…De tout le royaume de France étaient arrêtés, jetés en prison, leurs domaines et leurs biens confisqués, par ordre du roi Philippe IV dit Le Bel… C’était le Vendredi 13 Octobre 1307 …
S’entama alors un long procès à rebondissements, en même temps qu’une formidable partie de bras de fer entre le roi de France et le pape Clément V… Lutte entre autorités, spirituelle et temporelle, dont l’enjeu était la main mise sur la plus grande fortune d’Europe et, la solution finale, l’anéantissement d’un pouvoir militaire et économique d’envergure, véritable Etat dans l’Etat…
Quelles qu’ont pu être les motivations du roi, d’une part, les intentions ecclésiastiques, d’autre part, face à l’état de dégénération révélée de l’ordre Templier, il demeure, encore aujourd’hui, bien des zones d’ombre, sur cette terrible affaire qui aboutit à l’extinction de la plus grande et la plus noble institution chevaleresque. Extinction en contradiction avec le processus puisque, condamnés au bûcher, les plus hauts dignitaires de l’ordre à la croix pattée et son grand Maître Jacques de Molay, ont été exterminés par le feu, au soir du Lundi 18 mars 1314… Les jours qui suivirent, d’autres bûchers furent encore élevés où périrent de nombreux moines soldats.
Un chroniqueur présent révéla que le grand maître, avant de disparaître dans les flammes, aurait maudit les protagonistes de ce massacre… Il en fut ainsi puisque le pape Clément V, malade de la « gravelle », il est vrai, mourut un mois plus tard et le Roi Philippe IV le Bel, dans l’année qui suivit, au cours d’un accident de chasse. Il était dans sa 46ième année… Sa royale descendance eut à subir la malédiction jusqu’à ses derniers monarques …
Je n’ai pas, ici, la prétention de vous conter l’histoire des Templiers ô combien extraordinaire et complexe mais, en résumé, vous donner les grandes dates qui marquèrent leurs actions entre proche Orient et Occident avant de mentionner quelques réflexions significatives sur le sens de la mission templière qui fut effective, juste avant que notre civilisation bascule du Moyen Âge, dans, ce que les historiens appellent, les Temps modernes.
C’est en 1118 sur le mont Eben Shatigah, proche du temple de Salomon, rocher du sacrifice d’Abraham, rocher également épargné par le Déluge, que Neuf Croisés Français, fondèrent l’Ordre des Templiers… Ils se nommaient Hugues de Payns, André de Montbard, Payen de Montdidier, Geoffroy de Saint Omer, Archambaud de Saint Amand, Geoffroy Bisol, Gondemar et Rossal , bientôt rejoints par Hugues de Champagne. Tous, de noble lignage et preux chevalier, sous le signe du Temple, posèrent les bases d’un ordre nouveau à la fois monastique et militaire.
Ils prononcèrent solennellement leurs vœux de chasteté, pauvreté et obéissance devant le patriarche chrétien de Jérusalem Théoclète, s’assignant la mission de gardien des Lieux Saints et des routes qui y menaient dont le passage périlleux d’Athlit long défilé qui verrouillait la route entre Saint-Jean d’Acre et Jérusalem…
Le 13 janvier 1128, Grâce à Bernard de Clairvaux, intervenant en leur faveur, Le pape Honorius II, reconnaît l’Ordre du Temple au Concile de Troyes et, Bernard lui-même, en rédige la règle…
Durant un siècle et demi les templiers accomplirent bien des prouesses assurant le succès de la mission qu’ils s’étaient assignée. Sur les terres islamiques, ils bâtirent nombre de puissants forts dont le célèbre Crack des Chevaliers (Syrie). Milice redoutable et respectée, ils étaient en première ligne pour combattre « l’hérétique » Ils s’illustrèrent particulièrement à la prise de Saint Jean D’Acre en 1191.
Se rendant compte que les Croisés se conduisaient souvent comme des rustres et vandales, subissant aussi des revers cuisants (la perte de Jérusalem en 1244, reprise cette année là, par les Turcs), petit à petit, les Templiers, de militaires, devirent diplomates. Ils constataient que la force et la foi des peuples Musulmans s’appuyaient sur une immense culture et un art de la guerre bien plus efficace (légèreté de leur cavalerie) où les attaques sporadiques et éclairs usaient les forces des armées d’occupation… Les templiers en virent à pactiser, à échanger, à commercer avec l’ennemi de naguère, développant toute les arcanes d’une subtile diplomatie….
1291 mis un terme à leur épopée militaire par la perte de Saint jean d’Acre dont tous les Croisés furent chassés par les armées du Sultan d’Egypte Khalil al-Achraf Dans ce dernier combat les templiers y perdirent leur grand maître du moment Guillaume de Beaujeu…
Ils se consacrèrent alors à la gestion de leurs biens répartis dans de nombreux domaines (commanderies) qui constellaient l’Europe d'autant de places fortes qui leur assuraient de consistants revenus grâce aux exploitation agricoles y attenant.
Outre leur vaillance au combat et au labeur, les templiers étaient aussi de grands gestionnaires de fonds. N’avaient-ils mis au point le principe de lettres de change ouvrant la voie au système bancaire.
Au terme du XIII°, leur puissance financière est telle, qu’ils deviennent grand usurier pour bons nombres de nobles et de commerçants, leur plus célèbre débiteur fut le Roi de France lui-même… Le ténébreux Philippe IV Le Bel, leur avait emprunté la somme considérable de 500 000 livres pour doter sa fille … On dit aussi, qu’il aurait sollicité les hauts membres de la hiérarchie templière afin de rentrer dans leur Ordre avec le secret espoir de se faire élire grand maître … Cette admission lui fut refusée …