Colonie vient du latin colonia, créé sur le verbe colere (de la racine kel) impliquant l'idée de « circuler autour », mais aussi d'« habiter », de « cultiver », deux notions connexes pour une population rurale. Colonia signifia d'abord « domaine rural ». Les Grecs avaient fait de la colonisation , qu'ils appelaient apoikia, « éloignement de la maison », le tremplin de leur civilisation et de leur culture. Les Romains en firent le levier de leur domination administrative, économique et militaire. Le danger Perse en Asie Mineure, les guerres civiles, le goût du commerce et l'esprit d’aventure, la soif de conquêtes, avaient déjà conduit les Grecs de l'Antiquité à coloniser toute la Méditerranée. La colonisation était pour eux une véritable institution. Un Institution qui se perpétuera dans le temps au cours des siècles suivants, prise en compte par d'autres nations émergentes.
Celles et ceux de ma génération quand nous étions écoliers(ères) au cours des années 50, doivent se souvenir des cartes de géographie accrochées aux murs de nos classes et qui figuraient aussi en images bien plus réduites dans nos livres de géographie et d'histoire. Celle de la France avec son empire coloniale, sur la planisphère mondiale, s'affichait en rouge occupant de belles parcelles sur les continents et des chapelets d’îles dans les océans représentant une superficie totale de 13 500 000 km2 et une population d'environ 150 millions d'habitants, comprenant les habitants de la France métropole, ce, à la fin des années 30 et donc à la veille du deuxième grand conflit mondial. Nous apprenions à énumérer ces colonies, protectorats et comptoirs français au moment où ils allaient pour le plus grand nombre, retrouver leur indépendance et ne plus compter au nombre des territoires appartenant à la France.
En 1946, la décolonisation venait de s'amorcer avec la guerre d’Indochine. Il faut savoir que ce processus s'est amorcé dès 1930 avec des mouvements de rebellions épars en Afrique et en Orient.
Décolonisations : du sang et des larmes La fracture (1931-1954)
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, quarante territoires et près de 110 millions d'hommes et de femmes, placés depuis des années sous la domination de la France, se trouvent soudain ...
Un compte rendu texte et images très pédagogique qui expose progressivement, fait après fait, l'enchainement des événements qui ont conduit au rejet de l'autorité française et mobilisé la volonté d'indépendance des territoires colonisés.
Ce Mardi 56 octobre 2020 à 21H05, sur FR.2 étaient diffusés Un documentaire en 2 parties, suivis d'un débat sur la décolonisation ainsi titré :
« Décolonisations, du sang et des larmes » 1e partie : La fracture (1931-1954) – 2e partie la rupture (1954-2017) un film avec des reportages et images d'époque, des documents pour certain jusqu'à là jamais montré...
Suivant avec grand intérêt ces émissions, voici les questions qu'en cours de diffusion, je me suis instantanément posées :
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En regard de l'actualité malmenée par la pandémie, les exactions terroristes, les révoltes, affrontements de classes et de clans politiques opposés, où la haine raciale se ravive à travers toutes formes de violences, là et un peu partout dans le monde, est-ce opportun de présenter un tel film où la France n'est surtout pas à l'honneur mais tient le très mauvais rôle en voulant maintenir par la force la plus brutale son empire colonialiste ?
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En France métropole, cela revient à plusieurs reprises dans le documentaire, la population française, dans son ensemble avait-elle un intérêt manifeste pour ces colonies dont la plupart sont très éloignées de l'hexagone ?
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A la vue de certaines images de guerre intense accompagnant des révélations honteuses par la barbarie de certaines opérations militaires et des représailles sanguinaires s'en suivant de tortures immondes, comment ne pas les comparer aux actes des divisions SS de l'occupant nazi quand il régnait en maître sur notre territoire de 1940 à 1945 ? Aux vues de certaines opérations menées en représailles contre les actes meurtriers des rebelles "terroristes", entrainant l'exécution de tous les habitants d'un village du bled et l’élimination au napalm de ces villages, comment ne pas faire le rapprochement avec le massacre d'Oradour/Glane, les tueries de Tulle, les massacres des habitants de Maillé ? Serions-nous meilleurs ou pires que les tortionnaires nazis ?
Décolonisations : du sang et des larmes La rupture (1954-2017)
Après huit années de conflits meurtriers, l'Empire colonial français se fragilise peu à peu. La France est contrainte d'abandonner l'Indochine et ses comptoirs indiens. Les peuples colonisés y...
La France impérialiste avait montré ses faiblesses à la face du monde entier y compris dans ses colonies, lorsqu'elle fut rapidement vaincue par les armées allemandes en 1940 ayant en conséquence à subir 5 années d'occupation. Une faiblesse perçue par les opposants à la présence française dans ces colonies. Ici, la décolonisation en masse s'accélère... au colonialisme
Oui, ce film nous montre une France impérialiste peu glorieuse déjà parce qu'elle a perdu l'ensemble de ses colonies dont elle était si fière, mais aussi pour la conduite irrespectueuse jusqu'à l’ignominie de certains colons exploiteurs de vies humaines, envers les autochtones et les indigènes, habitants originaires de ces pays occupés. Des peuples entiers sont soumis aux autorités coloniales et à une administration française, impitoyables.
