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Le Mirebalais Indépendant

La Vie d'ici et d'ailleurs - Patrimoine : d'hier à aujourd'hui, un monde riche de son passé, a forcément un Avenir ...

Publié le par FARFADET 86
Publié dans : #Des Bergers et des Rois ...

Georges Ducommun , fondateur et directeur du Centre Saint Martin aurait 98 ans aujourd'hui

Comment ne pas évoquer cette personnalité qui fut pendant presque 30 ans mon maître à penser, un homme que j'entrevoyais comme étant mon père spirituel...

Notre première rencontre fut évidemment celle coïncidant avec mon arrivée au Centre Saint-Martin dont il était le directeur depuis son ouverture officielle le 15 Mai 1965. Nous étions le 31 Octobre de cette même année...

« Une grande bâtisse… on sonne à la porte principale … peu après, on vient nous ouvrir…, c’est GD mon futur patron… dans le hall, à droite, il nous fait entrer dans une salle à manger… nous nous installons pour l’entretien d’usage … présentation, exposé de mes motivations … à un moment GD me demande :

- Vous pratiquez une religion ?...

- !!! Euh !… - croisant les bras - c'est-à-dire que moi, je suis athée voyez-vous et je ne …

    Parfait ! … vous ferez un excellent berger !... »

 

Cet homme de taille moyenne mais de stature plutôt athlétique est dans la quarantaine, la calvitie déjà bien apparente, le visage avenant, le regard vif, le menton ferme et saillant, dégagent l'énergie, la volonté d'aller de l'avant et ça même contre les éléments pouvant se déchaîner... Face à un jeunot comme moi, à l'époque, on perçoit que cet homme se veut et se fait convainquant… je n'attendrai pas bien longtemps pour le vérifier...

 

Georges Ducommun est né le 6 Août 1920 à Bâle où il a grandi. Bilingue, le Français est sa langue maternelle, tandis que l'Allemand est la langue de son environnement. De sa mère il tient l'âme enjouée, un enthousiasme inaltérable et une nature chaleureuse, de son père, l'esprit entreprenant, le sens de la créativité et la rigueur de la pensée. Il avait deux frères, un aîné Léon de deux ans plus âgé, être de réflexion aux forts penchants artistiques, et un frère plus jeune de huit ans.

Sportif, dynamique et souvent téméraire, Georges a aussi une ardeur religieuse et un charisme le portant à être secourable et se montrer utile vis-à-vis de personnes qu'il côtoie. On le retrouve engagé en tant que "cadet" au sein de l'UCJG, l'Union Chrétienne de Jeunes Gens de l'Église protestante française de Bâle.

Après un bon parcours scolaire, ses études universitaires après BAC, sont concentrées sur le commerce, et la comptabilité l'aidant à façonner ses facultés de gestionnaire et d'économiste qu'il complète aussitôt par des études en philosophie, connaissance qu'il affectionne particulièrement et qu'il sanctionne par un doctorat.

Alors qu'il est dans sa vingtaine d'année, Georges est très affecté par la mort prématuré de son frère Léon, lequel avait entrepris une « transformation intérieure » en ayant découvert, quelques années plus tôt, l'Anthroposophie.

Pendant la Guerre, Georges est affecté au service de sécurité aux Frontières. Il habite Zurich où en même temps il poursuit ses études et participe également au travail anthroposophique avec la communauté chrétienne du révérend Robert Spoerri.

Après la guerre, il participe aux Semaines de l'Université de Stuttgart, où il rencontre sa future épouse Colette Bourquin, qui a étudié l'allemand en tant que Française à Dornach. Ils se marient le 21 Juillet 1949.

Leur aspiration commune tient à promouvoir l'impulsion anthroposophique à travers une œuvre sociale. En 1949 ils organisent un camp de la jeunesse et convient des étudiants à la première représentation de Faust au Goetheanum.

Pendant quatre années, tandis que Colette poursuit ses études de pédagogie au séminaire de Dornach, Georges effectue régulièrement le trajet entre Bâle et Paris où il travaille comme cadre dans un des directoires chez Peugeot.

C'est aussi à cette époque qu'il présente sa thèse et obtient son Doctorat, l'ayant préparé avec le professeur Georges Edgar Salin à Bâle. Elle s'appuie à partir du traité d'économie politique de Johann Gottlieb Fichte publié en 1800 : L'État commercial fermé (Geschlossenen Handelsstaat) puis interpelle le professeur Karl Jaspers, ayant considéré certains ouvrages de Rudolf Steiner comme traités de philosophie à ranger dans ce même courant de pensées que d'autres inhérents à cette forme du savoir.

