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Le Mirebalais Indépendant

La Vie d'ici et d'ailleurs - Patrimoine : d'hier à aujourd'hui, un monde riche de son passé, a forcément un Avenir ...

Publié le par FARFADET 86
Publié dans : #D'Hier - d'Ici et d'Ailleurs ..., #Patrimoine

Une grande page de l'Histoire se rapportant à notre cité mirebalaise... en 1202, sous les règnes de Philippe Auguste roi de France et de Jean-sans-terre, roi d'Angleterre, duc de Normandie et comte du Poitou et, à ce titre, vassal du roi de France, le guerroiement ne cesse pratiquement jamais entre ces deux monarques..

On comprend mieux la situation quand on se penche sur le découpage de leurs territoires respectifs sur le continent. Les possessions anglaises sur le royaume de France sont importantes regroupant la Normandie, l'Anjou et l'Aquitaine. Les terres du roi Philippe Auguste, à l'Est, sont exsangues et ont trop peu de débouché sur la mer ce qui incite le roi de France à vouloir étendre son influence à l'Ouest et au Sud entrant alors en conflit avec le roi d'Angleterre... Cela s'était déjà manifesté avec Richard Cœur de Lion frère aîné de Jean sans Terre mais ne s’était soldé par aucune nouvelle acquisition territoriale sinon quelques citadelles au seuil de la Normandie.

Été 1202... Aliénor d'Aquitaine à Mirebeau...

A ce début du XIIIsiècle, Philippe Auguste roi impétueux mais aussi pragmatique est dans sa 37ème année... s'il s'aventure dans des guerres contre son rival anglais ce n'est pas sans prendre conseil auprès de ses barons et sans s'assurer de la fidélité de ses alliés et de ceux qu'il sollicite pour l'ost. En Normandie, il a réussi à obtenir le château de Gisors, une place forte à partir de laquelle il peut progresser vers l'intérieur de ce grand duché qu'il envisage bien de prendre en totalité à Jean-sans-terre... S'étant assuré du ralliement à sa cause de la part du jeune Duc de Bretagne Arthur, l'ayant fiancé à l'une de ses filles, Marie, issue du mariage avec Agnès de Méranie, il l'équipe d'une troupe de 200 cavaliers émérites et de contingents féodaux venus du Berry et de la Bourgogne, lui désignant pour mentor Hugues de Châtellerault, afin d'envahir l'Anjou et le Poitou.

Nous sommes à l’Été 1202, tandis que le jeune comte Arthur chevauche en Touraine, Philippe, en Normandie que Jean-sans-terre renonce à défendre, s'empare des villes de Lyons-la-Forêt, d'Eu et de Gournay.

De son côté Arthur s'est emparé de Loudun. C'est alors que la vieille reine mère, Aliénor d'Aquitaine, âgée de 80 ans, se sentant en danger à l'abbaye de Fontevraud, se met en route pour atteindre Poitiers. Elle n'a pas le temps d'y parvenir et se réfugie au château de Mirebeau bientôt assiégé par les troupes d'Arthur, lequel est aussi son petit-fils... A ce siège entamé le 15 Juillet, le jeune Duc de Bretagne s’est d'abord emparé de la partie sud de la ville. Aliénor, refusant de capituler, s'est réfugiée dans le donjon (La Cuve d'Anjou). En femme habile et excellente stratége, elle place ses meilleurs soldats aux archères et renforce la défense des portes, ayant préalablement envoyé deux messagers vers ses soutiens les plus proches : Guillaume des Roches, Sénéchal d'Anjou qui, à ce moment, est à Chinon et son fils, le roi Jean-sans-terre, dont les troupes campent dans la région du Mans.

Guillaume des Roches louvoyant entre Capétien et Plantagenêt s'était engagé à rester neutre dans ce conflit et l'avait juré sur sa foi à son suzerain, le roi d'Angleterre, lequel s'engageait à respecter la vie de son neveu Arthur et des barons qui tenaient le siège à Mirebeau.

C'est à marche forcée, en moins de 36 heures que, des environs du Mans, Jean-sans-terre, alors dans une de ses période de grande fébrilité, avec son armée, parvient aux abords de Mirebeau, à l'aube du 1er Août...

