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Le Mirebalais Indépendant

La Vie d'ici et d'ailleurs - Patrimoine : d'hier à aujourd'hui, un monde riche de son passé, a forcément un Avenir ...

Publié le par FARFADET 86
Publié dans : #Les clins d'oeil du Farfadet

J'ai reçu ce roman en cadeau à Noël... j'en ai entamé sa lecture il y a quelques jours seulement et viens juste de la finir car, dès que l’on plonge son attention dans ses pages, on les parcourt goulûment...

Oui, ce best-seller méritait bien le Goncourt. C'est très bien écrit, c'est haletant et c'est historique par le fait que l'intrigue se situe dans le cadre de la première grande guerre et, pour être précis, juste à la fin. Elle commence au tout début du  mois de novembre 1918, une dizaine de jours avant que soit proclamée l’Armistice.

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Non, je ne vous en ferai pas ici un résumé, car c'est essentiellement une invitation à la lecture de ce dernier roman de Pierre Lemaitre, qui justifie ce billet.

 

Connaissant le cadre, qu'est ce qui alors pourrait vous allécher pour, à votre tour, dévorer les pages de « Au revoir là-haut » ?

Pour cela, je ne vous parlerai donc que d'un personnage lequel n'est pas à compter parmi ceux les plus importants qui, par leurs conduites et menées héroïques ou viles, leur chassé-croisé dans l'espace et dans le temps, participent, aux premiers plans, au dénouement de ce drame lequel s'étend sur à peu près 3 années ...

 

Merlin, oui Merlin ... pas l'enchanteur non, le personnage en question, ici, n'a rien pour faire rêver, il est même un des pire cauchemars qui puisse se présenter à notre vision, par son apparence physique, son accoutrement et ses gros brodequins crottés, en plus, il pue, il empeste à cause de la crasse cumulée et le graillon qui imbibe ses vêtements... un sinistre individu à la face inexpressive, un rustre qui ne répond pas à vos questions, qui vous bouscule sans manière pour suivre ses plans...

Sa fonction... justement... c'est un fonctionnaire de l’État, un sans-grade, qu'au gré des mutations on a toujours mis au placard, un sale type, peu communicatif qui n'a que faire de ses collègues et qui obéit uniquement et strictement aux ordres venant de ses supérieurs au sommet de la hiérarchie.  Personne n'aime ce Merlin qui pourtant, fait scrupuleusement et honnêtement son travail. Sa présence vous fait froid dans le dos, à son contact, on se trouve plus que mal à l'aise, ceux qui auront à le croiser ne l'oublieront jamais... et pourtant dans son existence banale à pleurer, Merlin est bien l'être humain qu'on oublie aisément comme tous ceux qui se comptent dans la cohorte des insignifiants …

 

Alors, quand au cours de l'année 1920, on le charge d'une mission que tous fonctionnaires ayant longue carrière derrière eux refuseraient, tant elle est rebutante, lui, il y va avec ses gros souliers, ne craignant nullement de patauger dans la fange des cimetières de fortune (ou plutôt d'infortunes) où l'on exhume tous ces soldats tirés des champs de bataille, enterrés à la hâte à l'arrière du front, pour accorder à chacun de ces valeureux poilus une sépulture digne dans ce qui constituera ces vastes champs d'honneur constellés de ces centaines de rangées de croix immortalisant leurs noms. C'est en inspecteur missionné par une haute commission d'enquête sur les moyens employés pour effectuer cette douloureuse besogne ayant à dessein de restituer tous ces milliers de morts à la postérité nationale et à la gloire qui les honore eux et leurs familles inconsolables, que Merlin vient mettre les pieds dans le plat d'entreprises les plus éhontées qu'on puisse mettre en œuvre au détriment de la dignité humaine et du respect à accorder à ceux qui ont été, par centaines de mille, sacrifiés sur l'autel de la Patrie …

Autour, ça s'articule, ça gesticule, ça grimace, ça geint, ça pleure, ça rit jusqu'à faire peur comme dans un vilain rêve qui n'en n'est pas un...  Un voyage au delà de l'horreur et du sordide dont les sentiments les plus humains ne sont pas exclus ni la dignité humaine forcément écorchée en dépit des chairs meurtries et des peurs viscérales...

