Il est sorti de sa maison, le Vieux Noël !
Et, à son gigantesque char-à-banc,
A attelé deux bœufs plus hardis qu’Artaban,
Pour remonter la voie tracée par Ezéchiel ...
Ure fumant, Uri ruant et écumant,
Font grand tapage dans les ruelles ;
Leur emballement fait fuir les hirondelles
Jusqu’aux rives bleues du Firmament.
Entre Arche volante, la Noé-ailes
Et Arche à roues pour Buridan,
Même si dilemme se fait ardent,
Rien ne tracasse le Vieux Noël !
Il fouette l’aire, tire fort sur les haubans,
Sublime cocher, Maitre des haridelles ;
Dans son sillage, myriades d’étincelles,
Jaillissent des larges manches de son caban !
Plus flamboyant que le Père Éternel,
Attise l’équipage sous l’ouragan…
De son souffle puisé aux Quatre Avents,
Plonge le Monde dans sa ritournelle …
Oyez ce tumulte venu des Devachans !
Tambours, trompes, harpes et crécelles
Angelots et lutins sortent des escarcelles,
Un charivari qui chasserait Gengis khan !
Précipite ses gens, sur les escabelles
Qu’en ronde, glissent des korrigans,
Jusqu’aux pieds des sylves élégants,
Pour les parer de millions de chandelles...
Agite les vieux, les jeunes, dehors, dedans,
Chaud et froid, feu et neige, tout, il mêle !…
Ravis et mécontents, répondent à son appel,
Pour la frénésie qui dure d’Eve et d’Adam...
Plats gouteux, mets onctueux en ribambelle,
Cris de joie, larmes, émois, chœurs et chants,
Gambades et ripailles du levant au couchant,
Pas un de ses sujets, aux festivités, n’est rebelle !
Entraine suite de rois en couronnes et turbans
A dos de chameaux, majestueux, en selle ;
Leurs gens portent des coffres où l’or ruisselle,
Éclaboussant le désert sous des flots de rubans….
La liesse qui se répand illumine le ciel,
Des bergers, et autres assemblées de manants,
Des peuples entiers, tous, dans la nuit, cheminant
Vont adorer un Enfant nu, auréolé de miel …
Dans chaque chaumière, fébrile, on attend,
Aux pieds des sapins, ses fières sentinelles,
Gardiennes de l’année qui se fera nouvelle,
Le Vieux Noël qui surgit de la Nuit des Temps !...
Farfadet