En réponse à ce propos de Christine de Rivoyre :
« Je ne vois pas de sens à la vie. Et le but ne m'intéresse guère. Je constate que je suis en vie, c'est tout... Et je constate, pour l'avoir éprouvé et l'éprouver encore, que le plaisir existe - même s'il est souvent entaché de souffrance. En dépit de l'éducation que j'ai reçue et des beaux exemples de vie qui m'ont été donnés par mes parents, j'ai réduit en miettes leur système. Je n'ai pas le sens de l'éternité ni le désir qu'elle existe. Je bute sur l'univers qui m'entoure, les êtres que je croise, ceux auxquels je m'attache, je ressens sans précautions les émotions qu'ils me procurent comme ceux que m'offrent la nature, les livres, la musique, les chiens, les chevaux, le silence, et j'assiste à leur effritement. J'assiste à la fuite du temps et mon seul refuge, c'est la mémoire. »
Destins croisés...
Au cours d’une existence nous sommes conduits à faire de nombreuses rencontres et donc à croiser des êtres avec lesquels nous ferons ou pas, suivant les circonstances, un bout de chemin ensemble, partageant des moments de vie allant jusqu’à coopérer dans la création : activités, entreprises et œuvres très diversifiées.
Les premiers êtres impliqués et nous impliquant, ce sont bien sûr, nos parents géniteurs mais aussi, en certaines situations, ceux qui nous ont adoptés puis élevés. Il va sans dire que le lien est bien sûr très fort entre enfants et parents d’autant qu’il se prolonge dans la durée pratiquement sur une vingtaine d’année sur le mode de relation intensif puis, d’une manière plus espacée, sur tout le restant de l’existence.
Dans l’espace familial, la rencontre se fait aussi avec tous les membres qu’il comporte des plus proches, dans la fratrie, aux plus éloignés : grands-parents, oncles et tantes, nièces et cousins…
Le champ des relations s’élargit considérablement dès l’entrée à l’école, une période s’étendant sur presque deux septaines au cours de laquelle nous allons tisser des liens avec des camarades de classe, nous faire des ami(e)s pouvant devenir nos confident(e)s mais aussi être ou pas sous l’influence de maitres et professeurs, des adultes qui, dans leurs rôles d’enseignants, peuvent constituer des éléments déterminants pour notre avenir quoi qu’ils fassent ou ne fassent pas pour nous et que nous fassions ou pas, de tout ce qu’ils dispensent et exigent.
A cette période où se termine l’enfance, que l’on suive des études universitaires ou que nous entrions en apprentissage professionnel, nous allons découvrir et fréquenter encore plein de nouvelles personnes : étudiants, stagiaires, professeurs, patrons, contremaîtres, collègues etc. un vaste environnement social, nous permettant d’établir, suivant nos affinités des liens particuliers amicaux ou inamicaux, voire hostiles, avec certaines personnes…
On peut accessoirement ajouter les relations établies lorsque le service militaire était obligatoire car, au nombre des copains d’armées, figuraient des amitiés durables, parfois inaltérables qui pouvaient même être aussi bien plus fortes en période de guerre.
Dans ce long cheminement de l’existence nous sommes amenés à croiser, surtout dans le temps de carrière, une foultitude de personnes avec lesquelles nous aurons des échanges d’importance très diversifiées, entamant des fréquentations d’une plus ou moins longue durée se faisant sur le mode superficiel ou bien plus proche, voire intime.
Au cœur de tout ceci, il y a bien sûr l’être chéri auquel nous nous unissons par les liens dit du mariage, avec lequel nous fondons une famille et donc avec qui nous avons et élevons nos enfants.
Enfin, dans le dernier quart temps de notre vie, nous aurons encore à croiser d’autres êtres : d’abord, ceux se trouvant dans nos âges avec lesquels nous nous découvrons quelques affinités en phase avec le cumule des expériences faites jusqu’alors, puis tous nos descendants issus des unions faites par nos enfants et parfois aussi, les retrouvailles d’anciens camarades de classe, de régiments, de collègues de travail, d’amis que l’on avait perdus de vue…
Voici succinctement résumé le panel des rencontres d’êtres croisés sur nos chemins de vie …
Que d'êtres rencontrés dont nous n'avons pas croisé le regard !... - Photo : "les foules" d'Alex Prader -
Et c’est à cet instant que surgit toute une kyrielle de questions …
D’abord quel sens donner à cela ?… Ces rencontres sont elles le fruit du hasard ou, au contraire, ont-elles été programmées ?