Entre temps, son épouse a acquis en France la reconnaissance académique pour enseigner, dès lors, la nouvelle impulsion du couple a dessein d'ouvrir une première école Waldorf à Paris. Ils eurent a endurer deux rudes « batailles » avec la commission de supervision scolaire de l’État français. Néanmoins, ils dirigent un groupe d'étudiants pour s'intéresser à l'évolution de l'Anthroposophie en France. Cela aboutit à la création, en 1959, d'une « Table Ronde » animée avec des amis pionniers : René Quérido, Athis Floride et Émile Gevers, désireux de créer une institution à vocation pédagogique et sociale s'inspirant de l'Anthroposophie.

Georges, à la même époque, s’attelle à la traduction de la « Philosophie de la Liberté » un travail intense ponctué de nombreuses révisions pour aboutir à une nouvelle version reconnue pour sa rigueur académique et philosophique.

L'école Waldorf est enfin fondée sans Georges ni Colette Ducommun, elle, tombée gravement malade. A cette époque elle effectuait encore des stages de formation au « Sonnenhof » à Dornach (Suisse). C'est comme une révélation... Après rémission, son état de santé s'étant amélioré, de retour en France, elle a choisi de s'occuper d'enfants handicapés et d'enseigner dans un cadre institutionnel.

Georges reprend les rênes pour la création d'un établissement destiné à accueillir des jeunes et des adultes handicapés mentaux dont le projet, médico-pédagogique puis médico-social, serait porté par la connaissance anthroposophique en les domaines de la médecine, de la pédagogie, de l'art et des thérapies à caractère médico-social. On peut parler d'un nouveau combat que Georges mène avec les autorités françaises. Il a le soutien d'un consultant Kurt Gach du cercle des amis de L'Institut de Pédagogie des Pays Bas (NPI) puis du Docteur Joachimm Berron, en France.

Sa pugnacité aura gain de cause et le Centre Saint-Martin accueille ses premiers résidents au printemps 1965. Une direction collégiale réunissant Collette son épouse, une amie infirmière eurythmiste, Olag Klimoff et lui-même, va mener à bien et faire constamment évoluer ce projet médico-social d'obédience anthroposophique qui sera salué et reconnu d'utilité publique en tant qu'institution à vocation sanitaire et sociale par les autorités ainsi que toutes les tutelles administratives et associatives du département de l'Eure et de la région Haute-Normandie.

Georges et Colette Ducommun avec René Quérido (à droite), lors de la fête des 20 ans du Centre Saint-Martin en Juin 1985.

Georges et Colette Ducommun avec René Quérido (à droite), lors de la fête des 20 ans du Centre Saint-Martin en Juin 1985.

Le pionnier :

Comme nous venons de le lire, Georges Ducommun, s'il n'est un aventurier du genre explorateur découvreur de terres inconnues, il n'en n'est pas moins un pionnier désireux de créer de nouveaux espace de vie, non pour la sienne et celle de ses proches, mais pour ceux et celles dont la destiné particulière exige que l'on adapte leur environnement à leur situation de personnes déficitaires sur le plan des aptitudes physiques et mentales. Pas question de projeter dans le monde hyper-tumultueux et hyper-sophistiqué de notre temps, des êtres que le destin a irréversiblement « marginalisé ». Le lieu de vie, leur environnement, les accompagnateurs doivent être en conformité face à leurs difficultés existentielles, en répondant à leur réels besoins de soins particuliers, d'assistance et de stimulations permanentes dans leur quotidien, ceci pour leur permettre de s'épanouir dans le sens le plus élevé de la dignité humaine.

 

L'altruiste :

Pour Georges Ducommun, l'homme occupe une place prépondérante dans l'évolution, au sommet des quatre règnes (minéral, végétal, animal, humain), il est entièrement responsable du devenir du monde avec tous ses composants en même temps que de celui de l'humanité, ceci non seulement au sens physique mais surtout au sens spirituel. L'homme n'est pas une entité quelconque dont la vie n'a pas d'importance, l'Homme, sous toutes ses formes raciales et ethniques est avant tout HOMME, un être de chair qui constitue son corps mais aussi pourvu d'une âme individuelle, et d'un rayonnement spirituel. Quelle que soit sa mission, son niveau intellectuel, sa force physique, sa puissance intérieure, son rang dans la hiérarchie sociale, son existence recèle une profondeur spirituelle qui préside à l'accomplissement d'un destin absolument personnel, impliquant sa responsabilité face aux siens et à ceux qui l’entourent dans l’espace d'une vie. Pour Georges Ducommun, il n'y a pas de hasard, il y a, avant tout, un destin à assumer et pour cela, nul ne peut être seul au monde mais socialement entouré.

