Pièce de Théâtre de Gabor Rassov, présenté les 30 et 31 janvier 2016, à la salle des associations de Dissay (86130), par la troupe du Clos Belhoir.
Un sujet tragi-comique bien dans l'esprit de notre temps où, usagers sans frontières, nous sommes des consommateurs impénitents de toutes sortes de produits inertes ou vivants et là, en l’occurrence, le vivant tient à la présence programmée d'êtres humains...
Consommer des amis comme on consomme les aliments et autres nécessités tenant à la vie domestique du train train quotidien, achetés au super-marché... en voilà une trouvaille innovante et géniale !
Eh bien oui, nous avons vu cela, magistralement présenté sur scène ; une vision d'avenir qui fait rire puis grincer mais qui effraie surtout lorsqu'on mesure la portée d'une telle initiative... Avoir des amis en « conserve » à fond de placard !... Après avoir vu cela, on reste abasourdi par tant d'inhumanité révélée, un possible détestable, ici, potentiellement engagé...
Bien sûr, il s'agit encore d'une fiction mais... mais... mais... bien de sinistres vérités sont énoncées dans cette pièce par la bouche des acteurs pris à ce jeu sordide de la présence d'amis disponibles à la demande, au gré de ses envies et autres fantaisies du moment.
Un couple de ces bourgeois « épais et médiocres » s’emmerdant copieusement, à longueur de soirée, pour palier à leur ennui redondant, s'offre, par le biais d'une agence spécialisée, un couple d'amis à stocker dans leur placard, homme et femme qu'ils ont trouvé sur catalogue, suite à une annonce passée dans un magazine de grande diffusion...
Imaginez un peu la situation… que peut-il en advenir ? Jusqu'à quelle extrémité de l’inacceptable, de l'inconcevable cela peut conduire ?
Je ne vous le conterai pas ; pour cela, il faut aller voir la pièce et suivant votre impression et les émotions suscitées, en tirer vous mêmes les conclusions, les leçons à en tirer...
S'agissant de la prestation de la sympathique et pétillante troupe du Clos Belhoir de Dissay, j'en salue la performance à la fois théâtrale et humaine. Pas de sur-jeu mais un plaisir à interpréter avec justesse, chaque personnage de cette étonnante galerie… de l'émotion, de l'entrain pour l'outrecuidance, pas de fioriture autour de phrases chocs usant d'un vocable accessible à travers des dialogues aussi pertinents qu'incongrus à la logique décalée, qui dérangent nos façon de juger, ébranlent nos certitudes, nous faisant revisiter les codes moraux en vigueur jusqu'à ce jour. Codes d'une éthique en passe d'être profondément chahutés à l'avenir, si nous poursuivons, sans les refréner, toutes les menées de nos égoïsmes exacerbés par les mœurs les plus associables de notre temps présent.
Hier soir, autour du repas familial, nous avons pas mal reparlé de cette pièce avec nos grands enfants… Amélie, ayant investi la fonction de metteur en scène, à partir de nos échanges, il fut extrêmement savoureux de goûter à toutes les subtilités que recèle cette composition cinglante : un texte aux mots simples mais percutants, un jeu des personnages aux situations qui, plus que cocasses, sont féroces, lourdement conséquentes et débouchent à chaque fois sur l’innommable. En rire est la moindre des réactions que l'on puisse produire - il y en eut beaucoup - s'en alarmer et s’offusquer, semble correspondre à une attitude plus juste, surtout quand on découvre qu'il n'y a plus de place pour le rêve et encore moins pour penser... un bel effet miroir des chemins régressifs et abêtissants que nous font prendre les pratiques, les addictions et les attentes en vigueur à ce début du XXIe siècle.
En fait, on ne ressort pas de là intact, ravi d'avoir assisté à un bon spectacle... une volée de points d'interrogations nous poursuit, et c'est fort bien...
Merci à la troupe du Clos Belhoir, aux acteurs persuasifs, à notre fille Amélie pour sa mise en scène épurée et soignée, à l'auteur opportuniste et visionnaire en diable... et aux machinistes, éclairagistes et bruiteurs qui ont judicieusement servi cette prestation.
C'est du bon théâtre contemporain !...
Des amis, pour nous distraire, pour qu'ils nous flattent, nous servent de boucs-émissaires, subissent nos quolibets, encaissent nos remarques acides, répondent dans l'instant à tous nos caprices et se jettent comme de la marchandise périmée quand nous ne voulons plus d'eux... des amis toujours disponibles à ranger au fond d'un placard ...
"Les Enfants du marais" un hymne à l'Amitié... - Le Mirebalais Indépendant
Hier soir sur FR2 était diffusé ce film de Jean Becker sorti en 1999 que nous n'avons pas manqué de regarder avec grand intérêt, cela étant au moins la 5ème fois... Mais, qu'a-t-il donc de s...
http://www.mirebalais.net/2015/05/les-enfants-du-marais-un-hymne-a-l-amitie.html
Voilà qui s'oppose parfaitement à ce sujet calamiteux ...