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Le Mirebalais Indépendant

La Vie d'ici et d'ailleurs - Patrimoine : d'hier à aujourd'hui, un monde riche de son passé, a forcément un Avenir ...

Publié le par FARFADET 86
Publié dans : #D'Hier - d'Ici et d'Ailleurs ...
La France et la Décolonisation...

Colonie vient du latin colonia, créé sur le verbe colere (de la racine kel) impliquant l'idée de « circuler autour », mais aussi  d'« habiter », de « cultiver », deux notions connexes pour une population rurale. Colonia signifia d'abord « domaine rural ». Les Grecs avaient fait de la colonisation , qu'ils appelaient apoikia, « éloignement de la maison », le tremplin de leur civilisation et de leur culture. Les Romains en firent le levier de leur domination administrative, économique et militaire. Le danger Perse en Asie Mineure, les guerres civiles, le goût du commerce et l'esprit d’aventure, la soif de conquêtes, avaient déjà conduit les Grecs de l'Antiquité à coloniser toute la Méditerranée. La colonisation était pour eux une véritable institution. Un Institution qui se perpétuera dans le temps au cours des siècles suivants, prise en compte par d'autres nations émergentes.

La France et la Décolonisation...

Celles et ceux de ma génération quand nous étions écoliers(ères) au cours des années 50, doivent se souvenir des cartes de géographie accrochées aux murs de nos classes et qui figuraient aussi en images bien plus réduites dans nos livres de géographie et d'histoire. Celle de la France avec son empire coloniale, sur la planisphère mondiale, s'affichait en rouge occupant de belles parcelles sur les continents et des chapelets d’îles dans les océans représentant une superficie totale de 13 500 000 km2 et une population d'environ 150 millions d'habitants, comprenant les habitants de la France métropole, ce, à la fin des années 30 et donc à la veille du deuxième grand conflit mondial. Nous apprenions à énumérer ces colonies, protectorats et comptoirs français au moment où ils allaient pour le plus grand nombre, retrouver leur indépendance et ne plus compter au nombre des territoires appartenant à la France.

En 1946, la décolonisation venait de s'amorcer avec la guerre d’Indochine. Il faut savoir que ce processus s'est amorcé dès 1930 avec des mouvements de rebellions épars en Afrique et en Orient.

Ce Mardi 56 octobre 2020 à 21H05, sur FR.2 étaient diffusés Un documentaire en 2 parties, suivis d'un débat sur la décolonisation ainsi titré :

« Décolonisations, du sang et des larmes » 1e partie : La fracture (1931-1954) – 2e partie la rupture (1954-2017) un film avec des reportages et images d'époque, des documents pour certain jusqu'à là jamais montré...

Suivant avec grand intérêt ces émissions, voici les questions qu'en cours de diffusion, je me suis instantanément posées :

  • En regard de l'actualité malmenée par la pandémie, les exactions terroristes, les révoltes, affrontements de classes et de clans politiques opposés, où la haine raciale se ravive à travers toutes formes de violences, là et un peu partout dans le monde, est-ce opportun de présenter un tel film où la France n'est surtout pas à l'honneur mais tient le très mauvais rôle en voulant maintenir par la force la plus brutale son empire colonialiste ?

  • En France métropole, cela revient à plusieurs reprises dans le documentaire, la population française, dans son ensemble avait-elle un intérêt manifeste pour ces colonies dont la plupart sont très éloignées de l'hexagone ?

  • A la vue de certaines images de guerre intense accompagnant des révélations honteuses par la barbarie de certaines opérations militaires et des représailles sanguinaires s'en suivant de tortures immondes, comment ne pas les comparer aux actes des divisions SS de l'occupant nazi quand il régnait en maître sur notre territoire de 1940 à 1945 ? Aux vues de certaines opérations menées en représailles contre les actes meurtriers des rebelles "terroristes", entrainant l'exécution de tous les habitants d'un village du bled et l’élimination au napalm de ces villages, comment ne pas faire le rapprochement avec le massacre d'Oradour/Glane, les tueries de Tulle, les massacres des habitants de Maillé ? Serions-nous meilleurs ou pires que les tortionnaires nazis ?

