Robert Hébras avait rêvé d’être garagiste, dans le village où il était né le 29 juin 1925. • © Margaux Blanloeil - France Télévisions - France 3 Limousin
Hier après-midi, vendredi 17 février 2023, à Oradour-sur-Glane s'est déroulée la cérémonie en hommage à Robert Hébras décédé le 11 février 2023, à l'âge de 97 ans. Il était le dernier survivant du massacre perpétré par la division SS Das Reich, le 10 juin 1944.
La cérémonie officielle a permis à de nombreuses personnalités de rendre hommage à ce passeur de mémoire.
Les discours en hommage à Robert Hébras vont se succéder ce vendredi après-midi. Au-delà du passeur de mémoire, de l’homme de paix et de réconciliation entre les peuples, Benoît Sadry, président de l’association nationale des familles des martyrs d’Oradour-sur-Glane, a aussi tenu à rappeler, dans son discours, qui était aussi Robert Hébras : Pour nous, c’était aussi l’incarnation de la gentillesse et de la simplicité, un homme au regard pétillant et au sourire malicieux. Un homme rempli d’humilité. Jamais, il ne s’est considéré comme un héros.
Puis vient le témoignage de Fritz Körber, ami intime de Robert Hébras : "après la douleur du départ, il y a la gratitude d'avoir connu Robert Hébras. Sans vouloir préjuger ce que les historiens ou les biographes diront un jour de l'œuvre de mon ami Robert, je ressens le devoir de lui rendre hommage. (...) Il s'est toujours battu pour l'entente et la paix entre les peuples. Nous nous souviendrons de lui avec une profonde gratitude.
L'Allemagne est présente, avec aussi la parole d'Hans-Dieter Lucas, ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne dans l'hexagone.
François Hollande a également pris la parole pour un très long discours qui a rappelé le parcours de mémoire de Robert Hébras tout au long de ces dernières années. Et François Hollande de répéter lors de ce discours officiel : "Et puis la vigilance… Il était, lui aussi, frappé, heurté, bouleversé par les autres drames qui se produisaient dans le monde, ailleurs, loin d'ici... au Moyen-Orient, en Afrique. Il savait ce que représentait l'horreur et il voulait que la mémoire d'Oradour ne serve pas simplement à évoquer une tragédie en France, et que ça puisse aussi être une réunion de toutes les mémoires pour que le pire ne puisse plus être vécu et que le meilleur puisse être, à un moment espéré."
Pap Ndiaye, Ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse a parlé au nom du Président de la République. Le chef de l'État a en effet écrit un message lu au moment des discours.
Et enfin, il y a la voix de celle qui poursuivra le travail, la petite fille : Agathe Hébras qui commence par remercier celui qui fut son papy : "Merci pour les incartades de nuit dans la cuisine pour manger de la glace, merci d'avoir épluché mes pommes, de m'avoir laissé déchiré mes pantalons en grimpant aux arbres, de m'avoir offert mes premières motos, d'avoir caché mes bêtises d'ado à papa et maman…" Cette petite fille devenue femme qui saura transmettre à son tour : "tu as su faire preuve de résilience pour témoigner de l'horreur pour les victimes d'abord, et pour leur mémoire, mais aussi pour que la vérité historique soit préservée et transmise de génération en génération. (...) je connais ma chance d'avoir profité de tous tes enseignements, tes valeurs humaines et morales, ton goût pour la vie."
Agathe Hébras dépose plusieurs gerbes de fleurs dans le village martyr • © Margaux Blanloeil - France Télévisions - France 3 Limousin
Après le silence, une vie passée à témoigner
"Pourquoi je suis là ? Je ne sais pas", Robert Hébras le dira toute sa vie. Son secret, il l'a gardé enfoui longtemps. Depuis les années 80, le dernier témoin du massacre d'Oradour-sur-Glane n'a cessé de raconter cette terrible journée du 10 juin 1944. Il a porté ce récit auprès de collégiens, lycéens, de toutes les générations pour se souvenir des 643 martyrs.
On n’aura plus de témoins qui pourront dire, j’y étais, je l’ai vu. Par contre, on a eu la chance de l’écouter et j’en appelle à tous les jeunes qu’il a rencontrés lors de multiples visites du village : ils sont sa voix aujourd’hui….
Benoît Sadry
Président de l’Association nationale des familles des martyrs d’Oradour-sur-Glane,
Affiche thématique de l'émission de F.2 // Affiche du Film de Youry Bykov.
Jeudi 16 février, à 20H40, suite au journal télévisé de F.2 était diffusée une suite d'émissions, dans le cadre d'une soirée spéciale sur la guerre en Ukraine commencée il y a un an. Sera-ce une guerre sans fin ?
Quand, à 77 ans d'intervalle entre ces deux événements liés à la guerre, on prend la mesure des tragédies engendrées, au delà du nombre des victimes recensées dans ces faits historiques distants dans le temps et aussi dans l’espace, on se dit que rien a changé dans la nature et dans l'esprit de qui commet l'horreur sans vergogne en suivant ses envies de domination et d'expansion ...
Cette émouvante cérémonie, ces belles paroles en hommage, ces vœux pieux d'amitié et de réconciliation, ces pardons, ces envies de fraternité entre les peuples, que deviennent-ils lorsque la lourde machine de guerre broie et pétrie les chairs humaines dans les villes ravagées et les campagnes dévastées.
Le Russe qui détruit des infrastructures vitales : centrales électriques, hôpitaux, écoles, villages et leurs habitants traitant son ennemi, un peuple frère, de nazi, affamant, plongeant dans le froid hivernal et dans le noir total, des milliers de personnes innocentes, est lui aussi un criminel de guerre, un assassin, la honte de son peuple au passé honorable et glorieux de la Sainte Russie.
Entre larmes d'émotion et colère, je dis à cet homme taiseux, machiavélique que je croyais intelligent, que l'idiot (qualificatif injuste) du personnage principal dans le film du réalisateur Youri Bykov serait, à son encontre, tout à fait approprié : Comme la sinistre balafre sur la façade de l'immeuble du film, redoute que ton "empire russe" soit à son tour, par ta faute, lézardé. Agir par la terreur est indigne d'un véritable chef d’État.