Choisit-on ses parents et amis ? Que faisons-nous de nos fréquentations ? Que signifient les séparations, les éloignements, les retrouvailles ? Qu’avons-nous à faire avec ces autres personnes proches ou moins proches ? Pourquoi il se crée aussi des inimitiés, des hostilités avérées avec certaines personnes ? Quelles importances devons nous accorder à nos adversaires, à ceux que nous n’apprécions pas et qui réciproquement ne nous apprécient guère ? Pourquoi des affections profondes, des amours intenses, des amitiés grandioses, un jour, soudainement, cessent ou se brisent, ce, en dépit de notre bonne volonté et de nos souhaits les plus louables ? Pourquoi ces déchirements ? Pourquoi, suivant les circonstances, des murs d’incompréhensions se dressent et éloignent puis séparent définitivement des êtres qui pourraient s’entendre et faire une route bien plus longue ensemble, quand tout les y prédispose ?
Autant de questions auxquelles il est difficile d’apporter des réponses satisfaisantes…
La vie offre une grande variété de cadres existentiels, et une foultitude de circonstances la jalonne…
Y aurait-il un plan initial pour chaque être, un plan très personnel différent de ceux particuliers à chacun des autres êtres ? Genre : « Tu as ta vie, j’ai la mienne, il a la sienne… » Répondre à cette question n’est pas insurmontable car le constat est simple à faire : Oui, chaque vie est différente de l’autre et des autres, déjà parce que, dans une même famille, les membres la constituant, ont chacun un parcours différent, tenant à son passé et à son avenir et se manifestent d’une manière toujours personnelle dans le présent.
D’emblée, on a ce sentiment que chaque existence a un sens bien plus grandiose et important qu’il n’y parait si l’on ne considère que le « poids » et les « qualités » des entreprises de chacun au cours d’une vie. On ne mesure pas ceci qu’en s’appuyant seulement sur les apparences. Il n’y a pas une existence, si piètre ou misérable soit-elle, qui n’ait un sens profond et même son utilité, son impact, dans la société des Humains.
Par quoi, par quels impératifs sont déterminés ces chemins de vie si différents les uns des autres ? Est-ce le produit du hasard ou celui d’un destin qui prévaut ?
A ce tournant du troisième millénaire, la nature humaine, le plus souvent, ne supporte pas cette idée de prédestination, d’un chemin déjà tracé à l’avance pas plus qu’elle ne supporte les retombées d’un hasard dans ce qu’il a de contraignant ou d’affligeant : chance, malchance, comme ça, distribués à la sauvette, au gré du vent des opportunités fortuites, gratuites. On n’aime pas l’arbitraire pas plus que l’on apprécie de ne pas maîtriser le cours des événements que ballotent sur nos flots de vie, des circonstances de nature aléatoires ou improbables… Y-a-t-il un capitaine à bord du Navire qui tienne vraiment le gouvernail ?
Pourtant, quittant le port, la route est bien tracée, il y a un plan de parcours rigoureusement établi à partir d’un point de départ bien connu, une destination programmée et des escales sont prévues si le voyage s’avère long… Il faut donc suivre la route, ne pas trop s’en éloigner. Cela c’est le plan idéal correspondant à de la pure théorie… Le voyage étant entamé, surviennent alors des événements qui, eux, collent à la dure et inflexible réalité, liés à un ensemble de circonstances que l’on avait ni envisagé ni programmé… et que l’on impute alors au hasard…
Et si ce n’était pas un hasard, qu’au contraire, ce hasard ce soit nous qui le conditionnions, et, pire encore, qui l’engendrions comme quelque chose qui est inscrit profondément dans nos gènes et avant cela dans notre être le plus profond ?… Un hasard qui alors n’en serait plus un … un hasard qui s’appellerait destin !…
Il nous faut bien, maintenant, parler de ces rencontres faites au cours de cette étonnante « croisière »… Ces rencontres sont en fait de différents types …
En premier il y a ces rencontres décrites ci-avant, avec les familiers et tous ceux qui gravitent dans notre environnement habituel.