Comment ne pas être révolté quand on apprend que pour reconstituer une armée française en Afrique du Nord - devant relayer celle copieusement défaite lors de la débâcle de Juin 1940 – le vivier de recrutement se fait au Cameroun, au Sénégal, à Madagascar, à la Martinique, en Guyane mais aussi en Polynésie, au Tonkin, en Syrie, au Liban, des centaines de milliers d'hommes vont se battre pour que la France retrouve sa liberté, des hommes dont ces tous noirs de l'AOF de l'AEF qu'elle renvoie chez eux à la fin de la guerre sans leur accorder la moindre solde pour leurs sacrifices et leurs mérites, qu'elle va jusqu'à fusiller ceux d'entre eux qui ont manifesté leur mécontentement en venant réclamer leurs dus !...
Alors on peut comprendre comment la haine contre la France n'a pu que croître au cours des 30 dernières années d'hégémonie coloniale. De 1931 où s'est tenue la fastueuse et insolente exposition de l'Empire Colonial au Palais de la Porte Dorée à Paris, aux accords d'Évian rendant son indépendance à l'Algérie, dernier grand territoire qu'occupait la France en Afrique.
Bien sûr, nous n'étions pas le seul pays colonialistes à perdre ses innombrables « joyaux », l'Empire britannique s'est lui aussi effondré au cours de la même période, la Hollande, la Belgique, le Portugal, ont perdu leurs nombreuses possessions en Afrique. Cette seconde moitié du XXe siècle a surtout été marquée par la fin du colonialisme, ouvrant l'ère de la Mondialisation.
Pour nous, Français la plus douloureuse perte fut incontestablement celle de l'Algérie constituant jusqu'en 1962 des départements français méditerranéens. La guerre fut effroyable touchant les français jusque dans leur chair, en raison des contingents de jeunes mobilisés à partir de 1956 dont un nombre important y laissera sa vie. La fracture politique et sociétale qu'elle entraîna entre Français d’Algérie et ceux du Continent, constitua un réel poison dans la vie publique de notre nation au cours des décennies suivantes, s'y greffant en outre, les conséquences tenant au rapatriement des Français dits « pieds noirs » et des Harkis restés fidèles à la France, eux, menacés d’exécution par leurs frères, s'ils restaient chez eux. Le déracinement pour les uns et les autres, fut douloureux, plus particulièrement pour les Harkis qui n'étaient pas les bienvenus sur le sol français et furent aussitôt parqués dans des camps souvent insalubres, ne pouvant bénéficier des mêmes droits de citoyenneté que les Français de souche. Un bien piètre remerciement en même temps qu'un manque total de reconnaissance envers ceux qui nous étaient restés fidèles jusqu'à subir l'expatriation définitive...
Après ce film on ressort indigné jusqu'à se sentir honteux d'être français tellement ce colonialisme sous couvert de « porteur de civilisation » s'est déroulé de façon exécrable pendant 150 ans et révoltant dans ses guerres de maintien impérialiste. Voilà qui entache aussi l'histoire de la vertueuse République...
A la suite de ces deux projections, un débat animé par Julian Buger s'est tenu avec des chroniqueurs historiens mais aussi les descendants de familles ayant vécus ce temps de la décolonisation dans les divers pays rassemblés sous la bannière de l'Empire colonial français, des militaires français impliqués dans ces confrontations, des Français d'outremer rapatriés et des descendants de Harkis. dont les témoignages ont corroboré l'impact des images et des commentaires s'y rapportant.
Bien que médiatique comme tant d'autres émissions thématiques portées par les chaînes de télévision nationales, celle-ci nous a présenté, sans concession pour l'image de notre cher pays, ce pan de notre histoire où nos tribulations, entreprises et combats menés sont nullement à notre avantage et ne nous font aucunement honneur. Alors, avait-il lieu d'être présenté ainsi au grand public et à tous ces Français de souche, de communautés et d'origines différentes, à ces instants où certains (une minorité) ont la détestation de la France et des Français ?
Je pense que oui, il faut porter à la connaissance de chacun ce que l'Histoire comporte comme faits, événements, tantôt grandioses, généreux, tantôt vils, méprisables. Réussites, erreurs, revers, font parties d'un long chemin d'évolution autant pour chaque individu isolément, que pour tous les grands groupes humains, parce qu'il ne faut jamais oublier ce qui fut révélé comme monstrueusement tragique qui exige alors réparations ou pour le moins, un réel repentir pour que les générations présentes et à venir ne retombent, pas dans les mêmes écueils et ne perpétuent pas les mêmes tragédies et, qu'en plus du pardon fait aux uns et aux autres de tous bords, ce soit un retour à la dignité humaine qui prévale aujourd'hui, demain et bien plus loin encore dans le temps...