Ce matin là, Arthur et ses compagnons vaquent à leurs occupations sans avoir à redouter le moindre danger. En effet, si Aliénor et ses soldats sont retenus dans le donjon, Arthur a, lui, clos toutes le portes de la ville pour qu'aucun assiégé ne s'en échappe ; toutes... sauf une, pour permettre aux troupes du jeune duc de fourrager dans la campagne environnante. Belle imprudence !... A ce moment, un des principaux capitaines d'Arthur, Geoffroi de Lusignan vient de se mettre à table et s'apprête à déguster deux pigeons rôtis… c'est alors que des guetteurs postés sur les murs de la cité ont repéré une armée importante en approche, bannières déployées à la vue desquelles, ils ont reconnu l'ost du roi d’Angleterre... En avisant le commandant de la place, celui-ci leur rétorque :

«  Par tous les saints du paradis, on ne m'empêchera pas de finir d'abord mon plat ! »

Geoffroy n'en n'a pas le temps, les troupes du roi s'engouffrent par la porte restée ouverte ; les assiègeants sont à leur tour assiégés et débordés.  Arthur et ses 200 valeureux cavaliers « sont pris comme rats dans une tanière » racontera aussi Régine Pernoud. Le neveu est prisonnier de l'oncle et sa grand mère, Aliénor est délivrée...

Pas de quartier ... beaucoup d'hommes de troupe périrent sous les coups furieux des soldats anglais et du déchaînement de leur prince excité qui ne tint nullement parole  et fait fi de ses engagements pris en présence de Guillaume des Roches quelques jours auparavant, massacrant nombre de jeunes seigneurs de hauts rangs et faisant prisonnier son neveu Arthur de Bretagne ainsi que ses plus fidèles lieutenants : Geoffroy de Lusignan, Hugues le Brun , comte de la Marche, son frère André de Chauvigny, le vicomte de Châtellerault, le seigneur de Mauléon, Raymond de Thouars...

Apprenant la nouvelle du désastre de Mirebeau, Philippe Auguste lève le siège qu'il tenait devant Arques en pays de Caux et, avec son armée, se précipite vers le Poitou mais s'arrête sur les bords de Loire où il saccage Tours avant de retourner à Paris. Ce n'est que 8 ans plus tard qu'il apprendra quel sort fut celui du jeune duc Arthur dont on dit qu'il fut égorgé par Jean-sans-terre, lui-même, alors en proie à une crise de démence conséquente d'une nuit d'ivresse et de débauche.

On apprend aussi que, poursuivi par le roi de France, le voulant assigner à comparaître devant sa cour pour rendre allégeance et répondre des accusations de maltraitances outrancières envers les seigneurs qu'il détenait en prison, Jean-sans-terre, en 1208, s'était, à son tour, réfugié au château de Mirebeau. C'est alors que l'intervention impromptue du pape Innocent III, a permis la signature d'une trêve de 5 ans.

C'est la famille de Blason, chassée après le soulèvement de Guillaume de Blason contre l'autorité du comte d'Anjou, Geoffroy le Bel, en 1129, qui est réintroduite par Philippe Auguste à cette place. Thibaud de Blason II, devient seigneur de Mirebeau de 1204 à 1229 et deviendra Sénéchal du Poitou en 1225.

Aliénor d'Aquitaine, étant retournée à Fontevraud dès l’automne 1202, meurt à Poitiers, à l'âge de 82 ans, le 31 Mars 1204, ayant appris, quelques jours plus tôt, la prise de Château Gaillard en Normandie, par le roi de France, Philippe Auguste. Inhumée à Fontevraud, on peut toujours voir son gisant au côté de celui de son époux Henri II Plantagenêt.

Été 1202... Aliénor d'Aquitaine à Mirebeau...
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F
Lecture enrichissante, en ce qui me concerne. Merci !<br /> FP
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M
quel bel éducateur tu fais !<br /> amitié .
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FARFADET 86
Sexe : Homme
À propos : Retraités à Mirebeau* (Vienne), depuis janvier 2005, avec mon épouse, nous étions accompagnateurs de personnes handicapées mentales, ceci pendant 40 ans, dans un Foyer de Vie, en Haute Normandie.

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