Oui, ce film nous montre une France impérialiste peu glorieuse déjà parce qu'elle a perdu l'ensemble de ses colonies dont elle était si fière, mais aussi pour la conduite irrespectueuse jusqu'à l’ignominie de certains colons exploiteurs de vies humaines, envers les autochtones et les indigènes, habitants originaires de ces pays occupés. Des peuples entiers sont soumis aux autorités coloniales et à une administration française, impitoyables.

Comment ne pas être révolté quand on apprend que pour reconstituer une armée française en Afrique du Nord - devant relayer celle copieusement défaite lors de la débâcle de Juin 1940 – le vivier de recrutement se fait au Cameroun, au Sénégal, à Madagascar, à la Martinique, en Guyane mais aussi en Polynésie, au Tonkin, en Syrie, au Liban, des centaines de milliers d'hommes vont se battre pour que la France retrouve sa liberté, des hommes dont ces tous noirs de l'AOF de l'AEF qu'elle renvoie chez eux à la fin de la guerre sans leur accorder la moindre solde pour leurs sacrifices et leurs mérites, qu'elle va jusqu'à fusiller ceux d'entre eux qui ont manifesté leur mécontentement en venant réclamer leurs dus !...

Alors on peut comprendre comment la haine contre la France n'a pu que croître au cours des 30 dernières années d'hégémonie coloniale. De 1931 où s'est tenue la fastueuse et insolente exposition de l'Empire Colonial au Palais de la Porte Dorée à Paris, aux accords d'Évian rendant son indépendance à l'Algérie, dernier grand territoire qu'occupait la France en Afrique.

 

Bien sûr, nous n'étions pas le seul pays colonialistes à perdre ses innombrables « joyaux », l'Empire britannique s'est lui aussi effondré au cours de la même période, la Hollande, la Belgique, le Portugal, ont perdu leurs nombreuses possessions en Afrique. Cette seconde moitié du XXe siècle a surtout été marquée par la fin du colonialisme, ouvrant l'ère de la Mondialisation.

La France et la Décolonisation...

Pour nous, Français la plus douloureuse perte fut incontestablement celle de l'Algérie constituant jusqu'en 1962 des départements français méditerranéens. La guerre fut effroyable touchant les français jusque dans leur chair, en raison des contingents de jeunes mobilisés à partir de 1956 dont un nombre important y laissera sa vie. La fracture politique et sociétale qu'elle entraîna entre Français d’Algérie et ceux du Continent, constitua un réel poison dans la vie publique de notre nation au cours des décennies suivantes, s'y greffant en outre, les conséquences tenant au rapatriement des Français dits « pieds noirs » et des Harkis restés fidèles à la France, eux, menacés d’exécution par leurs frères, s'ils restaient chez eux. Le déracinement pour les uns et les autres, fut douloureux, plus particulièrement pour les Harkis qui n'étaient pas les bienvenus sur le sol français et furent aussitôt parqués dans des camps souvent insalubres, ne pouvant bénéficier des mêmes droits de citoyenneté que les Français de souche. Un bien piètre remerciement en même temps qu'un manque total de reconnaissance envers ceux qui nous étaient restés fidèles jusqu'à subir l'expatriation définitive...

 

Après ce film on ressort indigné jusqu'à se sentir honteux d'être français tellement ce colonialisme sous couvert de « porteur de civilisation » s'est déroulé de façon exécrable pendant 150 ans et révoltant dans ses guerres de maintien impérialiste. Voilà qui entache aussi l'histoire de la vertueuse République...

A la suite de ces deux projections, un débat animé par Julian Buger s'est tenu avec des chroniqueurs historiens mais aussi les descendants de familles ayant vécus ce temps de la décolonisation dans les divers pays rassemblés sous la bannière de l'Empire colonial français, des militaires français impliqués dans ces confrontations, des Français d'outremer rapatriés et des descendants de Harkis. dont les témoignages ont corroboré l'impact des images et des commentaires s'y rapportant.

 

Bien que médiatique comme tant d'autres émissions thématiques portées par les chaînes de télévision nationales, celle-ci nous a présenté, sans concession pour l'image de notre cher pays, ce pan de notre histoire où nos tribulations, entreprises et combats menés sont nullement à notre avantage et ne nous font aucunement honneur. Alors, avait-il lieu d'être présenté ainsi au grand public et à tous ces Français de souche, de communautés et d'origines différentes, à ces instants où certains (une minorité) ont la détestation de la France et des Français ?

