Entrant, ces jours, dans la longue marche crépusculaire de l’Automne, avançant pas à pas dans les ténèbres toujours plus denses, c’est vers la plus longue de ces nuits que nous progressons : la Nuit de Noël… Nous sommes alors comme ces humbles mais valeureux bergers qui cherchent leur chemin et que seul l’Espoir, correspondant à leurs attentes, à leurs plus nobles convictions, conduit à travers cette immense obscurité jusqu’à cette Lumière qui émane du Petit Enfant… et remarquez bien que ces bergers ne se sont pas mis en route isolément mais aussi Tous Ensemble… ceci a son importance…
C’est en Automne que le laboureur creuse ses sillons, suivi du semeur qui y jette les grains ; ils travaillent déjà pour l’avenir. Ce qu’ils ne voient pas encore à l’extérieur, ils le contemplent déjà dans leur cœur. Ainsi, ont-ils toujours modelé le paysage qui est nôtre, aussi…
A la question existentielle : « Où allons-nous ? » L’un et l’autre nous apportent une réponse… Regardez-les accomplir leur besogne : ils avancent d’un pas lourd mais assuré, progressant régulièrement sur toute la surface du champ qu’ils cultivent. Ils ont confiance, la terre qui colle à leurs sabots ne les arrête pas, ils avancent imperturbables, ils savent déjà que deux saisons plus tard, il leur faudra être moissonneur.
Et nous, qui ne sommes pas forcément des cultivateurs besogneux, rompus aux durs travaux des champs, comment avançons-nous dans nos vies ? Progressons-nous vraiment ? Quels sont nos buts ? Qu’avons-nous comme projets ?
Sommes-nous guidés par la routine, le jeu redondant des habitudes qui ponctuent notre temps de vie ? Chaque jour, refaire les mêmes gestes, accomplir, les mêmes déplacements, au premier regard cela confine à l’ennui… Pour la majorité des êtres humains, c’est souvent ce qui constitue le programme de leur quotidien. A y regarder de plus près, on se rend compte que chaque jour qui nous vient nouvellement, n’est jamais comme le précédent ; il y tant d’aspect qui changent autour de nous et en nous aussi… Prenons-en pour exemple, le temps qu’il fait, du point de vue météorologique, il change aussi, et parfois brusquement, d’un jour à l’autre, tout comme notre d’humeur qui se fait aussi changeante… Nous ne sommes pas toujours bien disposés pour accomplir les tâches qui nous incombent… et parfois il faut nous faire violence pour les mener à bien…
Cela montre bien que nous, les humains ne sommes pas des machines bien huilées qui grâce à leurs mécanismes bien rodés et parfaitement réglés, répètent sans broncher, inlassablement, la même opération. Nous, êtres humains, agissons à partir de notre bon vouloir, guidé par la lucidité, la conscience de ce que nous devons obtenir, conséquent de notre élaboration et de la méthode à appliquer pour y parvenir. Si la lassitude et l’ennui, à la longue nous submergent, c’est encore grâce à notre conscience que nous devons de poursuivre et achever notre tâche…
Quand la machine, si parfaite soit-elle, vient à casser, elle ne peut se réparer et se remettre en route d’elle-même…
Immense est le fossé entre l’homme et les machines dont il dispose… Il en demeure que ce que nous entreprenons au quotidien, nous devons le mener à accomplissement… Au-delà de ceux à qui profitent notre travail, et utilisent ce que nous produisons, nos efforts renouvelés chaque jour à ces mêmes tâches et fonctions ont pour vertu de nous bonifier chaque jour un peu plus… C’est par la répétition incessante que nous apprenons et que nous progressons vraiment. Cela est imperceptibles sur l’espace de quelques jours de quelques semaines ou mêmes sur l’ensemble de quelques mois, néanmoins, au fil des saisons, puis avec les années qui passent, l’homme se transforme dans son corps, bien sûr, parce qu’il vieillit, mais aussi et surtout dans son âme, parce qu’il travaille et que, justement, par son travail, en même temps que lui, il transforme aussi le monde auquel il appartient et c’est grandiose !…
Comme le laboureur qui écorche la terre de son soc luisant, comme le semeur qui enfouit dans cette glèbe opaque et sombre les grains de blés, obstinés marcheurs en la morte saison, nous avançons dans nos existences, nous fondant toujours plus dans ce paysage de mort apparente… Il y a un Printemps, un Été, Un Automne et un Hiver… Devons-nous nous effrayer de ce cheminement ? N’oublions jamais que les saisons font une ronde… Alors, marchons en paix et confiant même si l’hiver, au loin agite son grand manteau blanc… Il est déjà porteur de lumière !