 

Le décisionnaire : l'homme que nous évoquons ici, a une force intérieur peu commune, servie par une pensée méthodique toujours plus approfondie. Son pragmatisme est indissociable de sa volonté à être le plus proche des meilleurs solutions à adopter face à tous événements, toutes problématiques, du mieux à accomplir dans chacune de ses entreprises. En ceci, Georges Ducommun a, non seulement le tempérament de chef, mais tient aussi la place de leader ou de guide responsable, manifestement incontesté. Il aura toute autorité en interne mais aussi, comme nous l'avons lu plus haut, à l'extérieur, face des autorités de haut rang vis à vis desquelles, en dépit des confrontations d'idées et de points de vue, il se montre un administrateur gestionnaire à la probité intacte qui inspire le respect.

 

L'éducateur : Au delà de ses fonctions de gestionnaire,  Georges Ducommun s'intéresse à la pédagogie, à la psychologie et ne redoute pas d'aller sur le terrain des accompagnants. A chaque repas, il tient une table de 4 à 5 résidents qu'il ne manque pas de stimuler pour mieux s'exprimer à travers les conversations courantes mais aussi pour apprendre à bien se tenir. Soucieux d’éthique mais aussi d'esthétisme, il donne chaque lundi, un cours de l'art à tous les résidents de l'institut, tandis que les éducateurs sont, eux-mêmes, en cours de formation continu. A partir d'une flopée de diapositives qu'il a prises, et rigoureusement sélectionnées puis classées, il commente image après image, les grande périodes de civilisation : Égyptienne, Grecque, Romaine, puis, du Moyen-Âge, de la Renaissance. Ces diapositives servent aussi à l'étude des grands peintres, à celle des grands monuments et édifices : églises, cathédrales mais aussi, mosquées, temples hindous, de tout ce qui se range au patrimoine universel, des œuvres considérables de l'humanité sur lesquelles il attire l’œil mais aussi l'âme des pensionnaires en mettant le doigt sur le petit détail qui les magnifie. Ce n'est pas à partir d'un laïus intellectuel, vide de sens pour les résidents qui assistent à ces projections, qu'il expose son cours mais avec des mots simples et surtout la force du langage qui, comme dans un conte pour enfant, est « image » essentiellement. Il ne s'agit pas de faire de nos gens des « savants » mais qu'ils se souviennent que les impressionnistes, par exemple, jouent avec la lumière comme l'eau de la rivière avec ce qui s'y reflète et qu'elle fait vibrer dans son courant. Pour ceux que l'on laisserait aisément pour compte, les déshérités de la vie n'ayant accès à un bagage prestigieux, à l'érudition « brillantissime », lui, entrevoit, choisit et leur destine ce qu'il y a de plus beau, de plus noble, et gratifiant. A nous, ses employés éducateurs il rappelait souvent : dans ce que vous exigez et proposez à nos résidents posez-vous cette question : « Est-ce que ce que je leur demande ou les invite à faire, ça la abaisse ou ça les élève ? » ceci faisant appel autant à notre sens critique qu'à notre éthique personnelle à cultiver et réviser constamment.

 

Le conférencier : Si la pédagogie est un art et s'y intéresse nécessairement, cet art peut servir aussi la raison qui s'épanche dans la dialectique. Un rhéteur pugnace pointilleux sur le choix des mots, l'image féconde au service de l'idée, c'est là, toute la force de pensée qui sert le professeur et donc le conférencier qui s'investit dans nombre de congrès pour exposer les contenus les plus âpres de la connaissance anthroposophique au service des hommes de notre temps.

Je me souviens de ces soirs, où rentrant tard, nous voyions de la lumière aux fenêtre de sa chambre-bureau. Georges veillait tard, étudiant, méditant composant. Presque chaque nuit il travaillait ainsi jusqu'à plus de 2 heures du matin et, à 6 heures, il était debout !...