 

Je pense que oui, il faut porter à la connaissance de chacun ce que l'Histoire comporte comme faits, événements, tantôt grandioses, généreux, tantôt vils, méprisables. Réussites, erreurs, revers, font parties d'un long chemin d'évolution autant pour chaque individu isolément, que pour tous les grands groupes humains, parce qu'il ne faut jamais oublier ce qui fut révélé comme monstrueusement tragique qui exige alors réparations ou pour le moins, un réel repentir pour que les générations présentes et à venir ne retombent, pas dans les mêmes écueils et ne perpétuent pas les mêmes tragédies et, qu'en plus du pardon fait aux uns et aux autres de tous bords, ce soit un retour à la dignité humaine qui prévale aujourd'hui, demain et bien plus loin encore dans le temps...

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C
Merci Patrice de cet article qui a le (grand) mérite d'éclairer, là ou d'autre cultivent l'obscurité ! Mais il faut mettre le doigt sur la cause de ces horreurs. La cause se trouve dès l'antiquité, voir plus, dans la cupidité de quelques uns, plus forts, plus intelligents a dominer les autres en s'emparant de leurs biens : leur force de travail, et le lieu ou il la pratiquait. <br /> <br /> Cupidité et barbaries, qui aux fils des siècles et des richesses volées et accumulées, se sont transformées en royaumes, puissances militaires, pays "dits" développés et colonies ! De nos jours c'est toute la planète qui est colonisée ...Les rois et empereurs sont à la tête de "supra nationales" de la finances et des industries. ..Le capital ! <br /> <br /> Mais si les méthodes et les conséquences n'ont pas changées, elles s'abritent derrière une "com" hypocrite, qui culpabilise et divisent leurs victimes. ....Dire que les colonies ont disparu, est faux, elle existent sous d'autres formes; là encore l'histoire officielle et contemporaine, les médias "travestissent" les faits. Si au 15 ème siècle les puissances occidentales (pas que) s'appuyant sur le Vatican, et la religion, les armées pour coloniser le littoral Africain et puis les ; rois Amériques, au 19 ème c'est l'ensemble de ces continents qui furent "mis à la botte" et pillés par une industrie capitaliste naissante en mal de matière première et de main d'œuvre quasi gratuite! L'époque du "sabre et du goupillon",...de la complémentarité du "père blanc" et du sous lieutenant ! <br /> <br /> Dans la première moitié du 20ème et ses guerres fratricides, "ont croit mourir pour la patrie, on meurt pour des industriels" (Anatole France)...ce sont les troupes coloniales qui furent envoyées en première lignes...comme chair à canons, d'europe ont ne pouvait entendre les pleurs et souffrance des mères au pays ! Depuis 1950, face aux révoltes des "indigènes" colonisés et les difficultés à contenir ces élans démocratiques et humanistes, mais aussi par peur de perdre les accès "aux ressources de ces pays, le capital et ses hommes aux pouvoirs passèrent de la décolonisation par la répression à l'auto détermination "assistée". C'est-à-dire le financement et la mise aux pouvoirs de dictateurs et tyrans "indigènes" qui secondaient déjà l'occupant, voir d'anciens sous officiers coloniaux français (par expemple) ! <br /> <br /> C'est ainsi que Bolloré, Arnault, Delmas, Total, Pineau, Areva ...etc. continuent d'avoir la main mise sur les richesses ...et la direction de ces pays ! C'est cette nouvelle forme de colonisation qui engendre guerre et misère. Misère et guerre tuent et font fuir des millions de réfugiés vers des "pays" censés être riches et accueillant...et trop souvent aveugles et sourds...aux misères de l'autre, comme au 19ème ! <br /> <br /> Je ne peux conclure sans être "révolté" (le mot est faible) devant la nouvelle" modernité" de colonisation barbare d'Israël, 51éme état US, sur le peuple et le territoire Palestiniens . Les enfants et petits enfants des victimes de la Shoa n'auraient ils tirés aucune leçon du martyr de leur aînés ?
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F
