Le Tour de France cycliste s'est terminé ce dimanche 20 septembre, à Paris, où sur les Champs-Élysée, après le sprint final, les vainqueurs ont été triomphalement célébrés...
Alpine !... Oh combien les Alpes ont été présentes sur le parcours de ce Tour, réservant bien du suspens et offrant du spectacle, en l’occurrence, pour coureur à deux roues...
Et puis au cours de ce week-end s'est aussi déroulé l'épreuve d'endurance des 24 Heures du mans auto, une célèbre compétition automobile, elle aussi remise, comme le Tour de France cycliste, à une date ultérieure ceci, en raison de la Covid 19...
Et donc maintenant, j’enchaîne (de vélo... de montagne...) avec l'Alpine « Tour de France » merveilleuse berlinette produite par Jean Rédélé dans son usine à Dieppe, au cours des années 60...
Jean Rdélé devant sa petite merveille... Elle est belle, ne trouvez-vous pas ? Racée !… Un style à la française, un harmonieux ensemble mécanique et carrosserie fait pour dévorer des kilomètres sur tous profils de route...
De la 4CV à l'Alpine A 110...
Né à Dieppe, le 17 mai 1922, Jean Rédélé fait de brillantes études et sort diplômé de HEC en 1946. Comme son père, il devient concessionnaire Renault à Dieppe... Pensant que « la course est le meilleur banc d’essai pour les modèles de série et que la victoire est le meilleur argument de vente » Il ne tarde pas à se lancer dans la compétition et c'est avec sa 4CV dont il a gonflé le moteur qu'il remporte ses premières victoires... Cette petite berline très compacte permet de virevolter avec aisance en montagne. En améliorant son châssis et en étirant sa carrosserie pour la rendre plus aérodynamique, Le jeune constructeur pilote pense que l'on peut nettement améliorer les performances de cette voiture. Le potentiel mécanique du moteur favorise ces modifications qui augmentent son rendement.
La SARL « Société des Automobiles Alpine » est créée le 25 juin 1955.
« C’est en sillonnant les Alpes à bord de ma 4 CV Renault que je me suis le plus amusé. J’ai donc décidé d’appeler mes futures voitures « Alpine ». Il fallait que mes clients retrouvent ce plaisir de conduire au volant de la voiture que je voulais construire ».
C'est ainsi que va naître la coach A106 (A comme Alpine et 106 par référence à la mécanique 1062 des 4 CV, qui lui sert de banque d’organes).
Jean Rédélé lance officiellement sa marque et ses voitures à l’occasion du 42ème Salon de l’Automobile de Paris.
A la fin des années « 50 », le modèle évoluant, la conception de la berlinette s'est avérée d'emblée très saine et a conditionné d'exceptionnelles aptitudes routières à cette voiture qui, modeste à l'origine , devint la vedette incontestée de sa catégorie dans les plus grandes épreuves internationales. L'Alpine « Tour de France » (de compétition automobile, celui-là) se compose essentiellement d'un original châssis à poutre centrale, supportant les organes mécaniques, sur lequel repose une carrosserie en résine et fibre de verre.
Première Berlinette type A 108 photographiéà Dieppe à roues en étoile - modèle 1961 à goulot de remplissage d'eau du radiateur sur le panneau de custode - La panche de bord avec le volant hérité de la Dauphine Gordini.
Le dessin initial, fort réussi de la première berlinette, n'a pas été réalisé, comme on le croit souvent, par le styliste Italien Michellotti (créateur du cabriolet en 1957 dont la A 108 est une extrapolation) mais par Jean Rédélé qui en a tracé les grandes lignes avant d'en confier la réalisation à ses collaborateurs Dieppois.
Les berlinettes A 108 vendues en 1961 reçoivent un moteur Dauphine Gordini dont l'alésage initiale de 58mm est porté à 60mm dans la version 904. puis à 63mm dans la version 998.