Nous trouverons parmi ces proches, ceux qui nous suivent et nous adombrent tout au long de l’existence, dont l’influence peut être bonne mais peut aussi s’avérer trop prégnante jusqu’à devenir un véritable obstacle pour notre propre évolution…
Puis les rencontres d’exceptions, celles de personnes qui débarquent dans nos vie d’une façon soudaine, impromptue et qui nous marquent du sceau de leur forte personnalité qui, contre notre volonté, nous servent de guide, ayant brusquement infléchi, modifié notre chemin d’existence. Là aussi, ce peuvent être des rencontres qui nous font, soit progresser, soit régresser en nous faisant prendre la mauvaise voie. En conséquence nous parlerons :
De rencontres « angéliques » c'est-à-dire d’êtres « lumineux » qui stimulent nos entreprises, nous orientent vers les bons choix, nous font entrevoir les bons projets à mettre en œuvre et nous donnent ce courage pour aller plus loin, plus haut, toujours plus haut…
Et à l’inverse, de mauvaises rencontres, celles d’êtres « malfaisants » mais dont nous ne percevons pas, de prime abord, les côtés sombres et malsains, qui séduisent par leur aisance à se mouvoir au milieu des difficultés, sachant prendre les « bons » raccourcis, optant souvent pour la facilité, contournant, sans les moindre scrupule, les obstacles, les principes moraux et toutes les contraintes que présente naturellement le quotidien de la vie. Ces personnes savent parfaitement nous bercer d’illusions avec ce qu’elles laissent juste entrevoir de leur pseudo réussite…
Mais lorsque nous prenons conscience de la mauvaise influence qu’exercent alors sur nous, ces rencontres néfastes et ce dont on a souffert, ne serait-ce qu’un temps très court, de leurs effets nocifs et pervers, nous pouvons aussi faire ce constat, au contraire positif, en ce sens qu’elles ont provoqué chez nous, une sorte de brusque réveil qui nous fait nous ressaisir, quand, ayant pris distance, on en arrive à se dire que ces mauvaises rencontres, certes pénibles, parfois profondément douloureuses, étaient sans doute indispensables à notre progression.
A ce stade, il nous faut maintenant évoquer les rencontres ratées, à considérer dans les deux sens : celles, étant passé à côté, que l’on aurait dû faire puis entretenir d’une façon régulière et celles, effectivement établies, mais dont on n’a pas saisi l’importance et que l’on a sciemment négligées, ou laissées s’enfoncer dans un mode conflictuel au gré des opportunités ou en fonction de nos égoïsmes…
S’ajoutent les rencontres fortuites, improbables, passagères, éphémères, courtes, fulgurantes comme l’éclair et qui sont restées sans réels effets sur notre façon d’être et de vivre… (Apparemment…) Elles sont bien plus nombreuses qu’on le croit. Un regard porté sur soi et réciproquement nous, l’ayant porté sur d’autres que nous n’avons aperçus qu’un bref instant, et dont rien ne s’ensuivit, cela peut aussi avoir un sens, un sens caché, comme un clin d’œil, un appel, un rappel, perçu mais pas retenu… là encore, on peut soupçonner que nous sommes passés à côté de quelque chose qui avait son sens et peut-être beaucoup d’importance, et que cette omission a sans doute des conséquences insoupçonnables.
Enfin, ces 20 dernières années, un nouveau type de rencontres s’est fait jour, elles « font fureurs » aujourd’hui… vous l’avez deviné, il s’agit de ces rencontres virtuelles que l’on fait en quantité, par écran interposé, grâce à l’informatique et à l’Internet. Sont-elles fortuites, illusoires, sans conséquences ou au contraire influentes dans notre façon d’être et vivre ? A cet instant, je laisse le soin à chacun de répondre librement et en toute lucidité, à cette brûlante question le concernant lui et ses correspondants internautes.
Chaque rencontre est comme un regard plongé dans notre âme qui alors nous interroge, nous demandant : « Toi ! Oui Toi ! Que sais-tu de Toi ? »
Oui, vous l’avez parfaitement compris, en ce sens, chaque véritable rencontre agit comme un révélateur…