Bonjour Céjipé,<br /> Merci pour ton commentaire explicite résumant l'impact du pouvoir de la finance à travers l'Histoire. L'argent nerf de toutes les guerres, et guerre pourvoyeuse d'argent … le cercle non vertueux, on va dire infernal, qui fait se mouvoir les humains dans le seul sens de l’asservissement au fric, considérable moyen de pouvoir. <br /> Mais comment empêcher que les plus malins soient tôt, les exploiteurs des moins malins ? Comment empêcher que ceux qui, à partir de leurs « talents » ou de leur capacité à créer et gérer une entreprise, n'utilisent pas la main d’œuvre des autres moins créatifs, moins entreprenants, moins aptes à s'adapter et gérer ?<br /> Pour moi, c'est dans l'outrance de ces meneurs d'empires industriels qu'il faut chercher l’erreur... <br /> Je prendrais pour exemple les frères Renault Marcel et Fernand qui, en 1898, dans leur atelier ont créé leur premier modèle d'automobile et fondé ensemble la société d'automobile « Renault Frères » qui est officiellement enregistrée le 25 février 1899. Bientôt se joindra Louis qui prendra les rênes de l'entreprise à la suite du décès de son frère Marcel en 1903. Cette société industrielle va vite s'accroître et donc embaucher de plus en plus d'ouvriers sur ses chaînes de montage jusqu’à devenir un empire industriel à la fin des années 30...<br /> On ne peut reprocher à ces ingénieux industriels et économistes de faire proliférer leur entreprise et donner du travail à des milliers de personnes A noter que jusqu'à la guerre la gestion de Renault est bien plus saine que celle de son grand rival Citroën...<br /> <br /> En fait c'est le principe des actionnaires qui putréfient les manipulations et équilibres des finances d'une entreprise par cette vile disposition de faire de l'argent avec de l'argent… qui fait que l'on récompense bien plus ceux qui injectent de l'argent dans l'entreprise que ceux qui, à l'intérieur, par leur travail, produisent en quantité ce qui sera commercialisé, en l’occurrence des automobiles ... <br /> En soi, que des gens fortunés placent leurs économies dans une entreprise pour favoriser son essor, générant des investissements pour son extension et une amélioration de la production, n'est pas un mauvais principe. Ce qui est condamnable c'est le retour accordé à ces actionnaires ultra-riches. Les taux d'intérêt sont aberrants, les grands patrons trop bien payés et hélas ceux qui fabriquent de leur mains, trop oubliés... <br /> <br /> Autrement, qu'il y ait de par le monde des personnages ultra fortunés, personnellement , j'en ai rien à foutre. Ce que je condamnes c'est que ne désirant pas que leurs fortunes se dévaluent, ils ne permettent pas aux plus pauvres percevant un salaire de misère, de vivre honorablement de leur travail. Tout travail mérite salaire et chacun doit pouvoir vivre honorablement avec son salaire. Voir article : <br /> http://www.mirebalais.net/2017/04/lettre-ouverte-aux-grands-argentiers-de-la-finance-mondiale.html<br /> <br /> Amitiés des farfadets du Poitou.
M
Oui je te suis parfaitement Patrice, tout a été douloureux pour tous, pour les Harkis qui ont été oubliés, sans reconnaissance de notre part. Nous avions un ami pied noir, un genre d'artiste, on lui avait demandé de choisir la France ou l'Algérie, il a choisi librement l'Algérie, c'est dans ce pays qu'il ressentait ses racines. Nous n'avons pas discuté avec lui de son choix, n'avons pas essayé de le dissuader, bien que la tristesse de la séparation était là. Il faut que je quitte la conversation, je reprendrai cet après-midi. Bisous.<br /> <br /> Me revoilà .... Je n'ai pas lu "Civilizations" de Laurent Binet. Ce roman, comme tu l'expliques, doit nous déconnecter de l'histoire de l'Europe telle que nous la connaissons et doit élargir notre horizon de vue sur ce que nous savons de cette période où de grands voyageurs se sont mis en route. Remarque nous sommes (je parle pour moi) toujours attirés par l'histoire des Incas, leur mystère, leur sagesse. Nos rencontres humaines sont-elles liées, ont-elles un rapport avec la destinée du monde ? C'est toi qui pose la question. Il me vient une pensée que notre pape actuel est Brésilien ! Est-ce le commencement des envahisseurs d'Amérique du Sud ????Je plaisante bien sûr ! J'essaierai de lire ce roman qui a l'air un peu ardu, en ce moment je ne suis pas très lecture, est-ce l'effet du coravinus qui nous impacte que l'on veuille ou non, les choses ne sont plus ce qu'elles sont, nous sommes un peu freinés dans ce que nous voulions entreprendre, bon il faut quand même aller de l'avant sans peur. Je vous souhaite un bon W.E. chers Farfadets, gros bisous.
