Du Printemps...
Naître avec le Printemps, et se donner des ailes
Pour survoler sans cesse, les Élysées fleuris,
Dès l’aube rosissant du prodigue Raphaël,
S’enivrer des parfums qu’exhalent les prairies…
Avril, ce matin, nous ouvre un bien grand jour,
On y doit célébrer un heureux mariage :
Dame Violette, dans la fleur de l’âge,
Avec Monsieur Lilas se sont épris d’Amour…
Jusqu’à perte de vue, parmi les herbes folles,
Elles jonchent les prés et le bord des chemins,
Autour des grands arbres, en longue farandole,
Les pâquerettes se sont donné la main !…
Le soleil de Mai que défient les nuages,
Illumine parfois les pierres des remparts ;
Leur blancheur crayeuse dressant un barrage
Aux toques rouges dont les pavots se parent …
A quoi bon se tourmenter quand il suffit de voir,
D’ajouter des concepts qui vous broient le moral,
Quand, aux images, n’être qu’un simple miroir,
Vous transporte dans un monde qui ne connaît le mal…
Il remontait du sol de confuses fragrances,
Ces moiteurs de l’Été, à l’heure crépusculaire,
Mélange des parfums des Dames de l’Intendance,
Et d’effluves de ville, en moult exemplaires…
Puis commence le jeu du chat et des souris
Car, impromptues, les souris doublent le chat,
Laissant « Minet» derrière, voila, qu’elles sourient,
Et la radio me chante : que se disent-elles Sacha ?…
Disparaît la bécasse dans un froufroutement ailé…
Trouve son amie Pie, au bout d’une grande allée.
Lui conte les « mévoirs » de la taupe et notre pie ricane :
Je vois ce qu’il lui faut, c’est une paire de Ray-Ban !…
Le temps a passé à lire plein d’ouvrages,
Tentant de comprendre le mystère humain,
Le temps a passé, sous des pluies d’orages,
J’ai même appris à travailler de mes mains
A nous, moutons, d’un troupeau désormais repus,
Ivre de clameurs, saturés d’images et de ces « à buts » …
Nous reste-il une page où écrire quelques pans de vraie vie,
Faisant la part des « Une » entre sciences et avis ?…
Boue des ornières, tranchées en terre, rien n’est plus droit
Nuit en plein air, ciel sans lumière, dort sans ses draps…
Roulement de tonnerre, cri des guerrières, signes de croix ;
Ombres fantoches, pluie meurtrière, mains pleines de gras…
« Le ciel bleu, sur nous, peut s’effondrer… »
Projets, jouets, réalisés par petites mains,
Assemblages patients, pour encore mieux rêver,
La vie des grands, remise aux lendemains…
Nous ne sommes pas égaux au départ de la vie,
Car ce qui circonstancie la naissance :
Ancêtres, parents, fortune, santé, pays,
Rien de tout cela, n’égalise les chances.
Vous espérez peut être, à l’heure de la cassure,
Garder l’intégrité de tous vos fins talents,
Nourri de cette idée qui, tant, vous rassure ;
Déchantez car, comme l’or, n’en n’aurez nul talent …
Je pénètre dans le cirque, pour le triomphe final …
S’enfle, dans les gradins, clameur de bacchanale…
En lice, les tribuns d’hier, sont entourés de fauves…
Et c’est mon pouce levé qui, de mort, les sauve !…
J’admire toujours les vrais artistes,
Ceux que l’on ne flagorne pas,
Les vrais, les purs, les fantaisistes,
Qui s’foutent pas mal du « qu’en dira »
L’intelligence humaine ne connaît de limite,
Dans ses entreprises, l’ineffable arrogance,
Pousse hors du temps, l’incongruité des mythes
L’homme moderne ne croit qu’aux seules sciences !…
Alors, Toi, notre chère Patrie, Toi notre Mère courage,
Rassemble tes forces vives et laisse tomber ta rage,
Oublie ces mornes passions, ces vœux d’hégémonie,
Pour suivre, confiante et solidaire, tes bienveillants génies !
L’homme qui rit, allège nos existences,
Nous, montre le chemin qui conduit à la Paix …
L’homme qui rit a pris une telle avance,
Qu’il borde nos précipices d’un fort parapet …
Le ruban granuleux, toujours plus loin, détale,
Sa perpendiculaire sous les arches fuyantes,
Se fond dans des nimbes aux reflets de métal,
Tel un feu aux naseaux, qu’allume Rossinante…
Farfadet
... à l'Automne...