Sa dernière conférence fut consacrée au "Congrès Le Noël de 1923/24 » - (DGP Edition), car il était bien conscient qu'ayant eu accès à l'ensemble de l'œuvre de Rudolf Steiner, l'aspiration à vivre et promouvoir les bienfaits universels de l'anthroposophie exige le plein engagement de chaque individu.

A sa retraite, à Dornach, en 1993, il n'a d'autre intérêt qu'à effectuer les traductions en français, d'un grand nombre des conférences de Rudolf Steiner, dont la matière spirituelle doit pénétrer la pensée contemporaine jusqu'à induire les fondements de la pensée les plus modernes émanant des plus récentes connaissances en sciences et techniques, elles-mêmes pétries par un mode de pensée exclusivement matérialiste. Ce sont plus de 40 titres qu'il soumet et fait publier en France par les "Editions Anthroposophiques Romandes". Dans les dernières semaines de sa vie ( † 2002), il a achevé un grand nombre de traduction des textes de « la  Classe ». Ces fruits d'un travail gigantesque de réflexions, il les a laissés au monde, sans en attendre la moindre contrepartie.

S'agissant des plus puissantes motivations, en corrélation avec son idéal le plus absolu, son engagement de toute une vie se résume à ceci  : « Je pense agir là, en ce monde, dans le seul but de répondre aux plus profonds besoins et aspirations des autres ».

Lors du départ en retraite de notre lingère intendante Mme Damy en 1990 ... Debouts de gauche à droite : Olga Klimoff, Georges Ducommun, Colette Ducommun et Madame Damy.

Lors du départ en retraite de notre lingère intendante Mme Damy en 1990 ... Debouts de gauche à droite : Olga Klimoff, Georges Ducommun, Colette Ducommun et Madame Damy.

L'humaniste : En dépit de sa droiture, de la rigueur persistante autant dans ses démarches de gestionnaire-entrepreneur que dans celle de ses pensées, Georges Ducommun sait se montrer tolérant à l'égard des petites gens, et ainsi s'intéresser au sort du commun des mortels dont le parcours existentiel est tout à fait quelconque, comme ceux et celles dont le quotidien est tissé de banalités, considérés comme tels, par ceux qui occupent les hauts des rang de l'échelle sociale. Lui, leur permet de sortir de leurs existences souvent ternes et même de surmonter leurs échecs, d'entreprendre d'autres actions plus gratifiantes, de parcourir un nouveau chemin vers des horizons plus lumineux. Ainsi, à un employé chauffeur de car scolaire qui avait perdu son travail suite à un accident heureusement, sans conséquences graves, impliquant toute sa responsabilité du fait d'alcoolisme avéré, il lui a octroyé une place d'ouvrier de maintenance à l'entretien des locaux et des terres cultivables du Centre, récompensant son engagement et ses compétences manuelles en le nommant, quelques mois plus tard, responsable de ce secteur. Georges avait beaucoup d'estime pour les petites mains, pour ceux qui accomplissent les tâches les plus humble, travaillant à la cuisine, à la lingerie, au ménage, à l'entretien des locaux et de tous les équipements et matériels divers. Avec les artisans locaux il a d'excellentes relations et respecte avec bonhomie, plombiers, maçons, peintres, mécaniciens qui interviennent sur la propriété, y achevant des chantiers de rénovations ou de constructions nouvelles. Au cours des 27 années à la direction du Centre Saint-Martin, ce sont 7 unités pavillonnaires hébergeant chacune de 8 à 12 pensionnaires et cinq unités d'ateliers qu'il a fait réaliser pour faire s'épanouir dignement les 68 résidents qui habitaient encore le Centre, au moment de son départ en Été 1992.

 

L'épris de vérité : Si son ouverture d'esprit le rendait accessible à tous ceux avec qui il avait à faire, venant de l'extérieur, Georges Ducommun était, en contre-partie, intraitable avec le personnel éducatif lorsque ses directives et les objectifs à atteindre n'étaient pas respectés. Sa quête de l'absolu, tournée vers la nature intérieure de l'être que chacun doit cultiver et dont, à partir de sa conduite, il donnait l'exemple, ne faisait aucune place à l'amateurisme en matière d'éducation et d'éducation spécialisée. Pas question de faire n'importe quoi et, pour qui laissait trop sa fantaisie s'exprimer au gré de ses impulsions hasardeuses, il pouvait se montrer « féroce » dans ses critiques, intransigeant dans ses sanctions. Pour Georges Ducommun, il n'y a pas d'autre chemin à suivre que celui du Beau, du Bon, du Juste. Tout autre voie ne peut être qu'inspiré par le mal...

