En France, où l'on aime la fête, les compétitions sportives, les grands rassemblements, les réunions de peuples, les bains de foule, les chahuts, les bousculades, les cavalcades, la gouaille, las railleries, les notes d'humour mais aussi les mots d'amour. Les Français, voyez-vous, au-delà du cliché "Béret basque sur la tête, baguette de pain sous le bras et verre de rouge au bord des lèvres", sont certes des bons-vivants, mais aussi des combattants généreux, aimant aussi se dépasser et surprendre ceux qui pensent pouvoir aisément les soumettre, les tenir en infériorité. Dans la bataille, le sursaut Français, d'abord imprévisible, est terriblement efficace...
C'est sans doute pour ces raisons que le rugby s'est enraciné dans nos gènes même si en comparaison, en matière de licenciés et de spectateurs, les adeptes du ballon rond, sont bien plus nombreux. Toutefois, avec l'engouement récent des foules, grâce à cette opportunité du Mondial sur notre sol, cette différence tend de plus en plus à se réduire.
Ce vendredi 8 septembre à 21 heures , le Stade de France était plein à craquer et les "fan-zones" de nos grandes villes, noires de monde, pour assister au match d'ouverture de cette 10e coupe du monde de rugby se déroulant sur notre territoire, qui opposait nos "Bleus"de France aux All-Blacks de Nouvelle Zélande.
Un match qui a tenu ses promesses, l'engagement fut total dans l'un et l'autre camps, la bataille furieuse, l'énergie dépensée par plus de 30°, énorme, et, contre toute attente, en dépit d'un début de match où l'équipe des bleus est promptement bousculée, son moral et sa détermination inébranlable ont fait qu'ils ont, pied-à-pied, repris l'avantage et ont gagné la partie - 27 à 13 - contre ces légendes du Rugby, conformément à cet esprit combatif et ce mental infaillible décrits plus haut...
Damien Penaud a inscrit l'essai qui a fait basculer la rencontre en favur des Français, en deuxième période (Photo NR de Hugues Le Guellec)
Il faut que je vous dise, le Farfadet n'est pas un sportif même s'il caracole comme ça, au bord des rivières à l'instar de soin ancêtre Lucius, mais aussi dans les allées herbues de son jardin. Football rugby, il n'a jamais pratiqué le bougre, préférant faire de la bicyclette dans son jeune âge et aussi, devenu adulte, lors de ses congés.
Ceci dit, je reviens des années en arrière quand, ado, je regardais avec mon père fan du ballon ovale, les matchs du tournois des 5 Nations des années 59 à 62, retransmis à la télé en noir & blanc, certains samedi des quatre premiers mois de l'année. Des années où notre équipe de France de rugby était victorieuse
Le Tournoi des Cinq Nations 1959 (du 10 janvier au 18 avril 1959) est le trentième depuis les débuts de la France en 1910 et le 65e en partant du tournoi britannique originel de 1882-1883.
Pour la première fois, la France est seule victorieuse1, après les premières places partagées de 1954 et 1955.
Le Tournoi des Cinq Nations 1960 voit la victoire conjointe de la France et de l'Angleterre. En effet, le règlement ne prend pas en compte la différence de points (plus importante du côté du XV de France) ; les deux nations sont données ex æquo, victoire partagée. De plus elles réalisent quelque chose de très rare dans le Tournoi, à savoir un Petit Chelem, en remportant trois victoires, un nul et aucune défaite. Il s'agit du premier Petit Chelem pour le XV de France, du troisième pour celui de la Rose.
Le Tournoi des Cinq Nations 1961 voit la troisième victoire consécutive de la France. Contrairement à l'année précédente, elle remporte seule la compétition et réalise pour la deuxième fois de suite le Petit Chelem en remportant le Tournoi avec trois victoires, un nul et aucune défaite. Il s'agit à ce jour du second et dernier Petit Chelem réalisé par les Bleus.
Le Tournoi des Cinq Nations 1962 (13 janvier - 17 novembre 1962) voit la victoire de la France, sa quatrième consécutive ce qui est une performance jamais encore réalisée.