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M
Je n'ai pas regardé cette émission, je me doutais que la France serait vilipendée, certainement pour une juste cause. En lisant tes commentaires, qui sont justifiés, je me sens très triste et un imperceptible tremblement me saisi. Je pense que l'on doit regarder toute cette décolonisation avec beaucoup de recul. En dehors du "mal" que nous avons apporté, que leur avons-nous transmis de bien ? De voir toujours le mauvais côté des choses sans regarder son pendant, ne deviendrions-nous pas aveuglés ? Nous faisons facilement repentance, nous pardonnons facilement ... Peut-être doit on nous pardonner nous aussi pour les erreurs que nous avons fait !
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F
Bonjour Marie-Rose,<br /> Je comprends ta réaction et, avec, ton indignation car mon article est plutôt dur avec la France colonialiste. Mais comme dit, j'ai mentionné mes émotions spontanément suscitées par les images du film avec les récits les accompagnant avec, aussitôt, les questions que cela soulevait en moi.<br /> Tu as raison de dire qu'il faut regarder toute cette décolonisation avec beaucoup de recul. Les blessures sont toujours là et ont du mal à se cicatriser... surtout celles consécutives à la guerre d'Algérie se soldant par son indépendance. Il y a toujours des rancœurs d'un côté et de l'autre de la Méditerranée. En fait, cette guerre fut effroyable et les conséquences désastreuses pour les Français d'Algérie (Pieds noirs). Ma pensée de l'instant, va à mes aînés qui y ont participé, jeunes en tant qu'appelés à cette guerre sans nom. (J'ai été incorporé dans l'armée pour faire mon service en Juillet 1962. La guerre venait juste de finir) et une pensée pour tous ces Français d'Algérie obligés de réintégrer la France Métropolitaine ayant tout perdu. Un vrai déchirement en même temps qu'un déracinement pour ceux qui vivaient la-bas depuis plusieurs générations, et qui donc, pouvaient se sentir Algériens au-delà de leurs origines françaises par leurs ancêtres... Beaucoup d'entre eux, petits fonctionnaires, petits commerçants, petits artisans, petits exploitants agricoles, nés en Algérie s'étaient liés d'amitié avec les Algériens de souche, constituant une communauté plurielle vivant en harmonie. On peut comprendre leur souffrance quand le moment de la séparation s'est effectué... une nouvelle fracture en a résulté créant le fossé entre les Français divisés sur la perte de ces départements d'Afrique du Nord. De Gaulle s'est fait haïr pour avoir renoncé en dépit de ses engagements à garder l'Algérie Française. Et pourtant il a été lucide, persévérer avec cette guerre c'était durcir le conflit, le prolonger dans le temps avec un enlisement dans une violence inouïe faites d’attentats à répétition sur le sol des deux pays. (Peut-être serions-nous, encore aujourd'hui en guerre avec les Algériens)<br /> Parallèlement, il y avait le sort des Harkis qui étaient encore plus que les « pieds noirs », les moins bien venu en France... <br /> Oui, tout ceci est encore douloureux aujourd'hui...<br /> <br /> Repentance ? Oui il en a été manifestée par certains chefs d’États... sonne-t-elle juste ? N'est-elle pas « intéressée » ? Il y a pas mal d'avis et d'interprétations à ce sujet sur lequel je ne m'étendrai pas.<br /> <br /> Hier soir, nous avons regardé le débat qui suivait la projection des deux films. Je l'avais enregistré car l'émission dépassait le cap de minuit. Il en ressortait la volonté que la décolonisation entre dans les livres d'Histoire sous sa forme la plus objective. Je dois dire qu'il y avait sur le plateau bien plus de descendants des autochtones des ex territoires  colonisés, qui, sans avoir l'esprit « revanchard », souhaitaient néanmoins que la France et ses représentants gouvernementaux d'aujourd'hui fassent le « pas du pardon » en officialisant « l'erreur » que fut la colonisation. Là je suis conscient de traduire à ma manière tout ce qui s'est dit au cours de cette soirée. Car en fait chacun a pu constater que le sujet est complexe pour ne pas dire délicat et qu'il est difficile de ne pas faire des amalgames entre esclavagisme, colonisation, et racisme, un échelonnement tragique dans cette suite d'écueils sur le chemin d’entente entre les peuples. <br /> <br /> Eh oui, dans tout ceci on oublie ce que cette colonisation pouvait apporter de bien. Mais voilà, certains estiment que ce n'est pas le moment d'en parler, cela irait à contre-courant de ceux qui veulent ne souligner que le côté néfaste de cette période d'expansion coloniale et des guerres qui s'en suivirent...