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Le Mirebalais Indépendant

La Vie d'ici et d'ailleurs - Patrimoine : d'hier à aujourd'hui, un monde riche de son passé, a forcément un Avenir ...

Publié le par FARFADET 86
Publié dans : #Les clins d'oeil du Farfadet
L'acteur Artiom Bystrov : Dmitri "Dima" Nikitine

L'acteur Artiom Bystrov : Dmitri "Dima" Nikitine

Film russe de Yuri Bykov sorti en 2014, « l'idiot » comme son titre le laisse penser doit être une comédie burlesque dont on peut espérer qu'elle reflète à la fois cet humour caustique à la Tchekhov bien en phase avec l'âme russe et les péripéties d'un monde qui évolue trop vite pour certains, qu'on catégorise comme « demeurés », ne sachant saisir les "bonnes opportunités".

Choisissant de regarder ce film, vendredi soir sur « Canal + à la demande », c'est bien avec l'envie de nous distraire joyeusement que j'effectuais le téléchargement...

Dès la première séquence, on réalise que question rigolade, c'est foutu, on est loin du grand guignolesque, par l'ambiance sombre des lieux et l'action tourmentée, restituées par l'image.

C'est une plongée immédiate dans les bas-fond de la société russe contemporaine qui comporte tout ce qu'il faut comme ingrédients pour camper le misérabilisme de la détresse humaine dans ce qu'elle a de plus dégradant et vil lorsqu'elle est livrée à elle-même, vivant ou survivant bien en deçà des codes de lois et des principes moraux : Insalubrité, vols, alcool, drogue, violence, bestialité, c'est la totale !... Une cour des miracles chez les Popofs du XXIe siècle !... Tout ce joli monde vit dans des immeubles d'une autre ère et, dans l'un d'eux, les 800 âmes qui y demeurent sont, sans aucun doute, vouées à une fin imminente comme le laisse prévoir un jeune plombier venu en urgence réparer une fuite d'eau. Ça, c'est un versant de l'histoire.. "Versant" étant, ici, le mot juste...

L'autre, de cette ville restée sans nom, tient à cette population des décideurs, des gradés, des planqués ou profiteurs qui ont construit leur bien être et aisance sur la misère des premiers. Parmi ces riches bien pansus, plus que bien pensants, on trouve les édiles et les hauts fonctionnaires de police. Une femme maire énergique semble avoir autorité sur ce beau monde qui festoie et se congratule à l'autre bout de ville loin des indigents.

Au milieu, un petit plombier studieux, honnête, altruiste, courageux, un soir, vient, dans un de ces immeubles vétustes, réparer les dégâts occasionnés par une rixe entre un père alcoolique sa femme et sa fille qu'il frappe sans la moindre retenue.

Dimitri, c'est ainsi qu'il se prénomme va découvrir une fissure gigantesque qui balafre l'immeuble du pied jusqu'à à son sommet. Il comprend immédiatement que les habitants des lieux sont en danger, la tour menaçant de s'écrouler de façon imminente.

 

Voilà, le décor est planté : Les misérables, les embourgeoisés, et entre, ces deux mondes que l'argent sépare, un jeune homme soucieux du sort d'autrui, décidé à alerter la haute autorité du danger que courent les habitants de l'immeuble fissuré...

 

Je ne vous conterai pas la suite, vous invitant plutôt à regarder ce film, ô combien instructif, non seulement sur ce qu'est l'âme russe mais sur la mentalité des êtres humains quelque soit leur condition respective : pauvres ou riches. En tous cas, cantonné dans leur « rôle » chaque camp ne souhaite surtout pas que les choses bougent… Il est bien là, le drame dans cet immobilisme oppressant.

Dimitri tentera tout pour que le pire soit évité, affrontant les uns et les autres, allant jusqu'à sacrifier ce qui le lie très fortement aux siens...

 

Mais notre monde écoute-il la voix de la raison, veut-il qu'on le sauve, qu'on lui évite la catastrophe ?

 

En demeure le titre.. qui est donc l'idiot ? Et que comprendre par ce terme qui a été traduit de façon approximative du russe dans notre langue et donc pas trop ajusté à l’histoire ou au personnage et néanmoins réaliste, en la circonstance...

 

Il y a là un reflet saisissant de ce que sont devenus nos sociétés construites sur le pouvoir de l'argent...

On est atterré, parce que ceux qui vivent dans les bas-fonds, dans des cités de non droits ne veulent pas que l'on se soucie de leur sort et que l'on intervienne dans leurs menées. Ils sont nombreux à trouver que c'est bien ainsi… voilà bien qui justifie, qu'à l'autre bout, les nantis qui ont profité de leur infortune, ne fasse rien qui risquerait de compromettre leurs ressources et multiples avantages. Chacun chez soi !.. Qu'importe le degré de corruption des uns et des autres...

 

La faille aura-t-elle raison de cette construction politico-sociale reposant sur des fondations immergées dans le marécage des plus profonds égoïsmes ?

 

Voilà bien une sacrée « putain de fable » de notre temps !...

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M
au fond, les hommes craignent par dessus tout le changement ... ils préfèrent végéter dans leur mal (qu'ils connaissent) plutôt que d'envisager un mieux qui les livrerait à l'inconnu ... conservatisme quand tu nous tiens ...<br /> amitié .
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FARFADET 86
Sexe : Homme
À propos : Retraités à Mirebeau* (Vienne), depuis janvier 2005, avec mon épouse, nous étions accompagnateurs de personnes handicapées mentales, ceci pendant 40 ans, dans un Foyer de Vie, en Haute Normandie.

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