Réédition d'un article initialement publié le 11/11/2009 à 23:36
Du Levant au Couchant …
"Comme on fait son lit on se couche" nous instruit un proverbe … auquel je ne manque pas d’ajouter aussitôt : "Ce qu’au coucher tu as laissé, au lever le retrouveras …"
Oui c’est ainsi que nous happe la spirale du temps … nous soumettant de causes à effets et, à partir de ceux-ci, dans la foulée, nous engendrons de nouvelles causes … C’est sans fin… mais non sans effets …
Quand nous reprenons le cours de la grande, très grande histoire des civilisations, nous nous rendons compte que le plus souvent, les grands courants de déplacements humains se sont effectués d’Est en Ouest. Ces flux migratoires qui remontent à plusieurs milliers d’années sont sans doute la conséquence de ce que l’homme suivait la course du soleil dans le ciel dont le périple lui fait parcourir l’horizon d’Est en Ouest.
Nous savons tous que notre vieille Europe s’est petit à petit, faite colonisée à partir des peuplades venant de l’ancien Indus, de ces régions primitives de l’Inde Antique… Nombreux groupes humains qui progressèrent jusqu’en terres très lointaines lesquelles, par la suite, furent englouties. Ces terres submergées appartenaient à un continent immense auquel, depuis, nous avons donné nom d’Atlantide …
Les Celtes nous viennent aussi de lointaines contrées l’Est
Les Mages également partent de l’Orient et, en suivant l’Etoile providentielle, se dirigent vers l’Occident
L’Histoire officielle nous indique aussi que presque toutes les grandes invasions suivent ce même sens d’orientation. Et l’Histoire toute proche en atteste encore …
Quand l’homme ne trouve plus de limites ou des frontières naturelles, ne supportant pas de devoir faire front à l’inconnu, bâtit un mur … ainsi se sont un beau jour érigés : Mur de l’Atlantique puis Mur de Berlin …
Il est intéressant d’observer que dans l’histoire entre Orient et Occident, les grandes invasions se sont faites d’Est en Ouest alors que les grandes conquêtes se sont faites en sens inverse d’Ouest en Est à l’instar d’Alexandre le Grand, Napoléon et Hitler … Tous se sont heurtés à la démesure de leur entreprise d’expansion … on ne va pas contre la marche du soleil sans en avoir à subir l’implacable revers lié à l’éblouissement …
Laissons, pour l’instant ces images fruits de représentations et d’interprétations pouvant vous paraître fantaisistes et revenons-en à cette idée du lever et du coucher, actes de notre quotidien, sans cesse renouvelés au cours des jours qui nous sont donnés de vivre …
Remarquons combien nous sommes différents le matin au réveil et le soir avant d’aller dormir et ce quel que fut le contenu événementiel de cet espace de temps diurne où nous étions sur le mode conscience de veille …
Proche de ces moments frontières entre sommeil et réveil d’une part et veille et endormissement d’autre part, nous connaissons, tous, ces instants de nébulosité où notre conscience ordinaire ne peut participer à cette bascule qui nous fait passer d’un état dans l’autre …
Ce moment de nébulosité est différent quand il s’agit de passer de l’état de sommeil à l’état de veille et quand inversement nous devons passer de la veille au sommeil …
Dans la première situation, il y a quelque chose de surprenant d’étonnant de quasi merveilleux...
Dans la deuxième situation, il y a quelque chose d’obsessionnel, d’irritant surtout quand, en dépit d’une grande fatigue, nous ne trouvons pas le sommeil.