Les joueurs de notre équipe participant au Tournoi, ces années là, s'appellent :
Joueurs | Club | Poste |
---|---|---|
Pierre Albaladejo | US Dax | Milieu d'Ouverture |
Raoul Barrière | AS Béziers | Pilier |
Guy Boniface | Stade montois | Centre |
Jacques Bouquet | CS Vienne | Centre |
Roger Brethes | AS Saint Sever | Arrière |
Louis Casaux | Stadoceste tarbais | Centre |
Michel Celaya | Stade bordelais | 2e ligne |
Roland Crancée | FC Lourdes | 3e ligne |
Michel Crauste | FC Lourdes | 3e ligne |
Pierre Danos | AS Béziers | Demi de mêlée |
Jean De Grégorio | FC Grenoble | Talonneur |
Pierre Dizabo | Tyrosse RCS | Demi d'ouverture |
Amédée Domenech | CA Brive | Pilier |
Jean Dupuy | Stadoceste tarbais | Trois-quarts aile |
Michel Lacome | Section paloise | Centre |
Pierre Lacroix | Stade montois | Demi de mêlée |
Hervé Larrue | US Carmaux | 2e ligne |
Arnaud Marquesuzaa | FC Lourdes | Centre |
Roger Martine | FC Lourdes | Demi d'ouverture |
Serge Méricq | SU Agen | Trois-quarts aile |
Sylvain Meyer | CA Périgueux | 3e ligne |
Bernard Momméja | Cahors rugby | 2e ligne |
François Moncla | Section paloise | 3e ligne |
Jean Othats | US Dax | Trois-quarts aile |
Henri Rancoule | RC Toulon | Trois-quarts aile |
Lucien Rogé | AS Béziers | Trois-quarts aile |
Jacques Rollet | Aviron bayonnais | Talonneur |
Alfred Roques | Cahors rugby | Pilier |
Jean-Pierre Saux | Section paloise | 2e ligne |
Michel Vannier | Racing club de France | Arrière |
Composition d'une équipe de Rugby à 15 : Postes et rôles
André Boniface un des grands "Trois-quarts centres" du XV de France. Auteur de passes de virtuose et d'inspirations décisives. Ici lors d'un match contre les Anglais.
Pour les non-avertis, le rugby semble être un sport collectif de brutes, recourant à des individus aimant la bagarre et faire montre de force virile (aujourd'hui on dénombre de plus en plus d'équipes de rugby féminines). Des gaillards qui ne redoutent pas de foncer dans le tas et de bousculer leurs adversaires qui en ont autant à leur encontre. Dans cet engagement, quand ils ne courent pas avec ou après le ballon, on voit souvent les joueurs à terre s'affronter dans des môles ou des mêlées, parfois dans une confusion indescriptible. Il convient de culbuter l'adversaire en le plaquant au niveau de la ceinture pour l'empêcher d'emmener ce fichu ballon ovale dans l'embut de notre camp, mais aussi de tenter de lui reprendre la ballon lors des passes pour repartir vers l'embut adverse dans une cavalcade d'esquives pour y plaquer, en se jetant à terre, le ballon. Un jeu de gagne terrain pour marquer un essai à transformer ensuite. C'est là une description sommaire de ce sport qui est en réalité bien plus complexe au niveau des règles.
Il y a, dans ces confrontations musclées, suffisamment de sportivité pour accepter sans rechigner les décisions de l'arbitre dont les joueurs sont bien plus respectueux qu'au football.
Au delà des apparences le rugby est un sport noble où, en plus de la force, de l'agilité, de l'adresse, de la vivacité et de la rapidité, il faut posséder la science du jeu et surtout composer collectivement. Il faut voir ces belles envolées des lignes en mouvement, les sublimes passes de mains en mains pour aller à l'essai en ayant remonté parfois la totalité du terrain, s'étant déjoué de toutes les tentatives défensives de l'adversaire...
Oui, disons le sans trop de gloriole, il y a un art du jeu à la française que nos rivaux britanniques appellent : "The French Flair".
Puisse-t-il encore inspirer notre vaillant *XV de France* tout au cours de ce tournois mondial.