Le moteur des berlinettes Tour de France 1960 est un 998 cm3 à deux carburateurs spécialement préparé pour la compétition
La nouvelle A 110 avec moteur de la R8 Renault de 856 cm3 de 1962 - la berlinette A 110 de 1963 dans sa configuration de série reconnaissable à ses charnières sur le capot moteur à l'arrière - En 1963 - 64, la berlinette Alpine n'existe pas en beaucoup d'exemplaires, mais elle commence à se faire connaître autant par ses performances que par son élégance.
En Octobre 1962, c'est Au salon de Paris, sis pour la première fois au Parc des expositions porte de Versailles et non plus au Grand Palais, qu'est présentée pour la première fois, sous sa forme définitive, la berlinette A 110, dotée du moteur de la R8 Renault. La carrosserie présente de nombreuses différences avec celle du type précédent A 108 : surface vitrée agrandie , passages de roues arrières simplifiés, panneau de custode aminci et libéré de la goulotte de remplissage d'eau, ouïes d'aération latérales occultées, grilles trapézoïdales aménagées à l'arrière, capot moteur redessiné et nouveau panneau arrière garnit de feux rouges horizontaux. l'auteur de ce remodelage se nomme Serge Zuliani, détenteur depuis peu du diplôme d'esthétique industrielle. Il a pu réaliser ces transformations en fonction de la nouvelle disposition du radiateur à l'arrière du moteur.
A 110 de 1965 à moteur R8 Major 1108 cm3 - A110 de 1966 à moteur 1300 (le 1296cm3 de la R8 Gordini) - Jean Rédélé a fait aménager un capot en plexiglas laissant voir le moteur aux visiteurs - Vue de 3/4 face de l'A 110 berlinette 1300 dans sa couleur traditionnelle Bleu de France.
Au salon de Paris 1964, Jean Rédélé s'il présente encore quelques berlinettes avec le moteur de 845 cm3 de la Dauphine Gordini, il a retiré toutes les A 108, privilégiant alors les berlinettes A110. Grâce à son nouveau moteur 1100 issue de la R8 Major sortie cette même année chez Renault, poussé dans sa version "100" dont la puissance s'élève à 95 CV SAE, la petite berlinette prend de l'assurance et approche maintenant des 200 km/h , tout en conservant une consommation raisonnable en carburant s'élevant à 13,5 l /100 à 180 km/h... Elle parcourt le 1000 m départ arrêté en 32'' !
En 1965 les berlinettes Tour de France comme redoutables dans les rallyes et elles terminent la saison par un excellent double résultat au Tour de Corse. Leur légèreté, leur maniabilité et agilité sur route, alliées à l’architecture mécanique à la fois classique et novatrice de leurs robustes motorisations, établissent définitivement leur excellente réputation en France et à l'étranger.
Encouragé par es brillants résultats et cet essor Jean Rédélé va développer sa gamme avec une nouvelle 1300 qui fera ses débuts officiel au salon de Paris en Octobre 1965. Cette version à moteur à moteur 1,4l sera précédé d'une version optionnelle "GTH" inscrite au catalogue. Cette Alpine spéciale préparé pour la compétition par Mignolet utilise le moteur de 1149 cm3 (71,2 x 72 mm) qui atteint une extraordinaire puissance au litre de 94 ch/l.
Dans les versions 1300 dotées en 1966 du Moteur R8 Gordini réalésé de 1296 cm3, les Alpine franchissent le cap des 200 km/h.. Ces performances satisfaisantes renforcent l'image de la firme auprès des conducteurs sportifs, d'autant plus qu'elles sont obtenues avec des organes mécaniques provenant de la grande série, ne posant aucun problème d'entretien et de réparation.
De 10 exemplaires en 1961 et 23 l'année suivante, la réduction des Alpines est parvenue à 169 unités en 1965 et elle dépasse les 200 voitures en 1966. Cette même année, aux 24 Heures du Mans ,les Alpines triomphent en terminant aux quatre premières places de la catégorie "1000 à 1300" ; elle se classent aussi 1re, 2e et 3e à l'indice énergétique.