<br /> Et pourtant, Marie-Rose, tu as raison de faire allusion à ce qui a été juste, bénéfique et constructif, d'entrepris dans les pays colonisés. Les occupants étaient persuadés d'y apporter le progrès, le mieux vivre et ce fut manifeste aussi, il ne faut pas le nier, même si certains colons dominateurs exploitaient à outrance les ressources de ces territoires ainsi qu'une main d’œuvre « bon marché » avec ce sentiment de se sentir supérieur culturellement, techniquement et administrativement.<br /> Oui, cette empreinte « civilisatrice » est sans doute restée dans les pays qui ont retrouvé leur indépendance, elle fut et est certainement salutaire à ceux qui, sont en bon droit d'en profiter, encore aujourd'hui. Il ne faut pas, non plus, oublier cela qui mérite alors d'être pris en compte à l'heure de la résilience et des apaisements pour écrire ce qui fut de la façon la plus objective qu'il soit.<br /> <br /> Pendant la période de confinement j'avais lu ceci que je recommande pour affûter son regard et édulcorer son jugement sur ces moments d'invasions de colonisations qui font partie du long cours de l'Histoire.<br /> http://www.mirebalais.net/2020/05/j-ai-lu-civilizations-de-laurent-binet.html<br /> <br /> Bises affectueuses des farfadets du Poitou.
E
Bonjour Patrice ! Très bel article sur cette émission, que nous avons enregistrée pour mieux la regarder "à tête reposée" ; le soir on s'endort devant la télé vers 22 heures -on n'est pas du soir- et elle valait la peine d'être regardée les yeux grands ouverts. Je pense que l'on ne doit pas avoir honte d'être Français, je ne me sens pas concernée personnellement par les exactions perpétrées par nos gouvernements successifs ; en revanche, on peut avoir honte des décisions d'aller envahir un pays -l'Algérie, l'Indochine, aujourd'hui la Syrie -de quoi j'me mêle ?- L'ingérence dans les affaires d'autrui (sert à qui ?) est une calamité, et les médias ne rappellent jamais que si on a eu une vague d'attentats, dont l'assassinat de mes dessinateurs préférés, en France, c'est aussi parce qu'"on" va emmerder des populations en faisant croire qu'on leur apporte notre aide (?). L'amitié entre les peuples, c'est pas de passer les frontières bardés de fusil-mitrailleurs et de casques lourds. La colonisation n'appartient pas au passé, elle existe toujours. On sait à qui rapporte le commerce des armes... Alors moi je suis fière d'être française, pour plein de raisons, mais j'ai honte de mes gouvernements successifs -pour qui je n'ai pas voté- et de leurs politiques menées à l'Etranger.<br /> Excellente journée, Patrice. Lorsque je regarderai les deux émissions, je t'en "parlerai" encore.<br /> Bises !
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F
Bonjour Éliane,<br /> Regardant hier soir, en différé le débat qui a suivi la projection des deux films, le fait de l'ingérence de la France dans la politique de certains pays, doit-elle être considéré comme un reliquat du colonialisme a été soulevé par certains invités sur le plateau. Je pense moi que cela est sans doute aller trop loin dans la façon de juger le colonialisme. Certes il a été dit que sont les politiques menées à diverses époques qui furent cause des dérapages et outrances du colonialisme et des guerres fratricides de décolonisations, plutôt que la France et les Français que les descendants des autochtones des pays colonisés, aujourd’hui condamnent. <br /> Je suis conscient que ce sujet est toujours sensible et qu'il faut encore beaucoup de recul pour en cerner les rouages aux crènelures émoussées par les passions et parfois les rancœurs. <br /> Amitiés des farfadets du Poitou
