La 104 de Peugeot...

Pour notre jeune ménage, en ce Printemps 1978, ce fut notre première voiture neuve et, pour moi, ma première Peugeot ; nous n'étions pas peu fiers !...

C'est au Salon de l'auto 1972, Porte de Versailles à Paris qu'est présentée la petite dernière de la firme au Lion... et elle innove cette petite là ! À commencer par son appellation à 3 chiffres avec « 0 » central, cher au constructeur sochalien car c'est la première fois qu'il fait précéder le « 0 » en question du « 1 » indicateur de la taille du véhicule dans l'éventail des gammes de sa production d'automobiles. La petite nouvelle est donc nommée Peugeot 104. Il faut savoir que cette désignation fut pourtant déjà utilisée par le constructeur du Doubs non pas pour ses véhicules à quatre roues mais pour ses cyclomoteurs. Il y eut bien des vélomoteurs Peugeot type BB 104 précédé des 103 et même des 102. Un « BB 104 » j'en ai justement eu un en 1967-68...

Chez Peugeot la nomenclature à 3 chiffres est ainsi établie de façon à ce que le premier chiffre indique la taille du véhicule et, le dernier, la génération ; ainsi la nouvelle 104 est la plus petite dans la gamme de la quatrième génération... À ce salon 1972, Peugeot expose sa 104 (5cv) en vedette à côté des 204 (6cv sortie en 1965) – 304 (7cv sortie en 1969) – 404 (9cv sortie en 1960) – 504 (10-11cv sortie en 1968) ; en 1975, cette gamme déjà pas mal étoffée, sera chapeautée par la grande berline 604 (15cv - 6 cyl. en V)...

Alors de quoi a-t-elle l'air cette 104 d'entrée de gamme et forcément d'un prix bien inférieur à celui de ses sœurs graduellement plus importantes dans la hiérarchie ?...

Il faut savoir que dans ce créneau des petites voitures désignées plus tard comme « citadines » – leur gabarit les privilégiant pour circuler et se garer en ville – modèles de base dont le prix d'attaque les rend accessible à une clientèle de plus en plus étendue, la concurrence est grande. En effet, au début de l'année 1972, Renault a lancé sa R5 à la bouille bien sympa qui, déjà, a ravi nombre d'acheteurs, prenant de l’avance sur le constructeur sochalien. C'est donc presque un an plus tard, que ce dernier réplique en présentant la 104...

Ces deux voitures de taille minimum ont en commun la motricité transmise aux roues avant par un petit moteur de 4 cylindres de 5CV fiscaux longitudinal sur la R5, transversal sur la 104, mais sont très différentes au niveau de la carrosserie. La petite Renault ayant opté pour un accès à bord par seulement 2 grandes portes avec hayon arrière, la petite Peugeot, pour une carrosserie à 4 portes avec coffre s'ouvrant par un unique panneau, sous la lunette arrière ; une disposition que le constructeur changera en 1977 par l'adoption d'une 5^ème porte rendant l'accès plus aisé au compartiment à bagages. Avec sa longueur hors tout, inférieure à 3,60 m, la 104 devient la plus petite berline à quatre portes, du monde,

Le look est classique pour ce type de véhicule et Peugeot, suivant ses codes esthétiques rigoureux, n'a pas voulu faire dans la fantaisie. Sans être laide et correspondant aux canons de l'époque, cette « mini » à l'allure bien moins « fun » que sa concurrente produite à Flins, a néanmoins un air de famille avec ses aînés, Pininfarina ayant été, une fois de plus, sollicité pour habiller la belle. De profil, c'est un peu comme si on avait tronqué la partie poupe d'une 404, la custode étant ici, sensiblement  plus inclinée s’approchant du caractère "fastback". Toutefois, les proportions sont harmonieuses ce qui confère une homogénéité stylistique à ce modèle qui, assez vite, ravira nombre d'acheteurs soucieux de se faufiler sans vergogne dans la circulation urbaine et sur les routes de campagne, tout en jouissant de suffisamment d'espace à bord, pour quatre personnes, les cotes de dimensions intérieures étant approximativement les mêmes que celles de son aînée du niveau supérieur, la 204.