Cette œuvre monumentale - et ce qualificatif, ici, n’a rien de singulier tant il sied à son thème post-historique - nous délivre deux messages importants :

Le laid, l’horrible n’incarnent pas forcément le mal, de même que  le beau, le plaisant, le charme, n’habillent pas nécessairement le bon et le bien… on peut aussi bien les masquer, au propre comme au figuré… et jeter ainsi un peu plus de confusion dans ce rapport qui oppose esthétique et éthique… mais pas seulement…

La Rédemption serait aussi envisageable pour qui, un jour, aurait renié son père ou qui aurait renié son fils… 

 

Merci Monsieur Lemaitre, qui ajoutez à l'Histoire, les pages d'une fiction bien ficelée qui n'a rien d'improbable quand sont à l’œuvre les intentions les plus égoïstes et perverses, les désirs d'hégémonie les plus vifs excluant dignité et probité quand, à l’opposé, d'autres accordent sincèrement et douloureusement de l'amour à leur prochain.


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B
Babelutte52<br /> J'aime beaucoup votre critique qui ne dévoile pas du tout l'essentiel de l'histoire mais suffisamment intéressante pour donner l'envie de découvrir ce magnifique roman de Monsieur Lemaitre.
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F
Pour Hitler, on peut effectivement être scandalisé, mais si on suit le raisonnement de ce Dieu qui rentre dans le détail des évolutions des âmes; si on ne prend pas nos ressentis,pour ce qu'il sont, si la cruauté, la violence et tout ce qui se passe sur terre ne sont en fait que des rêves éveillés qui n'ont aucune espèces d'importance pour des âmes immortelles appelées à vivre dans l’éternité, on peut examiner toutes nos croyances avec un autre regard.Qui était ce Dieu discutant par écriture automatique avec l'auteur du livre? Son subconscient ou son inconscient? Je n'en sais fichtre rien.
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F
En fait, les réalités du monde spirituel ne sont en rien semblables à celle du monde physique temporel où nous séjournons présentement et pourtant ces deux mondes sont en résonances. Ce qui diffère c'est l’intelligence pour les appréhender distinctement. A ce moment, il est évident que nos raisonnements terrestres ne conviennent pas dans la dimension spirituelle où d'autres instances bien plus élevées sont de mise et à l’œuvre
F
J'ai beaucoup aimé la conclusion tirée de cette lecture où le laid finalement a en soi des laideurs et que la beauté n'est pas forcément ce que les apparences peuvent nous pousser à penser. Dans "conversations avec Dieu" il y a un passage qui peut énormément choquer dans lequel le Dieu de l'auteur dit que même Hitler aura peut être place au paradis, parce que les âmes disparues ne sont pas mortes et ce sont elles qui ont choisies leur sort pour une évolution qui laisse rêveur. Conclusion: méfions-nous des apparences, de nos interprétations, de nos conclusions hâtives, de nos convictions
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F
Bonjour Francis, nous abordons là des notions pas vraiment admises par un grand nombre de personnes, notions touchant aux aléas et aux mystères d'une Vie spirituelle proposant l'immortalité de l'âme, son évolution au cours de ses incarnations et suivant ses desseins et les "missions" qu'elle investies sous le poids de son Karma... Il faut une belle ouverture d'esprit pour souscrire à ces assertions mais qui, pour mon compte, rentrent tout à fait dans mes convictions. Maintenant Hitler au paradis... j'aurai énormément de réserve à ce propos déjà parce qu'au premier degré le personnage inscrit dans l'Histoire ne fait que de susciter le dégoût, la colère tant son "œuvre terrestre" a commis d’horreurs et d'injustices et fait passer les portes de la mort à des millions de gens ayant eu à endurer avant, les pire sévices et humiliations. Une âme hautement tourmentée que celle de ce tyran exterminateur et sanguinaire... maintenant en tant qu'âme, elle aussi, a un karma à assumer. Qui voudrait être à sa place ?...
M
<br /> Ah ! Voilà un résumé qui m' incite à lire ce livre ! Le premier mari de ma grand mère ( et frère de mon grand père ) a été tué à Petites Perthes lors de la bataille de la Marne .Il fut déclaré<br /> disparu alors que , grace  au net on m' a envoyé le certificat de décès et la fiche matricule prouvant qu'il a été constaté mort (Par l' officier chargé des détails  ça ne s'<br /> invente pas  )  le 10 septembre 1914 . J' ai cheché à en savoir plus et me suis déplacé vers ces lieux de mémoire autour de Vitry le François . Des inconnus partout , là est peut<br /> être la clé de leur disparition . J' habite moi même sur les champs de batailles de la Somme et suis interressé au plus haut point . Merci pour ce conseil je vais tenter de me procurer ce livre !<br />
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M
<br /> à lire peut-être cet été ... <br /> <br /> <br /> amitié et bonne lecture .<br />
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FARFADET 86
Sexe : Homme
À propos : Retraités à Mirebeau* (Vienne), depuis janvier 2005, avec mon épouse, nous étions accompagnateurs de personnes handicapées mentales, ceci pendant 40 ans, dans un Foyer de Vie, en Haute Normandie.

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