La berlinette 1300 modèle 1967 - Tableau de bord qui depuis 1965, regroupe tous les instruments sous les yeux du coducteur. Le volan a égalment évolué , ici à branches ajourées en T sur jante façon bois. - Récapitulatif des caractéristiques techniques de toutes les Alpine de la décenie 1960.
En 1967, la gamme s'étoffe d'une nouvelle version1500 dont le moteur avec bloc en aluminium provient de la R16 Renault. Ce moteur étant plus volumineux que le R8, il a fallu déplacer le radiateur d'eau et donc le mettre à l'avant ce qui a impliqué de créer une prise d'air sus le pare-choc.
A partir de 1967 toutes les berlinettes Tour de France peuvent recevoir en option des projecteurs additionnels intégrés.
En 1968 la production des Alpine atteint331 exemplaires.
Au salon de Paris d'octobre 1968, la carrosserie des berlinettes profite d'une refonte de sa partie avant. Cette modification corresponde à l'adoption de phares plus gros de 180 mm de diamètre et dont les globes en plexiglas se fixent par 3 vis . On trouve sous ces phares de nouvelles prises d'air pour les freins.
L'appui de la Régie Renault a porté ses fruits et la production de l'Alpine double en 1969 avec 659 exemplaires produits . faisant passer l’entreprise de Jean Rédélé de l’artisanat à l'industrialisation de modèles de petite série.
L'Alpine De Andruet et Biche au Rallye de Monte-Carlo 1973 - Alpine modèle réduit au 1/18e de Burago - Dessin d'auteur ami : "belles endormies" - L'atelier de Dieppe aujourd'hui.
Souvenirs d'Alpine victorieuses...
- 24 Janvier 1973, col du Rousset entre Die et le Vercors il est une heure du matin ... Avec des amis et collègues, nous surplombons les lacets de la route enneigée pour voir passer les voitures du Rallye de Mont-Carlo dans la spéciale de nuit de Saint-Jean-en-Royans. Il y a du monde sur les talus pour s'extasier devant les bolides qui, en dérapage hyper contrôlé, franchissent chaque courbe en épingle. Outre les Ford Escort, Datsun, Fiat 124 spider et Lancia, nous avons vu passer les Alpines engagées dans cette épreuve dont celle de Jean-Claude Andruet (copilote Biche) qui remporta ce Rallye devant Ove Anderson et Jean-Pierre Nicolas. Sur Cinq Alpine110 groupe 4 à moteur 1800cm3 de 172 ch pour 710 kg présentant un excellent rapport poids/puissance (4,1 kg/ch), quatre sont aux premières place à l'arrivée. C'est un triomphe pour la firme dieppoise. Je n'oublierai pas l'ambiance chaud/froid de cette nuit là...
- Dans ma vitrine de modèles réduits, j'ai bien une Alpine Renault A110 celle Anderson, au 1/18e produite par Burago, achetée au magasin "Minis-Trains" rue Jeanne d'Arc à Rouen en 1998.
- A Noël 2019, j'ai reçu de Dominique, la maman d’Alexandre, le compagnon de notre fille cadette Charlotte, cette belle gravure, ci-dessus, dessin authentique signé de M Verneuil "ALPINE SUR MER" " - "Belles endormies" dans l'atelier dieppois. Magnifique dessin que j'ai mis sous verre bien en vue de ceux qui montent à l'étage où, dans la mezzanine bureau, j'ai aménagé mon univers de farfadet, sur le thème auto-passion.
- Les dernières Alpine produites en France sortiront d'usine au cours de l’Été 1977, sous la forme de la 1600 .SX. Elles profitent toutes de la carrosserie remaniée en 1968, caractérisée par ses phares plus gros et ses passages de roues élargis.