C'est le qualificatif que l'on a le plus prononcé et entendu ces derniers temps. Il faut dire qu'avec les jeux olympiques et parlympiques qui ont illuminé ces deux derniers mois de l'Été, il y avait là matière à étonnement : "C'est incroyable !" est certainement le terme le plus usité du moment autant par les médias que par les personnes lambda. Les exploits sportifs, les hautes performances des athlètes, les cérémonies d'ouverture, puis de clôture, et cette grande parade sur les Champs Élysée jusqu'autour de l'Arc de Triomphe, ont suscité tant d'enthousiasme et de liesse, que c'est par centaines de milliers, des centaines de milliers de bouches, qu'ont jailli ces exclamations lesquelles, au-delà de l'invraisemblable, expriment unanimement le côté extraordinaire d'une vérité dont on n'a plus à douter.
*Incroyable* est le plus souvent employé pour accréditer l'apparence de la réalité d'un fait ou d'un événement à laquelle, contrairement au sens initial de ce qualificatif, nous pouvons croire et admettre comme véridique. De ce fait *Incroyable* vient renforcer l'aspect hors du commun, voire hors norme, de ladite réalité. Dès lors, Le merveilleux n'est plus un rêve mais la réalité...
De l'Incroyable au Merveilleux...
Incroyables et Merveilleuses - Madame Tallien cheffe de file de ce mouvement libertaire et de cette mode particulièrement étherée...
Incroyables et Merveilleuses
En extrapolant quelque peu on glisse dans cette période tourmentée de l'Histoire de France, à cette fin du XVIIIe siècle, sous le Directoire où se font remarquer les Incroyables et les Merveilleuses... Après les sanguinaires années de la Terreur, le retour à un régime politique plus apaisé, permet à la population de souffler quelque peu et à sa jeunesse de laisser libre cours à son exaltation pouvant pleinement jouir des bienfaits de leur âge empreint de vie aussi fantaisiste que tumultueuse. Cet art du "m'as-tu vu" fait plus que de se singulariser, il permet, les dénonçant avec extravagance et humour, de contester et rejeter, en totale liberté, les aberrations des différents courants politiques de la Révolution, Directoire compris...
Incroyables. - Texte Wikipédia -
"Au lendemain de la Terreur, les Français sortis des prisons ou revenus d’exil, ou tout simplement soulagés de voir la fin de la Terreur, se jettent avec frénésie dans tous les plaisirs.
C’est dans cet environnement que la jeunesse, qui décidait du suprême bon ton de l’époque, depuis le choix du costume jusqu’aux formes du langage, lança une nouvelle mode : les hommes, élégants, muscadins, merveilleux ou incroyables, portaient de longues tresses de cheveux, tombant sur les épaules, ou les cheveux abattus le long des tempes que l’on nommait « oreilles de chien » ; un peigne d’écaille relevait, derrière la tête, de manière à figurer un chignon et à rappeler la toilette des condamnés à mort, des cheveux qui devaient être coupés avec un rasoir et non des ciseaux, jugés trop vulgaires. Ils portaient d’immenses anneaux aux oreilles, d’énormes lunettes sur le nez ou bien un énorme binocle à long manche devant les yeux, comme s’ils étaient affectés de myopie.
Les signes principaux auxquels se reconnaissaient les élégants de cette époque étaient des redingotes très courtes, un habit à grand collet, faisant une gibbosité sur le dos, comme s’ils eussent été bossus, une gigantesque cravate semblant cacher un goitre ou des écrouelles, des culottes de velours ou de nankin noir ou vert mal ajustées et faisant paraître leurs genoux cagneux, des bas chinés, tire-bouchonnés sur la jambe, comme s’ils avaient été dépourvus de mollets. En grande toilette, l’incroyable remplaçait sa redingote courte par un habit à taille carrée et à grands revers, un chapeau claque d’une dimension énorme se glissait sous son bras, et ses souliers pointus rappelaient les chaussures à la poulaine du Moyen Âge.
Les élégants manifestaient leur étonnement par des superlatifs affectés, tel « incroyable », « merveilleux », qui devenaient : « Ma pa’ole d’honneu’ ! C’est inc’oyable ! ». Cette habitude popularisa le surnom d’« Incroyables » pour les hommes, de « Merveilleuses » pour les femmes, ou encore de « muscadins » - Texte Wikipédia -
Merveilleuse. - Les mots de l'histoire - "Appellation donnée à des jeunes femmes, dont la conduite tapageuse et très libre fit la mode à Paris pendant le Directoire (1795-1799). Trois d'entre elles, par ailleurs mêlées à la vie politique, donnèrent le ton à ce mouvement au style "débridé" : Thérésa Tallien , marquise de Fontenoy, dite "Notre Dame de Thermidor", Fortunée Hamelin et Elisa Lange , dite "la Merveille des Merveilleuse" Fantasques personnes auxquelles on peut encore ajouter Rose Tascher de la Pagerie, veuve Beauharnais (future impératrice Joséphine). La Merveilleuse fut surtout - pour ne pas dire exclusivement - parisienne.
Avant de finir princesse de Chimay, Thérésa Tallien donna l'exemple le plus excentrique , tapageur jusqu'à la caricature , de la Merveilleuse. Elle fit école jusque dans le peuple. Pour les chroniqueurs moralistes , il s'agit d'une forme caricaturale et plus ou moins dorée de la prostitution, dont le succès s'explique par les difficiles périodes de continence morale , de restriction mentale, de peur, des années 1792 - 1794." - Les mots de l'histoire - de Jacques Bourdet.
Dépourvue du sens exquis des nuances qui était le charme de la société disparue, elle faisait à n'importe quel malotru les honneurs de sa beauté, chaque jour un peu plus nue, sous le voile chaque jour plus réduit de sa tunique de gaze. Quelle conversation tenir avec une statue de chair qui exhibe à son interlocuteur sa belle gorge, ses beaux bras, ses beaux pieds nus ornés de bagues et ses belles cuisses parfaitement visibles, avec leurs cercles diamantés.
La phrase du Farfadet s'adressant à un Prussien de cette époque :
"Être personne culottée sans culotte, voilà qui re(nd) dingue goth !"
Voilà bien des faits historiques peu ordinaires, dont on dirait aujourd'hui qu'ils sont tout à fait incroyables...