C
ce fut pareil en Belgique, en ces temps "maudits" des colonisations l'homme blanc se croyait supérieur, il agissait en maître dominateur sans respect des peuples qu'il méprisait ... j'entends encore les "discours" tenus par les soeurs de mon école catholique qui nous disaient le bien que nous leur apportions en leur envoyant l'honneur et la culture ...pauvres ignares qu'ils étaient ... et nous, nous croyions bien faire en vendant des bricoles pour les "grandir" Léopold deux, fut le plus abject des despotes à leur égard, celui qui coupait les mains pour mieux soumettre les travailleurs obligés quelque soit leur âge, leur sexe ... Il est plus que temps de révéler toutes ces atrocités qui ont été commises au nom de la "grandeur" de ceux qui se croyaient blancs au sang bleu !<br /> merci Patrice <br /> amitié .
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F
Bonjour Marie-Claude,<br /> Ah ce sentiment de supériorité quand il se transpose dans une mission civilisatrice en pays conquis, est bien sûr source d'erreur et de maux à n'en pas finir ... <br /> Reste à savoir ce que l'on entend et comprend par civilisation et progrès...<br /> Il faut considérer ce que chaque peuple transpose dans ses arts avant de vouloir lui imposer ce que nous estimons être nos avancées sur le plan de nos évolutions, créations et gestions.<br /> Amitiés des farfadets du Poitou
M
Bonjour,<br /> Un article très détaillé et ne rend pas vraiment fier de son pays à certaines époques!<br /> Je suis d'accord sur la transparence totale à respecter dans l’enseignement de l’histoire... En bien comme en mal.<br /> Bonne journée,<br /> Mo
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F
Bonjour Mo,<br /> Chaque peuples, chaque civilisation traîne ses "casseroles" , bien sûr il faut relativiser et ne pas se sentir coupable personnellement de toutes ces horreurs. En en étant instruits par le biais des livres alors écrits le plus objectivement possible, il doit être possible de conserver sa dignité en tant que citoyen de son pays tous en sachant que son histoire est aussi entaché par des exactions qui, elles, alors mentionnées, doivent être systématiquement condamnée.<br /> Amitiés.
D
Un sujet terriblement grave que tu as raison d'exposer et qui nécessite un certain recul, d'autant plus qu'il est toujours périlleux de juger l'histoire ; par contre, comment ne pas condamner les pires des exactions, et tout faire pour qu'elles ne se reproduisent plus...
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F
Bonjour Dominique, <br /> Je me suis toujours plus intéressé à cette partie de l'histoire qui finalement est encore proche mais toujours impactée par les relents des faits et 'événements tragiques engendrés par la colonisation et la décolonisation. Si on ne peut réécrire l'histoire, on doit néanmoins tenter de la restituer le plus objectivement possible dans les livres . Là je conviens que la mission est délicate et exige suffisamment de recul tout en ayant juste et bonne mémoires des faits jusque dans leur enchainement chronologique ...<br /> Amitiés.
F
Comme mentionné dans certains de mes articles , j'aime la France, les Français mais aussi les Êtres humains qui vivent sur l’ensemble des continents de la planète Terre. Je suis néanmoins tristes que nous ayons commis au nom de notre culture, de nos avancées progressistes, et même au nom du christianisme évangélisateur, tant d'exactions et d'erreurs irréparables. Je ne pense pas qu'il y ait lieu d'être fier d'être Français mais, si cela doit être, que ce soit avec un esprit plu élevé, conforme avec ce qu'implique le respect des droits de l'homme et le droit des peuples à disposer d'eux mêmes, d'apporter notre secours aux plus opprimés et l'envie impérieuse de faire progresser en même temps que nous, les nations les plus pauvres.
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Profil


FARFADET 86
Sexe : Homme
À propos : Retraités à Mirebeau* (Vienne), depuis janvier 2005, avec mon épouse, nous étions accompagnateurs de personnes handicapées mentales, ceci pendant 40 ans, dans un Foyer de Vie, en Haute Normandie.

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