Ne nous voilons pas la face, Georges Ducommun, a toujours suivi le chemin pris par les grands guides spirituels, sa quête de spiritualité, il la poursuivait constamment à partir d'une profond travail de méditation. Incontestablement il était de la trempe de ces hommes forts intérieurement et qui rayonnent par leur force d'âme baignée de spiritualité.

Avec ces hommes, la rencontre est toujours facile, les suivre enthousiasmant, mais s'y opposer, même pour des raisons justifiables et sérieuses, bien plus ardu, souvent redoutable pour soi et sans doute très dépitant pour ceux qui, comme lui, se sentent du « bon côté » …

En conversation avec Pierre et Nadia Scarsini - La remise des cadeaux de départ en retraite par les résidents et le personnel du Centre Saint-Martin (Juin 1992).En conversation avec Pierre et Nadia Scarsini - La remise des cadeaux de départ en retraite par les résidents et le personnel du Centre Saint-Martin (Juin 1992).

En conversation avec Pierre et Nadia Scarsini - La remise des cadeaux de départ en retraite par les résidents et le personnel du Centre Saint-Martin (Juin 1992).

J'en arrive maintenant à ce qui nous a opposé, en Septembre 1992.

Tout au cours des années 80, Georges Ducommun, son épouse Colette et Olga klimoff constituant le directoire du Centre Saint-Martin ont préparé leur succession et donc contacté nombre de leurs relations dans le milieu anthroposophe et médico-éducatif pour trouver leur successeur. Des tentatives, des essais eurent lieu pour finalement aboutir sur le choix du Dr Pierre Scarsini et de son épouse qui ont pris la direction du Centre dès le mois de Septembre 1992. Il était prévu que l'ancienne direction, reste à demeure quelques mois ou années pour aider les nouveaux responsables et ainsi montrer la bonne voie à suivre... Dans l'idéal, c'était sans doute juste et fructifiant pour l'ensemble de la population du Centre mais, dans la réalité cela s'est vite avéré difficile et entravant pour la nouvelle direction et l'équipe éducative en place. Au delà d'un « légitime » conflit de générations, c'est aussi les moyens et les perspectives plus jeunes, plus modernes dans l'idée et dans l'accomplissement, qui se sont aussitôt révélé et ont servi de cause aux mésententes entre les partis, puis à la demande d'éviction de l'ancienne direction. Pour Georges Ducommun ce désaveu a du être très douloureux. En Juillet 1993, nos anciens patrons quittaient le Centre pour aller vivre en Suisse dans la région de Bâle.

Dans cette crise entre les anciens et les nouveaux, j'ai aussi pris part. Lors d'un court entretien avec Georges Ducommun, je lui exprimai vivement notre désaccord de devoir travailler sous l'égide d'une direction « bicéphale » dont l'une, l'ancienne, veut absolument chapeauter l'autre, la nouvelle, nuisant ainsi toutes velléités de réviser certaines pratiques et de mettre en place des initiatives nouvelles dans notre façon de travailler et d'accompagner nos résidents.

Pour Georges Ducommun, comme nous l'avons écrit plus avant dans ces lignes, il ne peut y avoir de place pour des mesures relevant de l’amateurisme et celles que nous mettions en place, selon lui, en relevaient systématiquement.

A ce moment, nous sommes alors dans la pure et dure confrontation. Il juge mon propos arrogant et comme l'émanation du mal... suite à cette courte et vive entrevue, nous ne nous reparlerons plus.

A lui, mon maître, je venais de m'opposer... c’était comme un rejet du père spirituel, du guide qu'il avait toujours été pour moi... je m'affranchissais de tous ses jugements et appréciations et de son influence mais ce n'était pas sans blessure pour lui comme pour moi.

 

Plus de 20 ans après, le souvenir de cette « rupture» est encore brûlant, la plaie certainement pas refermée... A ce moment, les raisons de la mésentente n'ont plus vraiment d'importance si ce n'est que, huit ans après ces événements, le Centre est passé par une crise existentielle, entraînant le rejet de tout ce qui relevait de la méthode de travail d'accompagnement et de soins inspirés par la socio-thérapie d’obédience anthroposophique, après un conflit social qui a duré plus de 6 mois et faillit entraîner la fermeture du Centre, pouvant jeter dehors 75 résidents et mettre au chômage 34 membres du personnel.

