Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le Mirebalais Indépendant

La Vie d'ici et d'ailleurs - Patrimoine : d'hier à aujourd'hui, un monde riche de son passé, a forcément un Avenir ...

Publié le par FARFADET 86
Publié dans : #Les clins d'oeil du Farfadet
"... Ce n'est que plus tard, bien plus tard , que j'ai appris ce qu'elle avait été obligée d’accepter : je devais servir chez M Combressol sans le moindre salaire. pas un sou, au moins tant que les dettes ne seraient pas apurées. Qui peut croire une chose pareilles aujourd'hui? Je ne l'ai jamais confié à personne. Je savais déjà à six ans , que le silence peut préserver les plus graves blessures, ou du moins, les atténuer quelque peu..." "... Ce n'est que plus tard, bien plus tard , que j'ai appris ce qu'elle avait été obligée d’accepter : je devais servir chez M Combressol sans le moindre salaire. pas un sou, au moins tant que les dettes ne seraient pas apurées. Qui peut croire une chose pareilles aujourd'hui? Je ne l'ai jamais confié à personne. Je savais déjà à six ans , que le silence peut préserver les plus graves blessures, ou du moins, les atténuer quelque peu..."

"... Ce n'est que plus tard, bien plus tard , que j'ai appris ce qu'elle avait été obligée d’accepter : je devais servir chez M Combressol sans le moindre salaire. pas un sou, au moins tant que les dettes ne seraient pas apurées. Qui peut croire une chose pareilles aujourd'hui? Je ne l'ai jamais confié à personne. Je savais déjà à six ans , que le silence peut préserver les plus graves blessures, ou du moins, les atténuer quelque peu..."

                A la suite de « Oublier Klara » de Isabelle Autissier, « Arcadie » de Emmanuelle Bayamack-Tam, « My Absolute Darling » de Gabriel Tallent, « Orléans » de Yann Moix, lire du Signol est reposant même si dans son dernier roman qui nous fait traverser le XXe siècle, en compagnie d’Émilien, valeureux paysan en terre limousine, la vie fut aussi âpre que paisible, parsemée de ses lots de malheurs attenant à la misère et à la mort, et de bonheurs simples du vivre en harmonie familiale, génération après génération...

 

S'agissant du titre, j'y vois comme un clin d’œil à l’œuvre de Peter Wohlleben: « le long silence des arbres » en raison de l’immuabilité sublime de ces existences végétales croissant pendant des lustres, débordant les siècles et parfois le millénaire... mémoires du temps, mémoire du Tant...

 

Le rapprochement avec les arbres séculaires se fait sans doute aussi en raison de cette « lenteur du vivre » du monde paysan, manifeste encore, au cours des cinq premières décennies du siècle dernier. On travaille au rythme des saisons n'accomplissant les tâches liées aux cultures et au bétail, qu'au moment voulu, ni en avance, ni en retard. Le temps s'impose à l'homme de la terre, au sens de l'instant-durée et au sens météorologique. Il y a un moment précis pour faire chaque chose et, dans une exploitation, fut-elle petite, il y a du travail à accomplir chaque jour, à chaque heure, mais rien ne doit se faire dans la précipitation ; chaque pas du paysan sur son sol, est d'une lenteur solennelle. Aux travaux de la ferme, on ne perd pas son temps, mais on ne le précipite pas non plus. Christian Signol en fait une description grandiose qui apaise bien plus qu'elle bouleverse le lecteur.

 

L'intrigue, c'est le temps lui-même, ce temps qui change les êtres, les paysages, à son battement paisible, à sa lente progression. Il opère des métamorphoses admirables quand on le laisse agir à son rythme, par contre, il peut aussi ruiner les entreprises de qui veut le devancer... « Mettre la charrue devant les bœufs » quelle puissante image pour illustrer cela !...

 

Comment évoquer le temps sans le rapporter à l'espace, son éternel vis-à-vis... espace entre générations, nous l'entrevoyons dès que l'on entame la lecture de ce roman. Espace intergénérationnel qui tient du grand écart entre Émilien et Lucas son arrière petit fils. Ces deux là sont fait pour s'entendre... bien que séparés par les modes d'existences tellement différents, c'est sur la  philosophie du vivre chaque instant alloué par la vie, qu'ils se rejoignent.

Faire que le passé ne soit pas chose vaine, pour que le présent soit souverain et que le futur demeure enthousiasmant...

 

C'est sans doute à partir de cette impérieuse notion que Lucas va demander à son arrière-grand père né en 1915, d'écrire son histoire depuis son enfance douloureuse mais remplie d'amour jusqu'à ce début du XXIe siècle lors des quelques bienfaisants retours en compagnie de son arrière-petit fils au hameau de Loubatié, dans la maison familiale.

 

C'est aussi toute la transformation de la société paysanne qui est décrite là, on vit étape par étape, la métamorphose inexorable du monde rural jusqu'à la désertification de nos campagnes où la nature délaissée par les hommes, livrée à elle-même a repris ses droits, elle toujours pleine de vie.

 

                 On aimerait bien que toujours plus de « Lucas » délaissent, un temps, leurs "écrans chéris" et se plongent dans cette lecture aussi revitalisante qu'instructive pour que les générations actuelles et à venir n'oublient pas ce qu'ont vécu leurs ainés qui, au cours de ce tumultueux XXe siècle, ont assisté et participé, souvent malgré eux, à la transformation de la vie au fin fond de nos campagnes jusqu'à en modifier, parfois de façon irréversible, les merveilleux paysages.

Commenter cet article
D
un ou même LE grand sujet de réflexion
Répondre

Profil


FARFADET 86
Sexe : Homme
À propos : Retraités à Mirebeau* (Vienne), depuis janvier 2005, avec mon épouse, nous étions accompagnateurs de personnes handicapées mentales, ceci pendant 40 ans, dans un Foyer de Vie, en Haute Normandie.

Archives

langues

 

Hébergé par Overblog