Le réveil, même brutal, dans les tous premiers instants est bien imprégné de cette atmosphère comparable à une éclosion magique comme une naissance…
L’entrée dans le sommeil, au contraire, est beaucoup plus difficile car il s’agit de lâcher prise avec toutes les représentations qui se bousculent dans notre entendement, il y a là comme une quête, une intention de mort … Bien sûr, tout ceci se réalise uniquement au niveau de notre subconscient …
Plus je m’éveille et plus ce côté magique merveilleux lié à cette re-naissance, disparaît, les réalités de ce monde viennent percuter ma conscience c’est comme un désenchantement et cette réalité se fait irritante …
Au contraire, au moment de l’endormissement, plus je perds pied avec la réalité et plus mon être se réjouit, s’émerveille en quittant ce monde pour partir dans le sommeil. C’est un fort instant d’apaisement…
Considérez bien ce paradoxe du réveil qui me fait sortir du sommeil en passant de la béatitude à l’irritation, en polarité avec l’endormissement qui me fait entrer dans le sommeil en passant de l’obsession à l’apaisement …
Vous avez là, la quintessence de la nature humaine des peuples d’Orient (au Levant) en complète opposition avec la quintessence de la nature humaine des peuples de l’Occident (au Couchant )
L’Oriental est illuminé par le merveilleux rencontré dans le sommeil (Vision spirituelle de la nature des composants de ce monde) et se devant de vivre le tumulte de la réalité physique du monde, va être sans cesse en mouvement. Cela parce qu’il passe progressivement d’un état introverti de profond recueillement lié à la béatitude, à celui d’extraverti bouillonnant de vitalité, combatif et entreprenant jusqu’à pouvoir sacrifier sa propre vie, n’ayant nullement peur de la mort …
L’Occidental est assombri, imprégné, obsédé par les composants tangibles du monde terrestre qu’il tient pour unique et indissoluble réalité (vision matérialiste du monde) ce qui en fait d’emblée un être agité qui se devant d’agir pour arriver à ses fins, va sans cesse cogiter comme parfait stratège… ainsi, d’extraverti le matin, il s’achemine vers ses buts en devenant de plus en plus introverti mais aussi de plus en plus angoissé vers le soir, redoutant la mort qui l’entrainerait hors de ce plan physique dont il est si dépendant …
Le premier, épuisé physiquement, sera plus enclin à retrouver le sommeil en paix
Le second, surmené mentalement, aura beaucoup plus de mal à retrouver le sommeil et, ce qui va avec, l’apaisement ….
Vous avez là, en condensé, tout ce qui dans leur nature profonde oppose les humains de l’Orient à ceux de l’Occident. II en résulte que tout ce qui va être élaboré par ces deux groupes humains aux antipodes, va imprégner de façon aussi distincte et souvent polaire ce qui constitue leur façon d’être, de vivre, d’imaginer et réaliser, influençant les secteurs d’activité sociale, économique, artistique et culturelle. Nous sommes en présences de deux types de civilisations très opposées : la première, déifie l’homme en niant l’homme pour n’y voir que ses dieux, la seconde tente, elle, « d’humaniser » ses dieux, niant Dieu pour n’envisager que l’Homme …
Énoncé de la sorte, tout ceci vous paraitra catégorique comme étant le reflet d’un schéma élaboré par une forme de pensée bornée, bourrée de préjugés ou autres aprioris …
Pourtant, si vous prenez le temps de bien étudier en profondeur l’histoire des civilisations et ce qui se rapporte directement à elles, leurs productions apparentes dans ce qu’elles ont érigé comme monuments et édifices ou inscrit dans toutes œuvres d’art, vous constaterez combien en Orient ces civilisations sont directement inspirées par ce que l’humain vit dans le sommeil et combien, en Occident, ces civilisations sont mobilisées et se trouvent comme aspirées par la vie terrestre diurne et matérielle…
Dès lors, dans toutes tentatives de rapprochement, plus l’Orient se dirige vers l’Occident et plus il se laisse gagner par une vision matérialiste du monde où se perd l’âme de ses peuples ... Plus l’Occident fait commerce avec l’Orient et plus il se fond dans la complexité d’une vision suprasensible du monde où se perdent toutes formes d'identités individuelles…
Mais que chacun de ces groupes humains, de ces deux « côtés opposés » campent sur ses positions et c’est un mur qu’ils érigent entre eux, prêts à toutes formes de confrontations … mur physique bien palpable ou mur d’incompréhension …
Pourtant, il n’est pas un seul point de ce monde où, le soleil se levant, ne se coucherait pas et où, se couchant, il ne se lèverait pas …
Que chaque être humain médite cela et le dépose bien au fond de son cœur ; il réalisera alors, que se tournant vers l’Est il n’a rien à redouter d’autre que ses propres peurs et que, les surmontant, à l’Ouest, il y aura vraiment du nouveau …
J'ai lu " Civilizations " de Laurent Binet. - Le Mirebalais Indépendant
1492 est la date clef où, en matière de découverte de continent nouveau, tout aurait pu basculer dans un autre sens et, bien sûr, aurait chamboulé tout ce qui s'en suivrait avec l'évolution ...
http://www.mirebalais.net/2020/05/j-ai-lu-civilizations-de-laurent-binet.html
A lire cette fiction qui envisage le mouvement contraire de civilisation se réalisant, cette fois contre le cours de l'Histoire, alors dirigé de l'Occident vers l'Orient.