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Le Mirebalais Indépendant

La Vie d'ici et d'ailleurs - Patrimoine : d'hier à aujourd'hui, un monde riche de son passé, a forcément un Avenir ...

Publié le par FARFADET 86
Publié dans : #La pensée du jour
Préambule ...
Tout est dans Tout et contient Tout y compris son contraire.
Ce pourrait être une vérité universelle primordiale. Si tel est le cas, il convient alors d’envisager chaque être et chaque chose de ce monde dans son rapport avec l’univers dans sa globalité.
Les facultés cognitives de l’homme se situent dans cet espace où chaque entité ou élément  composant de ce monde est appréhendé autant du point de vue de l’universalité que de l’unicité. Chaque rudiment de la connaissance nous apparaît dans cette complexité du rapport existant entre le sujet étudié et l’ensemble de l’univers qui le contient.
C’est notre pensée intellectuelle qui, dans un premier temps, l’isole du monde et le dissèque pour en connaître la structure interne isolant à nouveau chaque élément de cette structure mais c’est une pensée vivante* qui relie ce sujet et chacun de ses composants, au reste du monde…  

 
Expansion / Concentration …

C’est bien à partir de l’intérêt du moment, axé sur les cathédrales que ce thème de réflexion m’est soudainement « tombé » dessus, en rapport avec mon questionnement au sujet de l’intelligence et de la maitrise technique qu’il a fallu développer puis mettre en œuvre pour réaliser, dans une période relativement courte de l’histoire de notre humanité, autant d’édifices qui défient les lois de la pesanteur tout en transposant dans la pierre de monumentales compositions architecturales qu’anime une fabuleuse imagerie. Le tout, constituant un programme iconographique plus instructif que des milliers de livres d’images. Mais aussi questionnement à propos de cette formidable intelligence au service de la construction en comparaison avec l’aussi extraordinaire intelligence des hommes de notre temps, engagée dans toutes les techniques de pointes liées aux multiples et formidables réalisations de notre monde moderne.
Quel est le lien entre ces deux univers au niveau de l’intelligence humaine et, si il  n’y a pas de lien direct, quelles différences existent entre ces manifestations de ladite intelligence à travers des époques aussi distinctes que distantes dans le temps  ?...
En reformulant de manière plus concise, la question est :
Qu’est-ce qui caractérise le génie créatif de l’homme de l’an Mille et cette ingéniosité féconde quasi intarissable propre à l’homme de ce début du Troisième millénaire ?

Pour tenter de répondre à cette question double, il faut d’abord se représenter  ce qui, depuis l’apparition de l’homme sur terre l’a animé du dedans vers le dehors conduisant sa conscience du stade primitif en totale fusion avec son environnement à celui de sa capacité d’opposer sa propre conscience ou soi-conscience à la connaissance toujours plus aigüe du monde dans lequel il évolue.
Il s’agit d’un mouvement d’expansion  qui se traduit par la nature conquérante de l’homme lequel, repousse sans cesse les limites de son propre territoire en même temps que celles de la connaissance qu’il en a.  Il y a là, une analogie qu’on peut se permettre en comparant cette tendance à déborder et envahir de la nature humaine, à la croissance des espèces végétales. Cette poussée fait que les plantes envahissent l’espace, attirées par la lumière qui émane du cosmos. Toutefois, cette expansion végétale est arrêtée par ces mêmes forces cosmiques en lien avec la gravité propre aux forces telluriques … De ce fait, nous pénétrons là cette merveilleuse complexité de tout ce qui croît et se développe dans le champ de ces forces en polarité et dont le mouvement se fait d’une part, de la terre vers le cosmos ou plus simplement du bas vers les hauteurs (Expansion) et, d’autre part,  du cosmos vers la terre c'est-à-dire, des hauteurs vers les profondeurs  (Concentration)

 
Expansion :

De ce point de vue, où en est l’homme du Moyen âge ?
On pourrait dire qu’il en est presque à l’apogée de ce mouvement d’expansion. Il faut avoir une vision globale de tous les grands flux migratoires des groupes humains sur terre associés aux multiples conquêtes territoriales que recense l’histoire pour saisir que ce "nomade" se sédentarisant puis, défendant son patrimoine, est en réalité, en perpétuel mouvement. L’homme du moyen âge est un grand « gesticulateur » le chevalier caracolant, joutant et guerroyant en est la parfaite image …
Mais parallèlement à cette vie expansive tournée vers l’extérieur se développe en l’homme, une vie intérieure qui avec le temps, se fait de plus en plus intense, ses facultés de représentations s’affinant du même coup … L’homme découvre alors qu’il a un dedans et un dehors, il prend conscience que son existence est double : attirée par le dehors  mais aussi animée du dedans.
Ceci a une extrême importance pour comprendre ce qui va le pousser à partir du premier millénaire  à ériger ces formidables vaisseaux de pierres que sont les cathédrales… 

Effectivement, nous retrouvons là, inscrit dans cette architecture bien particulière, cette tendance à l’expansion allant jusqu’au foisonnement créatif vécu dans l’âme de l’homme du Moyen Âge dont certains individus ont choisi de poser l’armure pour revêtir l’habit de bure, choisissant de vivre cloîtrés, s’isolant ainsi du reste du monde. Mais petit à petit, ces moines  découvrent que cette coupure peut leur être néfaste si elle devient un enfermement, un repli  total sur soi, au sein de ces abbayes. En conséquence, celles-ci vont rayonner de plus en plus sur le monde extérieur, y répandant ce qu’élabore l’attitude méditative cultivée à l’intérieur. La lumière de l’Esprit ne peut être conservée ainsi dans ces ilots de culture, sa véritable mission est bien d’investir le monde. Les clercs qui ont saisi cette « vérité », vont tout mettre en œuvre pour que ces foyers de culture soient ouverts et accessibles à bien plus d’individus.
Au-delà du désir égoïste conduit par un orgueil démesuré à exposer sa force et sa richesse, le clergé, encore tout puissant dans les sociétés occidentales de l’an Mille, va s’ingénier à instruire le bon peuple et présenter à la face du monde, ces livres de pierre qui nous fascinent encore aujourd’hui.

 
Remplir l'espace de Lumière


C’est bien cette nature toute en expansion qui va transpirer dans l’architecture Gothique… L’art Roman qui l’a précédée tenait surtout à cette volonté de se recueillir et de s’isoler pour prier et méditer que ressentaient fortement les moines des congrégations antérieures … A partir de l’an Mille, nait ce désir que la lumière ne soit pas qu’intérieure et qu’elle vienne aussi du monde physique à l’extérieur. L’édifice doit s’ouvrir pour laisser passer cette lumière « matérielle » jusqu’à la sublimer au passage de ses verrières qui l’irisent…   

Alors pour créer de tels « jours » dans ses murs, l’église va se transformer en forêt de colonnes bien ordonnées, toujours plus fines, toujours plus hautes se métamorphosant à leur sommet en un luxuriant bouquet d’arcs et d’arceaux. De ce tronc élancé, un tel déploiement  en branches et en rameaux ogivaux, vient en parfaire l’élégance, sans rompre l’harmonie de l’ensemble.


Une immense prière qui transcende le minéral jusqu’à le déifier, telle fut la raison d’être de ces premières colonnes du ciel … 

A suivre : "Concentration" …
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Profil


FARFADET 86
Sexe : Homme
À propos : Retraités à Mirebeau* (Vienne), depuis janvier 2005, avec mon épouse, nous étions accompagnateurs de personnes handicapées mentales, ceci pendant 40 ans, dans un Foyer de Vie, en Haute Normandie.

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