Saint-Martin, s'il n'y perdit son âme, en demeure encore aujourd’hui orphelin de la vivifiante spiritualité qui a habité les lieux pendant 35 ans...

Qu'ajouter de plus si ce n'est que ce rayonnement, c'est Georges Ducommun qui en avait été l'initiateur, le créateur et le promoteur durant toutes ces belles années...

 

Le chemin qui conduit à son introspection est le même qui nous fait nous ouvrir au monde et à en étudier minutieusement chaque parcelle. Cela ne peut s'effectuer sans admiration pour ce qui nous dépasse étant valeurs éternelles de la nature du Beau, du Bon et du Vrai. Ceci nous conduisant alors à pénétrer les arcanes de l'Amour et de la Liberté, propres à la hiérarchie des Humains en Mission dans le vaste Univers.

 

Suite à ce lien ci-dessous

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B
que de souvenirs effectivement pour ces deux années qui font parties des plus belles de ma vie.
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B
Quelle émotion de voir ces photos. Je garde des souvenirs précieux des 2 années pendant lesquelles j'ai travaillé au centre St Martin. Un lieu unique où j'ai côtoyé et appris la bienveillance.
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F
effectivement l'équipe des éducateurs et éducatrices à la fin des années 70... Que de souvenirs ! ...
B
Patrice, je n habitais pas Gisors mais Etrepagny. Je me souviens très bien de vous et de l équipe éducative de l époque (Martine Leborgne, Christine Oertig,Marcel Candel,Jean Foin...)merci pour le lien, je ne manquerai pas de consulter. Bonne journée à vous et à Annie.
F
Bonjour Brigitte Mage ; je me rappelle de vous du temps où vous aviez travaillé comme éducatrice à Saint-Martin. Si je me souviens bien vous habitiez à Gisors. Jai un article sur mon blog où sont recensés des photos et résumé l'Histoire du Centre Saint Martin : https://www.mirebalais.net/.../dix-ans-deja-depuis-que...
M
Je suis vraiment très émue à la lecture de ton bel article sur les fondateurs du Centre St-Martin. Le portrait de G.D. est très bien saisi, homme hors du commun, (sans jeu de mot), meneur enthousiasme altruisme pour les projets servant les pensionnaires. Quant aux traductions qu'il faisait, je me permet de relater un beau souvenir pour moi. Lorsque mon travail de bureau était terminé et à jour, Monsieur Ducommun me donnait le manuscrit de la Philosophie de la Liberté de R. Steiner à taper. Je ne pouvais pas taper bêtement tout d'une traite, non, il fallait que je cherche parmi les flèches pour remonter cette phrase en haut du texte, ce bout d'autre à droite, l'autre d'un autre côté etc.… C'était un plaisir pour moi, lorsque nous relisions c'étaient bien souvent des éclats de rire pour une tournure bizarre que j'avais faite où une faute. G. Ducommun ne sait jamais moqué de mes erreurs, au contraire, il m'expliquait avec bienveillance le pourquoi et le comment, il me demandait aussi mon avis, ce qui me donnait l'impression d'être égal de lui. Grâce à cette Philosophie de la Liberté j'ai trouvé des réponses à certaines questions sur la vie dont je me posais depuis longtemps. J'ai aussi admiré le respect qu'il avait avec tout le personnel, il faisait tout pour rehausser l'humain et ne pas l'abaisser (j'avais déjà eu ces notions lorsque je travaillais chez Dunlop à Paris, à mes débuts de secrétaire). Comme toi Patrice, j'ai beaucoup souffert lorsque le changement de direction s'est faite. Je ne reconnais plus M. Ducommun … Avec les années passées je le comprends mieux maintenant "il faut voir ce qu'il a fait de bien, pour l'autre côté c'est lui-même qui s'en charge".
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D
Autant d'évènement qui ont forgé le Farfadet d'aujourd'hui au plan spirituel
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FARFADET 86
Sexe : Homme
À propos : Retraités à Mirebeau* (Vienne), depuis janvier 2005, avec mon épouse, nous étions accompagnateurs de personnes handicapées mentales, ceci pendant 40 ans, dans un Foyer de Vie, en Haute Normandie.

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