Sur un certain article de ce blog se rapportant à celle qui fut ma 5ème voiture achetée un an après le voyage en Grèce, vous pouvez lire ceci : « J’avais bien établi un bon de commande chez mon agent Peugeot pour une 204 break diesel neuve qui coûtait quelques 12000F à l’époque ayant versé 1000F d’arrhes mais, je n’avais pas envie de me mettre un crédit sur le dos … Je cherchais donc une petite voiture d’occase… » En 1971 j'avais acheté une 4L avec laquelle j'ai fait plus de 150 000 km avant de la changer, 5 ans plus tard, pour une R6 TL d'occasion qu'à ce mois de Mai 1978, je revendais à un collègue pour acquérir une 104 SL neuve commandée deux mois plus tôt, au garage Leroy agent Peugeot à Etrépagny, récupérant, 7 ans plus tard, le bénéfice de ma caution d'un montant de 1000 F. à déduire du prix d'achat à hauteur de 23 700 F. Comme apport initial, nous dégagions 15700 F. comprenant une partie de nos économies du moment, complétée par les 3200 F. du prix de revente de notre R6. Ce qui fait que le solde de 7000 F nous le prenions à crédit à régler en traites sur 24 mois.

Je me souviens de cette fin d'après-midi où nous fut livré la voiture, combien de fois en ai-je fait le tour la contemplant sous toutes les coutures, s'installant à chaque place en humant cette odeur caractéristique du neuf. Hyper-content qu'il était le Farfadet !… il n'en revenait pas !...

Dans sa livrée blanche elle était magnifique ! Les sièges recouvert de tissu moiré orange se mariait bien au noir anthracite du tableau de bord.

Caractéristiques techniques  104 SL année modèle 1978

• Moteur transversal 4 cylindres incliné à 72° vers l'arrière.

• Bloc en aluminium coulé sous pression, chemise amovibles humides.

• Arbre à cames en tête

• Cylindrée : 1124 cm³

• Alésage, course :72 x 69 mm

• Puissance fiscale : 6 CV

• Puissance réelle : 57 ch DIN à  6000 tr/mn.

• Compression : 9,2.

• Couple :8,2 mkg à 3000 tr/mn

• Boîte sous le bloc-cylindre à quatre vitesses synchronisées plus M.A.

• Traction avant à 4 roues indépendantes.

• Freins avant à disques

• Suspension télescopique intégrée avec ressorts hélicoïdaux.

• Direction à crémaillère avec colonne de sécurité en deux éléments.

• Pneus : 135 SR 13.

• Levier de vitesse au plancher.

• Sièges avant séparés, assises réglables, dossiers inclinables avec appuie-têtes.

• Dimensions : L : 362cm – l : 152cm – Empattement : 242cm –  H : 140 cm.

• Poids : 815 kg.

• Capacité du réservoir carburant (Essence) : 40 L.

• Vitesse maxi : 147 km/h.

• 1000m DA : 37.0 secondes.

• Prix : 23700 F.

Sur la route.

C'est bien sur ce terrain que l'on peut le mieux apprécier cette charmante petite voiture. Sans être un foudre de guerre, le groupe moto propulseur de 1,1 litre procure de bonnes reprises à cette 104 aux formes ramassées. La plate-forme conçue spécialement pour ce modèle, grâce à son empattement bien étalonné et à ses suspensions modernes, lui confère une excellente tenue de route. L'ensemble moteur-châssis associé à une direction précise procure un réel dynamisme à la conduite, la voiture se faufilant aisément dans la circulation urbaine et enroulant à merveille les courbes sur tous types de voies en rase campagne, les amortisseurs absorbant avec brio, les irrégularités et imperfections de la chaussée.

A bord, nous avons accompli pas mal de voyages en famille, entre Normandie et Poitou et à chaque fois nous avons pu apprécier l'efficacité routière et le confort de roulement de notre 104 dont la mécanique jamais prise en faute, était un gage de sérénité pour parcourir les longues distances.

C'est à la naissance de notre deuxième fille, en mai 1980, que nous fûmes contraint de changer de voiture et donc de faire reprendre chez notre agent Peugeot d'Etrépagny, la 104 ayant parcouru près de 25000 km, pour acquérir, neuve, une berline 305 SR de couleur ivoire. La famille s'agrandissait tout comme le format de l'auto dont nous avions besoin. C'est ainsi que je devins un inconditionnel peugeotiste...

De 1972 à 1988, la 104 fut produite à 1 624 990 exemplaires.