi de Noël 1999, le ciel se chargea de nuages bourgeonnants en même temps que d’électricité au point que le tonnerre gronda et que des éclairs zébrèrent l’horizon, je me suis fait intérieurement cette réflexion : « orage à Noël ne présage rien de bon …»
Sans vouloir être fataliste, cela s’avéra vite catastrophique car dès le lendemain une tempête d’une rare violence baptisée ouragan Lothar, a traversé tout le nord de la France provoquant des dégâts incommensurables qui, de manière indélébile, ont marqué les mémoires d’autant que 36 heures après, une seconde tempête aussi violente, baptisée ouragan Martin, balayait cette fois, la partie sud de l’hexagone … Les conséquences se soldèrent par un nombre incalculable de sinistres dont, en certains endroits, un quasi anéantissement d’espaces naturellement boisés… une véritable catastrophe nationale !…
Dimanche 26 Décembre 1999 au matin : la toiture de l'unité "St Georges" a eu chaud !...
A cette époque nous étions à Saint Martin.
Trois jours plus tard, Le passage à l’an 2000 qui suivit se fit, malgré cela, dans la liesse populaire et ce à l’échelon planétaire …
Nous étions entrés dans le 3ième Millénaire …
"Celui qui sème le trouble dans sa famille, récoltera le vent ..."
( La Bible - les Proverbes - Verset 29 )
A peine 6 mois plus tard, le 12 juin 2000, cela fait donc exactement, 10 ans aujourd’hui, suite à une réunion de responsables d’unités s’étant déroulée dans une ambiance, elle aussi, électrique et dans une atmosphère que nous qualifierons de houleuse, la teneur des propos échangés eut pour conséquence le basculement dans les oubliettes, de la spécificité de tout un ensemble de pratiques de presque 30 ans, d’accompagnement des personnes handicapées mentales, au profit de celles plus conventionnelles qui nous furent imposées par la suite. Je ne m’étendrai guère plus sur l’ampleur de ce "cataclysme" qui ramena le Centre Saint Martin au point zéro. Un point zéro dont il a pu heureusement renaitre bien qu’étant passé par la case « gros risques de fermeture définitive» pouvant entrainer l’expulsion de 60 résidents et la mise à pied de 31membres du personnel tous postes confondus …
Au sortir de plusieurs mois de tensions, le destin de ce Foyer de Vie, connut une heureuse issue puisqu’aujourd’hui, ses capacités d’accueil permettent d’encadrer un nombre double de résidents à savoir 120 personnes déficitaires adultes et, faisant œuvre autour, plus de 40 travailleurs sociaux assistés d’une bonne vingtaine d’agents techniques …
De ce point de vue il est juste de penser que ce conflit social qui en l’an 2000 a remis en cause toutes les pratiques et le fonctionnement initiale de l’institution n’a été que bénéfique…
Si je dois reconnaître que l’augmentation des capacités d’accueil correspond à ce que la société attend de ce type d’établissement pour y recevoir un nombre toujours plus croissant de personnes ayant besoin d’accompagnement et de soins particuliers et qu’une modernisation des structures et infrastructures d’accueil s’imposait, j’ai encore sur la gorge la façon dont fut éconduit tout une passé professionnel bien en phase avec une méthode d’accompagnement inspirée de la sociothérapie d’obédience anthroposophique. Ainsi furent évincées de manière radicale, la pédagogie curative et la sociothérapie ayant inspiré un mode de vie tout à fait adapté à la situation humaine particulière et disons le, marginale, des personnes handicapées et déficitaires accueillies au Centre Martin, depuis sa création remontant à l’année 1964.
Toute ce dispositif socio-éducatif, toute cette attitude, tout ce geste socio-thérapeutique furent complètement et définitivement « laminés » par le passage obligatoire à l’observation stricte de la loi des « 35 heures » …
C’est certainement pour cette raison qu’aujourd’hui, retraité depuis plus de 5 années, je me sens en droit et en demeure de publier, non ce qui a provoqué et fut ce bouleversement mais ce qu’avant cela, furent ces 35 années d’accompagnement de personnes handicapées mentales d’abord adolescentes puis adultes dans une structure où leurs existences étaient pensées puis organisées à partir des fondements mêmes de la pédagogie curative puis de ceux de la sociothérapie d’obédience anthroposophique, quasi méconnues en France mais beaucoup plus répandues et appliquées dans ces établissements spécialisés, en Suisse, en Allemagne, en Belgique, aux Pays bas, en Scandinavie, au Canada, aux USA et se répandant également en certains endroits des continents, Africain, Asiatique, Australien et Sud-Américain …
Ayant pendant ces 35 années participés avec autant d’assiduité que d’enthousiasme à cet accompagnement des personnes handicapées mentales dans une structure de ce type, je crois aujourd’hui que c’est un devoir pour moi, de vous raconter ce qu’il en fut au gré des événements petits et grands qui ont ponctué ce style de vie à la fois « à côté » mais aussi, bien « au milieu » de la "plaque" …
Ce récit a pris début dans la catégorie « Des Bergers et des Rois » de ce blog et bien des aspects de la matière à penser ce « travail » particulier ont déjà transpiré sur « Les cahiers du Martiniste ».
Je vous remercie de votre attention et pour la suite, nous souhaite Bonne Aventure ! ...